mercredi 22 mai 2019

♪ 81 : L'écho des miaulements de la machine dénaturée

Nature Denatured and Found Again est une œuvre massive (quatre heures de musique), conceptuelle, expérimentale, et pourtant presque légère à l'écoute. Si vous aimez les sons de la nature et les musiques expérimentales minimalistes, je vous la conseille.

De 2011 à 2015 se déroula le projet flussaufwärtstreiben : cinq jours par an, six musiciens se promenèrent le long d'un affluent du Danube. Ils écoutèrent les sons environnants, chacun s'intallait à un endroit donné pour y jouer de son instrument ou un enregistrement donné. Ce qui forma le matériau de base de Nature Denatured and Found Again, quintuple album où chaque disque se base sur une année du projet et un concept, le tout se voulant (entre autres) une illustration des changements dans notre environnement.

C'est la nature qui tient le rôle principal ici, les instruments n'étant qu'un élément presque secondaire ; il y a même deux disques dont ils sont complètement absents. Mais le traitement des enregistrements, avec coupures, superpositions, juxtapositions, donne à chaque piste un caractère distinct. Plusieurs instruments utilisent aussi des drones ou autres ondes sinusoïdales, ce qui donne un aspect clinique / analytique. En fait, Nature Denatured and Found Again traite autant de notre environnement que de notre manière de l'écouter… Je vous conseille de suivre la musique avec le livret, qui explique le projet et chaque piste en détail ! Cerise sur le gâteau, toutes ces musiques peuvent s'écouter normalement ou simultanément, il y a plein de configurations possibles.




… Et pour continuer avec les mêmes artistes mais en intérieur :

Le collectif Wandelweiser (où l'on retrouve donc Michael Pisaro, Jürg Frey, Manfred Werder, Radu Malfatti et pas mal d'autres) est connu pour ses compositions expérimentales très minimalistes, avec beaucoup de silence, souvent conceptuelles. C'est du « réductionnisme », genre dont je n'ai entendu parler qu'étonnamment tard alors que ça fait des décennies que j'aime le lowercase ! Disons que c'est l'étape suivante après Morton Feldman et Jakob Ullmann (que j'aime beaucoup), et une alternative aux compositions numérotées de John Cage (auxquelles je n'accroche pas pour le moment).

Wandelweiser und so weiter est un gros coffret de six disques dans lequel j'aime bien piocher un peu au hasard, comme dans le méga-coffret Improvised Music from Japan. Drones, notes éparses, dissonances, silences, c'est souvent étonnamment simple tout en étant résolument inhabituel. Certaines pistes me laissent de marbre (“‘t’ aus ‘etwas (lied)’” par exemple, une des pistes les plus « foutage de gueule » de toute ma musicothèque… ce qui n'est pas peu dire). Mais beaucoup d'autres sont légères, intrigantes et très agréables. Undertows par exemple, le cinquième disque, est vraiment beau.

Vous pouvez aussi lire cet article signé Michael Pisaro, où il décrit un peu le collectif. Cet article du New Yorker (en anglais) en parle aussi (attention, le nombre de visites sur le site est limité).




Les scénarios d'effondrement de notre civilisation deviennent de plus en plus probables. Tous les rapports sur le changement climatique, les extinctions d'espèces sont plus alarmants les uns que les autres. Et parmi les humains, le ressentiment, la colère, le mépris et la haine semblent gagner partout, les protestations, l'extrême droite, l'autoritarisme. Honnêtement, aujourd'hui, se taper un bulletin d'informations c'est se faire du mal ; tout semble désespérant. Du coup j'écoute Drone Machines d'Author & Punisher. Plus d'une heure de drone metal industriel, massif, brutal, un son qui combine rage humaine et matière sonore insensible, implacable, qui écrase tout. C'est plus du médicament qu'une musique que j'aurai envie d'écouter souvent, mais dans le genre, ça le fait.

Demain, je regarderai un dessin animé à la Ghibli plutôt ! Si vous avez des recommandations, je prends.




L'EP électronique du mois, c'est Clarence Mews de Late Night Approach. C'est de l'electro (pour rappel : genre dérivé du hip hop, proto-techno à l'origine, avec souvent un son synthétique qui rappelle la science-fiction un peu rétro). Ça envoie carrément, tout dans les rythmes, aucun temps mort, et comme je ne sais pas décrire les rythmes et que tout le reste est « équilibré », je vais m'arrêter là.

Allez voir en passant les pochettes du label (Klakson), j'aime beaucoup l'idée — à chaque fois une photo en noir et blanc d'une scène de la vie quotidienne où le titre du disque est inclus « en vrai » !




Souvent, une esquisse est plus belle qu'un dessin fini. World of Echo d'Arthur Russell me fait un peu l'effet d'un disque entier d'esquisses ; rien ne s'y pose vraiment, tout ressemble à des débuts ou à des fins d'enregistrements plus classiques, des sons qui reviennent et disparaissent… C'est aussi comme un album acoustique minimaliste, mais avec des effets de réverbération ou de guitares saturées. Qui prennent ici des aspects dépouillés. Word of Echo est un album léger, sans vrai moment fort, mais qui marque. Je ne connais pas d'autres disques qui lui ressemblent vraiment.




La jolie pochette avec un album que je n'ai pas écouté à l'intérieur du mois :  苟且ラブ de 100回嘔吐. C'est de la J-pop au Vocaloid, l'artiste qui a fait le dessin s'appelle kumamiso. J'avais pas envie d'écouter de la J-pop au Vocaloid, du coup j'ai écouté Paul's Boutique des Beastie Boys plutôt. C'était bien !

vendredi 10 mai 2019

Rêves 46, 47 et 48

Utilisations inhabituelles d'aliments dans mes rêves :


Avoir un orgasme en posant les phalanges de ses trois mains sur du marc de café chaud.



Construire un igloo en pâte de gâteau.



Voguer sur la rivière en utilisant un pain de seigle géant en guide de radeau.