66.
Quelque chose me gêne dans le verbe « punir ». Peut-on l'utiliser sans avoir l'air de cautionner — ne serait-ce qu'un tout petit peu, par connotation — l'acte dont il est question ? Si je dis par exemple que des religieux fanatiques ont « puni » une personne pour homosexualité… je ne sais pas. Le Larousse reste flou à ce sujet. Le Wiktionnaire parle de « sens étendu » quand il s'agit de rendre le mal pour le bien.
67.
Le mot « catharsis » a des sens originaux plus spécifiques que celui utilisé habituellement. Mais comme il n'y a pas de mot au registre soutenu pour désigner le « défouloir », l'extériorisation de sentiments négatifs (ce que l'on recherche par exemple quand on écoute un disque de musique aggressive à fond ou qu'on casse quelque chose pour évacuer son mal-être), tout le monde l'utilise dans un sens plus large. Encore plus en anglais, ou il n'y a même pas à ma connaissance d'équivalent pour « défouloir » !
68.
L'haüyne est une sorte de pierre bleue, nommée en l'honneur du minéralogiste René Just Haüy.
69.
« Troussepinette » est le nom d'un apéritif vendéen, soit un vin aromatisé avec des branches, pousses ou épines de prunellier.
70.
« Jarnicoton ! » est un juron cocasse qui a une histoire amusante — d'après Wikipédia : « Henri IV avait la mauvaise habitude de dire jarnidieu (“je renie Dieu”) ; le père Coton, son confesseur, l’en reprit, lui faisant remarquer que c’était indécent dans la bouche d’un roi chrétien. Comme le roi s’en excusait en disant qu’il n’y avait pas de mot qui lui fut plus familier que le nom de Dieu, excepté peut-être celui du père Coton : “Eh bien ! Sire,” repartit le religieux, “dites : jarnicoton !” »
71.
L'adjectif « macaronique » désigne une écriture garnie de faux latin, soit par exemple des mots français affublés de terminaisons en -um, -us, etc. On parle aussi de « latin de cuisine » (il y a une différence subtile entre les deux mais je l'ai oubliée). À noter que “macaronic language” existe aussi en anglais, mais a un sens différent : il s'agit alors de langues mélangées, volontiers avec des jeux de mots ou autres.
72.
Le mot “kamelåså”, qui n'a aucun sens, fut créé pour un sketch humoristique sur les Danois qui ne se comprennent pas entre eux à cause de leur langue peu intelligible. Depuis, le mot est devenu très célèbre. Comme le “kamoulox” de Kad et Olivier chez nous.
73.
Une recette de cocktail notée de façon minimaliste peut n'appartenir à une langue en particulier. (Exemple : “Godfather : 6 cl whisky, 2 cl amaretto”.) Les nombres et unités sont internationales, les noms des alcools et de la recette même ne sont pas traduits.
Il y a sans doute des textes bien plus longs qui pourraient se lire dans plusieurs langues ? Des écrivains de l'Oulipo ont utilisé cela comme contrainte, soit un même texte qui puisse se lire dans deux langues différentes — mais sans que le sens soit nécessairement le même. Ce qui pourrait être plus impressionnant encore… sauf que les deux exemples que j'ai lus n'avaient aucun sens, ni en français ni en anglais — dommage.
Quant à avoir le même effet à l'oral… c'est peut-être possible approximativement ? Mais ça doit être encore plus difficile !
74.
Il existe un sport (ou un jeu) qui ressemble à du golf, mais avec des frisbees à la place des balles. Ça s'appelle le frolf. (Ou “disc golf”, mais ne pas utiliser le mot “frolf” alors qu'on l'a à sa disposition, c'est un gâchis inexcusable.)
75.
Pour une langue qui a la réputation d'être claire et précise*, il est étonnant — mais en fait très logique — de voir qu'elle a un pronom défini par l'indéfini : « on ». Il y a bien un pronom indéfini en anglais par exemple, “one”, mais il est nettement moins usité. Sauf chez Virginia Woolf. J'aime bien Virginia Woolf. Elle a raison d'utiliser “one”.
* Cf. par exemple “La beauté de la langue française” de Gabriel de Broglie : « L’espagnol est considéré comme une langue noble, l’italien comme une langue harmonieuse, l’allemand comme une langue précise, l’anglais comme une langue naturelle et pour le français on met généralement en avant la qualité de la clarté. » (À vous de voir si vous êtes d'accord, c'est pas moi qui le dis.)
76.
Un bréphophage, c'est quelqu'un qui mange des bébés.
77.
L'eigengrau (soit : le gris qui nous est propre) désigne la couleur gris foncé que les yeux humains voient dans le noir complet. On peut voir plus noir que cela, avec du contraste !
78.
Le mot “biweekly” en anglais britannique est ambigu, car il peut signifier « toutes les deux semaines » ou « deux fois par semaine ». C'est peu pratique. (Et même quand il n'y a pas d'ambiguité en vrai, je confonds souvent « bimensuel » et « bimestriel » ainsi que les autres cas du même genre… il faut toujours que je vérifie.)
79.
« Un de mes élèves avait écrit “libellule” avec quatre “l”. Je lui ai demandé pourquoi. Il m'a simplement répondu “bah, sinon elle peut pas bien voler la libellule ! » Source : https://bande-de-dechets.blogspot.fr/2018/03/mauvaise-en-orthographe-et-alors.html. … (Mais hé, il y a bien quatre “l” dans “libellule” ?)
80.
Et puis, bien plus divertissant et intéressant que ce post, je vous renvoie à la nouvelle série de posts sur l'étymologie en BD de http://boutanox.blogspot.com ! Où l'on apprend entre autres l'étymologie du mot « mot ».
Quelque chose me gêne dans le verbe « punir ». Peut-on l'utiliser sans avoir l'air de cautionner — ne serait-ce qu'un tout petit peu, par connotation — l'acte dont il est question ? Si je dis par exemple que des religieux fanatiques ont « puni » une personne pour homosexualité… je ne sais pas. Le Larousse reste flou à ce sujet. Le Wiktionnaire parle de « sens étendu » quand il s'agit de rendre le mal pour le bien.
67.
Le mot « catharsis » a des sens originaux plus spécifiques que celui utilisé habituellement. Mais comme il n'y a pas de mot au registre soutenu pour désigner le « défouloir », l'extériorisation de sentiments négatifs (ce que l'on recherche par exemple quand on écoute un disque de musique aggressive à fond ou qu'on casse quelque chose pour évacuer son mal-être), tout le monde l'utilise dans un sens plus large. Encore plus en anglais, ou il n'y a même pas à ma connaissance d'équivalent pour « défouloir » !
68.
L'haüyne est une sorte de pierre bleue, nommée en l'honneur du minéralogiste René Just Haüy.
69.
« Troussepinette » est le nom d'un apéritif vendéen, soit un vin aromatisé avec des branches, pousses ou épines de prunellier.
70.
« Jarnicoton ! » est un juron cocasse qui a une histoire amusante — d'après Wikipédia : « Henri IV avait la mauvaise habitude de dire jarnidieu (“je renie Dieu”) ; le père Coton, son confesseur, l’en reprit, lui faisant remarquer que c’était indécent dans la bouche d’un roi chrétien. Comme le roi s’en excusait en disant qu’il n’y avait pas de mot qui lui fut plus familier que le nom de Dieu, excepté peut-être celui du père Coton : “Eh bien ! Sire,” repartit le religieux, “dites : jarnicoton !” »
71.
L'adjectif « macaronique » désigne une écriture garnie de faux latin, soit par exemple des mots français affublés de terminaisons en -um, -us, etc. On parle aussi de « latin de cuisine » (il y a une différence subtile entre les deux mais je l'ai oubliée). À noter que “macaronic language” existe aussi en anglais, mais a un sens différent : il s'agit alors de langues mélangées, volontiers avec des jeux de mots ou autres.
72.
Le mot “kamelåså”, qui n'a aucun sens, fut créé pour un sketch humoristique sur les Danois qui ne se comprennent pas entre eux à cause de leur langue peu intelligible. Depuis, le mot est devenu très célèbre. Comme le “kamoulox” de Kad et Olivier chez nous.
73.
Une recette de cocktail notée de façon minimaliste peut n'appartenir à une langue en particulier. (Exemple : “Godfather : 6 cl whisky, 2 cl amaretto”.) Les nombres et unités sont internationales, les noms des alcools et de la recette même ne sont pas traduits.
Il y a sans doute des textes bien plus longs qui pourraient se lire dans plusieurs langues ? Des écrivains de l'Oulipo ont utilisé cela comme contrainte, soit un même texte qui puisse se lire dans deux langues différentes — mais sans que le sens soit nécessairement le même. Ce qui pourrait être plus impressionnant encore… sauf que les deux exemples que j'ai lus n'avaient aucun sens, ni en français ni en anglais — dommage.
Quant à avoir le même effet à l'oral… c'est peut-être possible approximativement ? Mais ça doit être encore plus difficile !
74.
Il existe un sport (ou un jeu) qui ressemble à du golf, mais avec des frisbees à la place des balles. Ça s'appelle le frolf. (Ou “disc golf”, mais ne pas utiliser le mot “frolf” alors qu'on l'a à sa disposition, c'est un gâchis inexcusable.)
75.
Pour une langue qui a la réputation d'être claire et précise*, il est étonnant — mais en fait très logique — de voir qu'elle a un pronom défini par l'indéfini : « on ». Il y a bien un pronom indéfini en anglais par exemple, “one”, mais il est nettement moins usité. Sauf chez Virginia Woolf. J'aime bien Virginia Woolf. Elle a raison d'utiliser “one”.
* Cf. par exemple “La beauté de la langue française” de Gabriel de Broglie : « L’espagnol est considéré comme une langue noble, l’italien comme une langue harmonieuse, l’allemand comme une langue précise, l’anglais comme une langue naturelle et pour le français on met généralement en avant la qualité de la clarté. » (À vous de voir si vous êtes d'accord, c'est pas moi qui le dis.)
76.
Un bréphophage, c'est quelqu'un qui mange des bébés.
77.
L'eigengrau (soit : le gris qui nous est propre) désigne la couleur gris foncé que les yeux humains voient dans le noir complet. On peut voir plus noir que cela, avec du contraste !
78.
Le mot “biweekly” en anglais britannique est ambigu, car il peut signifier « toutes les deux semaines » ou « deux fois par semaine ». C'est peu pratique. (Et même quand il n'y a pas d'ambiguité en vrai, je confonds souvent « bimensuel » et « bimestriel » ainsi que les autres cas du même genre… il faut toujours que je vérifie.)
79.
« Un de mes élèves avait écrit “libellule” avec quatre “l”. Je lui ai demandé pourquoi. Il m'a simplement répondu “bah, sinon elle peut pas bien voler la libellule ! » Source : https://bande-de-dechets.blogspot.fr/2018/03/mauvaise-en-orthographe-et-alors.html. … (Mais hé, il y a bien quatre “l” dans “libellule” ?)
80.
Et puis, bien plus divertissant et intéressant que ce post, je vous renvoie à la nouvelle série de posts sur l'étymologie en BD de http://boutanox.blogspot.com ! Où l'on apprend entre autres l'étymologie du mot « mot ».
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