lundi 29 décembre 2014

Grande Multi-Aventure Textuelle Interactive Sans Titre n° 1


Salut ! Vous avez envie de vivre une aventure ? Ça tombe bien, je viens de finir de bricoler une histoire interactive ! Brouillonne et humoristique, avec plein d'événements improbables, de jeux de mots nazes, d'héroïsme douteux, de lancers de dés et de foutages de gueule.

Si ça vous tente, cliquez ici : aventure1.html
(Si jamais ça ne fonctionne pas, il y a un miroir sur mon ancien site ici.)

vendredi 26 décembre 2014

Résolutions du vingt-six décembre

… parce que les prendre maintenant ou à nouvel an, au final, ça ne fait pas une grande différence.


(Et oui, c'est plus un prétexte pour écrire des trucs de plein de manières différentes qu'une vraie liste de résolutions. Même s'il y en a aussi dans le lot.) Joyeuses fêtes si vous lisez ça pendant les fêtes, sinon joyeux autre moment !

mardi 23 décembre 2014

♪ 28 : la profondeur des spirales hexadécimales du firmament sous une lune carrée

Main est un projet mené par deux anciens membres de Loop, un groupe de space rock/shoegaze. Un petit peu comme Seefeel ou Bowery Electric à la même époque, ils ont laissé tomber le rock pour s'aventurer vers les musiques électroniques — mais eux ont gardé leurs guitares, pour en faire de l'ambient.

J'ai écouté Firmament II après qu'un rédacteur de The Quietus l'a comparé à Selected Ambient Works Volume II d'Aphex Twin. Le style est différent, je ne pense pas que j'aurais fait la comparaison moi-même ; en fait, ça se rapproche nettement plus de Nocturnal Emissions, je trouve. Firmament II est composé de deux pistes sans vrais titres, elles-mêmes composées de multiples fragments ; le fait que les sons soient tirés de guitares (tous les sons, ou seulement une partie ?) donne un son assez chaud, qui contraste avec l'étrangeté des compositions, ces boucles qui tournent et ces changements qui donnent l'impression de se perdre dans un environnement abstrait, toujours dans les mêmes teintes mais en évolution perpétuelle.

J'ai voulu en écouter plus. Firmament I est un EP dans le même style, très bon aussi. Motion Pool, quant à lui, se base sur le même principe mais offre une musique nettement plus rythmée, qui rappelle davantage les groupes dont je parlais au début (Seefeel et Bowery Electric) — à la croisée de l'ambient, du shoegaze, de la techno atmosphérique et du post-industriel. Je l'aime autant sinon plus. Je vais continuer d'explorer leur discographie, j'aime beaucoup ce qu'ils font.



There de Pouya Ehsaei : un album basé sur des échantillons de musique iranienne traditionnelle, modifiés de manière à « révéler la rage cachée derrière sa mélancolie ». Le concept est intéressant. La musique l'est aussi, mais ne ressemble pas du tout à ce qu'on aurait pu imaginer : en fait, c'est une sorte de Tim Hecker extrêmement nerveux que nous propose Pouya Ehsaei, une musique avant tout électronique et où les instruments traditionnels sont souvent quasi-méconnaissables. Les sons semblent parfois au bord de l'alarme, j'aurais du mal à expliquer pourquoi mais on est loin de l'ambient. D'ailleurs je compare à Tim Hecker, mais There me fait plus d'effet que les disques de Tim Hecker que j'ai pu écouter à part celui-là.

Pas grand chose à dire de plus, si ce n'est que je recommande vivement ce disque. C'est sorti chez Entr'acte.



Spiral Walls Containing Autumns of Light de Divine Styler est le premier disque de hip hop à m'avoir fait flipper comme ça. Et à me réjouir en même temps. C'est un disque fou, très expérimental et surtout très psychédélique.

Sur une piste, Divine Styler joue des dissonances, des cris, provoque un grand sentiment de malaise, et juste après, il se lance dans des grooves et rythmes carrément cool — une ambiance quelque part entre une piste de danse, un temple et une prison labyrinthique. On danse avec le vertige et on se laisse emporter sans savoir où l'on est, ni où on va tomber ensuite. Je ne crois pas avoir déjà entendu quelque chose qui ressemblait.

L'artiste a sorti un nouvel album tout récemment, Def Mask (seulement son quatrième depuis ses débuts en 1989) ; je n'ai pas pu l'écouter mais je le ferai dès que possible ! La pochette en jette pas mal en tout cas, beaucoup plus que celle de Spiral Walls… qui est un peu ridicule.



Thighpaulsandra est un artiste qui a travaillé avec Coil, Spiritualized, Cyclobe et Julian Cope. Il aime la musique expérimentale et semble n'avoir peur de s'attaquer à aucun style ; il est capable de très belles choses, mais a aussi un certain goût pour les excès et la provocation — voire le mauvais goût. Plutôt dans ses titres et ses pochettes que dans sa musique, heureusement !

L'EP Some Head est très bien pour découvrir. Sur “Black Nurse”, on part sur du quasi-ambient psychédélique bizarre, ça oscille lentement dans tous les sens — et alors qu'on s'attendrait à ce que tout le disque soit comme ça, un rythme apparaît et la musique se mute en une chanson aux accents un peu post-punk, un peu gothiques — chantée par Jhonn Balance, s'il vous plaît, mais avec une voix modifiée telle qu'on ne le reconnaît qu'à peine ! Puis on retourne faire des tours dans l'espace avec un rythme qui rappelle certaines pistes de Nurse with Wound, du piano et d'autres voix qui donnent au tout un aspect absurde. “Tudor Fruits” nous fait repartir pour un tour par d'autres endroits inattendus, avec des cuivres, du piano, des synthés qui font « vouiiiiii ! », des chœurs d'église, etc. Sur papier, ça ressemble à du grand n'importe quoi. Mais Thighpaulsandra prend sa musique très au sérieux et réussit à la faire fonctionner.

Si vous avez aimé et que vous en voulez davantage, vous pouvez attaquer I, Thighpaulsandra, un double album de deux heures et quart (avec une pochette d'un ridicule qui touche au fabuleux). Ce disque est aussi inclassable que Some Head, il y a une bonne petite dizaine de genres là-dedans, qui souvent n'apparaissent que sur une demi-piste — enfin, une demi-piste, en sachant que la moitié des pistes là-dedans font bien un quart d'heure. I, Thighpaulsandra regorge de bons moments et de bonnes idées, mais est difficile à appréhender parce qu'il n'a quasiment aucune cohésion, et vu sa longueur, s'il y a des parties que vous n'aimez pas, vous risquez de trouver l'album pénible et interminable (je n'aime pas trop le tout début et je zappe la dernière piste, personnellement). C'est un album que j'aime beaucoup mais que j'écoute rarement pour ces raisons.



J'ai réécouté un peu de Squarepusher aussi. Si Tom Jenkinson a créé de petites merveilles ici et là avec son drum'n'bass aux accents jazz (“Coopers World”, “Iambic 5 Poetry”, “Iambic 9 Poetry” sont parfaites), quand il se concentre sur les mélodies et donne un peu de groove à ses pistes en fait, il m'agace souvent quand il se met au drill'n'bass, à faire tourner en rond des beats rapides et aggressifs qui ne vont nulle part. Hard Normal Daddy serait nickel sans ces pistes-là. Go Plastic est bon, mais inégal et a un côté masturbatoire. Ultravisitor est bien, mais trop long. En fait, le seul disque de Squarepusher que j'aime vraiment du début à la fin, c'est aussi son plus atypique : Music Is Rotted One Note.

Music Is Rotted One Note est un album de jazz fusion, mais avec de l'IDM à la place du rock. Le terrain d'expérimentation est très vaste ; il y a toujours un petit côté « expérimentation pour l'expérimentation », mais chaque piste présente un résultat intéressant, que ce soit une mélodie cool, une interlude grinçante, un passage rythmique, tout colle ensemble. Instruments jazz et sons non électroniques sont à l'honneur et limitent le tempo par la même occasion, ce qui fait du bien ! L'album définit presque un nouveau microgenre à lui seul, et le comble en même temps. Un excellent disque.



À une époque, j'écoutais beaucoup Outkast. Aujourd'hui, le groupe est surtout connu pour leurs titres pop enjoués, mais à l'époque d'ATLiens et Aquemini, ils avaient souvent un son plus calme, des accents mélancoliques même… Ce type de son, avec ces instrumentaux aux tempos lents (même si le flow peut ne pas l'être du tout) et qui ont presque un côté ambient, fait partie des tendances que je préfère dans le genre ; c'est aussi ça qui fait que Labcabincalifornia de The Pharcyde est un de mes albums de hip hop préférés, et que j'adore DJ Krush. (Je balance ces points de comparaison comme ça, par rapport à ce que je connais, on peut sans doute en trouver des meilleurs.)

Là, Depth Perception de Spirit Agent, c'est un album entier de hip hop comme ça, avec une ambiance un peu mystique/exotique, bon son et bon flow tout le long, le même filtre est certes appliqué sur toutes les pistes mais ça reste de bon goût. “Some mad lyrical shit over Asian flutes and compressed comfy sounding beats”, dixit une personne anonyme, et je n'ai pas grand chose à rajouter. (Je ne peux pas vraiment parler des paroles, je ne les ai pas trouvées sur internet et j'ai du mal à les suivre.)



Julien M. avait parlé de 1/1, un album de Nils Petter Molvær et Moritz von Oswald, il y a quelque temps sur les réseaux sociaux. J'ai bien aimé ce disque, même si je l'écoute très peu souvent. Un long album, très lent, où des sons de cuivres chauds tombent au goutte-à-goutte le long d'une architecture techno froide…

J'ai voulu voir ce que faisait Nils Petter Molvær en solo, donc j'ai écouté un de ses albums, Baboon Moon. C'est du “nu jazz”, à savoir : on prend du jazz et on croise ça avec de l'ambient, des beats techno ou autres sons électroniques, une ou deux guitares rock… C'est peut-être le « mode facile » du jazz, mais j'aime beaucoup ce type de sons, à la fois très chauds, rythmés et variés, élégants et entraînants. L'artiste a commencé sa carrière chez ECM, si ça peut vous aider à situer le style. Je n'ai écouté que Baboon Moon pour le moment (je ne sais plus pourquoi c'est celui-là que j'ai pris — peut-être à cause du singe en couverture ?) mais je me pencherai sur les autres aussi.



Ujubasajuba de Kairon; IRSE! est un album de rock finlandais qui s'est fait connaître par une critique élogieuse sur Rate Your Music et s'est hissé très vite parmi les albums les mieux notés de l'année. Il était classé dans le rock psychédélique et le rock progressif au début, maintenant les gens disent shoegaze, space rock et post-rock — je crois qu'il y a un peu de tout ça là-dedans. (La critique originale parlait de post-rock brutal et revigoré — c'est pas faux, mais pensez plutôt à Grails qu'à Godspeed You! Black Emperor ou Tortoise !) Le son est psychédélique sans être flou ou bruitiste, c'est toujours rythmé et même heavy (tout ça fait que franchement, j'ai du mal à penser à du shoegaze), certaines parties instrumentales évoquent le prog moderne dans ce que je préfère…

En fait, je crois qu'un des éléments qui font le succès de cet album, c'est justement la manière qu'a le groupe d'incorporer des éléments de plusieurs genres, parfois en en changeant l'esprit. Et très honnêtement, peu importe dans quel genre on le classe, il me convainc largement. Ujubasajuba est disponible en téléchargement à prix libre sur Bandcamp (soit gratuitement si vous voulez), j'espère qu'ils vont sortir une version physique aussi parce que j'ai très envie de l'avoir dans ma collection !

P. S. La pochette est tirée d'une illustration d'un livre pour enfants suédois, une aventure d'Alfons Åberg.



Dernière découverte en date : TCF, projet musical de Lars Holdhus. Cet artiste norvégien semble fasciné par tout ce qui touche à l'encryption et au codage — ses œuvres visuelles, qu'on peut voir sur l'un de ses sites web, présentent souvent des lignes de code, de langage hexadécimal, des séquences ADN etc. superposés à des objets du quotidien, entre jolis arrangements floraux, câbles et notes écrites au stylo bic. Une sorte d'inventaire esthétisé de la « sphère des données » qui a de plus en plus d'influence sur le monde matériel ?

Les disques de TCF sont eux aussi des collages, une musique glitch/ambient techno qui combine plein de fragments épars, une sorte d'esthétique « maximaliste » qui recycle et combine plein de sons différents (plutôt dans l'air du temps donc). Je ne sais d'ailleurs pas si Holdhus crée ces sons, les remixe et/ou les compile. J'ai écouté un mix gratuit sur Soundcloud et un EP à la pochette bleue sorti chez Liberation Technologies. Les deux sont bons et présentent une musique atmosphérique qui vibre et tremble de partout, un flux d'informations sonores qui défile à toute vitesse sur un arrière-plan calme. Tous les titres sont de longues chaînes hexadécimales, impossibles à retenir et qui ne donnent rien quand on les passe dans un convertisseur classique… Y a-t-il plusieurs codes successifs à décrypter ? Y a-t-il seulement quelque chose derrière ? Allez savoir. TCF signifie The Contemporary Future et j'aime bien la musique qu'il sort, c'est tout ce que je peux vous dire.