mercredi 2 novembre 2011

Lectures (1) : Le pâle oiseau du temps gomme les fictions de Saturne

Dernièrement, j'ai lu :


ねじまき鳥クロニクル (Chroniques de l'Oiseau à Ressort), de Haruki Murakami. Un roman typique de l'auteur, avec un personnage un peu paumé qui décide de se laisser aller après avoir quitté son boulot (sur un coup de tête), qui rencontre des personnages à peine assez normaux pour être crédibles, et à qui il arrive des choses inhabituelles qui virent parfois au fantastique. J'ai eu l'impression que Murakami s'est surtout fait plaisir à écrire et à laisser courir son imagination ; d'ailleurs il y a beaucoup de pistes qui ne sont pas suivies jusqu'au bout, de personnages intrigants laissés de côté… Peu importe : il n'y a qu'une sous-histoire qui m'ait moins plu que les autres, sinon j'ai dévoré les 800 ou 900 pages. (Pour peu qu'on croie un peu au fantastique, ça donnerait envie de quitter son chez-soi sans se soucier du travail ou du reste…)



Pale Fire de Nabokov, c'est un peu l'inverse : un “roman” à la forme très inhabituelle, qui consiste en les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf premières lignes d'un poème autobiographique inachevé (écrit par un auteur fictif) qui aurait dû en compter mille, ainsi que d'une introduction et un commentaire particulièrement long et digressif (par un commentateur fictif). Le poème ne raconte qu'un fragment de l'histoire ; tout le reste se trouve dans les digressions du commentaire et entre les lignes. Le style d'écriture est du coup assez difficile à définir vu que Nabokov n'écrit jamais « lui-même » mais uniquement à travers — et par les travers — de l'un des deux personnages. En tout cas il y a énormément de choses cachées, des événements dramatiques, de l'humour, des personnages croqués de manière assez acerbe, une absence de moralité, de la satire du monde littéraire, peut-être (sans doute ?) même une satire politique… Je pense que je le relirai un de ces jours !



Les Anneaux de Saturne de Sebald (que j'ai lu en traduction anglaise : je ne parle pas assez bien allemand pour le lire en version originale, et l'anglais m'attirait plus que le français) est… je ne sais pas trop. Le livre n'est pas mauvais mais ne va nulle part, l'auteur ne fait que se remémorer divers épisodes historiques ou anecdotes qui n'ont que de vagues liens entre eux, avec des photos et images en guise d'illustrations (procédé que je n'aime pas beaucoup en général : ça entrave l'imagination). Je l'ai lu sans déplaisir, mais sans grand plaisir non plus.



Time’s Arrow de Martin Amis part d'une idée toute simple : un homme, après sa mort, perd tous les souvenirs liés à sa vie, mais se met à revivre son existence… à l'envers. Sans comprendre ce qui lui arrive. Ça donne lieu à plusieurs passages intéressants, parfois amusants, parfois glauques (conseil : ne lisez pas la quatrième de couverture — le dos du bouquin, avec la présentation — si vous ne voulez pas vous gâcher la surprise !). Pas mal, mais… difficile de ne pas avoir l'impression que le livre aurait pu être meilleur, aller encore plus loin. La fin notamment est quelconque et sans surprise. Et le fait que le narrateur ne comprenne jamais qu'il est en train de vivre une vie à l'envers, alors qu'il a gardé toutes les connaissances nécessaires au niveau de la langue, est difficilement crédible… Bref, une bonne idée de départ, mais peut-être pas aussi bien exploitée qu'elle aurait pu l'être.



J'ai nettement préféré les Fictions (Ficciones) de Borges : plusieurs récits là aussi basés sur des idées simples mais souvent brillantes. Des récits concis, marquants, et qui souvent arrivent en dix pages à faire plus d'effet que certains romans en cinq cents ; tout n'est pas du même niveau mais j'ai aimé la grande majorité, et j'en ai adoré quelques-unes. (Je continuerai avec L'Aleph bientôt !)



Enfin, Les Gommes d'Alain Robbe-Grillet : une histoire de meurtre dont on connaît la solution depuis le début, et qui finit en un twist prévisible…? L'idée aurait pu tenir en nettement moins de pages, j'ai l'impression que l'auteur amorçait quelque chose qui aurait pu devenir très intéressant mais laisse toutes les pistes stagner. À moins que j'aie raté quelque chose. J'ai peut-être raté quelque chose. Mais je ne vois pas quoi.

dimanche 19 juin 2011

Livre IV des préceptes d'Itayaxa, chapitre 32, ligne 67.

[…]

Quand, en empruntant la route de votre destin, vous croiserez une autre personne marchant – pédalant – skateboardant – hoverboardant (bref, se déplaçant) droit vers vous, et qu’une collision semblera inévitable, chacun d’entre vous se décalera vers la gauche en sautant et en tournoyant.

Cela vous évitera la situation gênante ou chacun, voulant laisser la place à l’autre, se décale dans la même direction, puis se rattrape en se décalant dans l’autre direction en même temps, et ainsi de suite, bloquant toujours le passage de l’autre.

Sans compter que sauter et tournoyer sur vous-mêmes pourra vous faire gagner des points si vous vous trouvez être en pleine compétition de skateboard ou de hoverboard.

[…]

samedi 15 janvier 2011

Jus de banane

L'autre jour, j'étais chez mes parents en train de jouer à la console, et j'ai voulu me servir un verre d'eau. J'ai voulu poser mon verre d'eau sur la petite table basse près du canapé et de la télé. Sauf que je n'avais pas vu qu'il y avait des journaux qui dépassaient allègrement de la surface de la table.


Bêtement, j'ai posé mon verre d'eau comme ceci :


Du coup, forcément :



Je mets sur pause, j'essuie le tapis, j'essuie le canapé, j'essuie le parquet du mieux que je peux, et je me dis « Bon, ça aurait pu être pire, j'aurais pu me servir un verre de jus de banane — ça, ça aurait été pénible à nettoyer. »











Je ne pense pas que j'aie besoin de vous dire ce que j'ai fait juste une heure après, sans avoir déplacé les journaux, quand j'ai eu envie de jus de banane.