samedi 17 septembre 2005

Le café de la machine


C’est l’un de ces trucs que je n’apprécie qu’en contexte.

D’habitude, je ne bois que du thé — noir* très corsé le matin, quand tout mon corps fonctionne en pilotage automatique mal calibré et que je n’ai que foutre de la subtilité ; vert japonais, vert chinois ou pu er dans la journée, selon mes envies, enfin, quand je suis chez moi et que j’ai le temps ; oolong le soir parce que ça contient moins de théine et parce que j’ai l’habitude. Je n’irai pas jusqu’à dire que je m’y connais parfaitement en thé, mais disons que j’apprécie. Assez pour en acheter des chers de temps à autre.

J’aime bien manger et bien boire en général ; faire la cuisine de temps en temps, acheter des produits plus chers mais meilleurs quitte à en acheter moins, en essayer certains que je ne connais pas… sauter un repas ne me dérange pas, mais je fais attention à ce que je mange.

Par contre, je n’ai aucun goût en matière de café. J’aime l’odeur du café mais je n’aime pas son acidité, sa longueur en bouche non plus, et je n’en bois jamais, sauf occasions particulières. L’une de ces occasions, c’est à la fac… Mon casse-croûte de midi à la fac, c’est un Balisto ou un Schoko-Reis, et un « mokaccino » ou café au lait à cinquante cents, et j’ai toujours bien aimé ça ! Ce « jus de chaussette » bien chaud et opaque, avec le sucre et la poudre brun foncé qui sédimentent au fond du gobelet en plastique**, mine de rien, ça me réchauffe, ça me réconforte, et comme les réveils avant huit-neuf heures me laissent toujours dans un état à moitié vaseux, je n’ai rien à y reprocher. C’est presque comme si je me réfugiais dans mon gobelet, avant d’aller bouquiner un peu durant cette heure de trou que je préfère passer tranquillement, avec ma dose de sucre et de littérature, plutôt que d’expédier un « vrai » repas au lance-pierres.

Évidemment, ça fait genre aussi. Genre intello, genre études à la fac, genre « je fais comme les adultes au bureau » aussi. Mais ça fait partie du plaisir, ça aussi.

La seule fois où je n’ai pas aimé le café de la machine, c’est la fois où elle m’a servi un liquide jaune pâle non identifié, à moitié opaque, qui ne contenait manifestement pas de café. J’aime bien le café de la machine, mais faut pas exagérer quand même.



* ou rouge si vous préférez (à raison) l’appellation chinoise. Les Chinois n’appellent « thé noir » que le thé post-fermenté (genre pu er) et disent « thé rouge » pour ce que nous désignons comme « thé noir ».

** je n’ai appris que des années plus tard que la cafet’ proposait des touillettes.