jeudi 2 février 2012

test de jeu vidéo n° 32 : Dishonored


Guten Abend
les jeunes (et les autres),
je vais vous parler de l’un des jeux qui auront fait le plus parler d’eux en l’an de grâce MMXII.

Dishonored est un jeu d’infiltration avec de la magie… et/ou un first-person shooter/first-person slasher avec de la magie, selon la manière dont vous jouez. Vous incarnez Corvo Attano, garde du corps de l’impératrice Jessamine Kaldwin qui règle sur la ville de Dunwall dans l’île de Gristol rongée par la peste propagée par les rats qui crient “scriiiii!” et mordent les gens et les dévorent jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’impératrice (!!! attention je vais spoiler les cinq premières minutes du jeu !!!) se fait assassiner sous vos yeux ; manque de chance, c’est vous qu’on accuse, vu que le véritable assassin disparaît comme par magie. Vraiment par magie en fait. Et par coup monté aussi. Vous voilà donc vilipendé, en tôle, condamné à mort, et votre but est de vous échapper puis de déjouer une grande conspiration afin de laver votre honneur, rétablir vérité et justice à Dunwall… et accessoirement vous venger si vous le souhaitez.

Le gameplay emprunte des éléments à Thief, Bioshock et Deus Ex… surtout à Thief il paraît, mais je n’ai pas joué à Thief donc je ne peux pas vous dire. · · · · · L’univers est très dickensien ; Dunwall ressemble à une grande ville britannique au début du XXe siècle, les gens sont bourrus, usés par la mer et toutes sortes de malheurs, toute la technologie fonctionne à l’huile de baleine et les gens bouffent de l’anguille, de l’anguille en gelée, de l’anguille bouillie et de la tarte à l’anguille quand ils ne crèvent pas de la faim ou de la peste. Vous pouvez décider de vous intéresser à cet univers ou pas, en lisant des livres et/ou en utilisant le Cœur (artefact vous permettant d’en apprendre plus sur les vies et pensées des autres personnages) ; mais sachez qu’univers et scénario ne sont pas le point fort de Dishonored. Les textes d’ambiance, pas toujours très bien écrits, se limitent souvent à des descriptions de pêche à la baleine, d’industrie de la baleine et autres (malgré le logo Bethesda au début du jeu, on n’est pas dans Oblivion); quand au Cœur, j’ai arrêté de le consulter au bout d’un moment tellement ce qu’il racontait était glauque, déprimant et, au bout d’un moment, redondant. On pourra aussi reprocher aux gardes du jeu de répéter les mêmes phrases tout le temps, à la fin d’être franchement expédiée et de ne pas répondre à toutes les questions qu’on se pose… bref, niveau immersion, on a vu mieux. · · · · · Le design général et les musiques sont de très bonne facture par contre, ce qui n’est pas négligeable.

Ce qui fait toute la force de Dishonored, c’est la liberté dont vous jouissez pour accomplir les missions qui vous sont imposées. Comme je l’ai dit au début, vous pouvez infiltrer discrètement tous les lieux et finir le jeu sans être détecté ni tuer personne (pas même les boss !), ou bien vous la jouer “gros bourrin”, foncer dans le tas et buter tout le monde. Les niveaux sont vastes et complexes, regorgent de chemins possibles différents qui font que le gameplay ne paraît pas du tout linéaire. (Si vous décidez de ne tuer personne, il faudra un peu fouiller pour trouver des moyens d’arriver à vos fins sans passer par la lame ou la balle ; ça vaut le coup, et en cherchant vous pourrez aussi dénicher des objectifs secondaires.) · · · · · De plus, vous débloquez au fur et à mesure du jeu une panoplie de pouvoirs magiques (une dizaine de sorts environ est disponible) qui vous donnent plein de moyens différents d’arriver à vos fins ; vous pouvez vous téléporter plus ou moins loin, envoyer des hordes de rats sur vos ennemis, ralentir ou même arrêter le temps pendant quelques secondes, prendre possession d’animaux ou même d’humains..! Avec tous ces outils, le fait de s’en sortir donne très souvent l’impression d’avoir trouvé une solution par soi-même de manière ingénieuse, plutôt que d’avoir trouvé la solution à laquelle les développeurs avaient pensé — et ça, j’aime beaucoup.

On peut finir le jeu très vite si on prend la méthode bourrine, mais les perfectionnistes et collectionneurs de trophées en auront pour leur argent : trouver toutes les runes et tous les charmes (cachés dans des recoins différents des niveaux), débloquer tous les trophées, ça doit représenter un bon défi ! Comptez une petite dizaine d’heures pour finir le jeu en moyenne… mais vous pouvez diviser par 2 ou multiplier par 3 cette durée selon vos méthodes et votre méticulosité. (Je ne sais pas combien de temps j’ai mis personnellement vu que le jeu ne l’indique pas, je dirais bien une vingtaine, mais je joue particulièrement lentement aussi — et j’ai sauvegardé/échoué/recommencé/sauvegardé/échoué/recommencé… tout plein de fois parce que je suis une quiche en infiltration (même si les gardes ont une intelligence artificielle pas loin de la débilité totale, le level design demande de se creuser la tête par moments)).

Bref — Dishonored est un bon jeu. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un chef-d’œuvre, la faute notamment à l’univers et au scénario qui auraient mérité d’être plus développés (du coup ce jeu ne fera pas partie de ceux dont je me souviendrai avec émotion dans dix ans… en fait, ça peut être considéré comme un grand défaut : d'ici dix ans, j'aurai probablement complètement oublié Dishonored) ; de nombreux joueurs lui reprochent également une durée de vie trop faible (encore une fois, ce ne fut pas du tout mon cas mais je joue très lentement donc…), mais le gameplay et la liberté d’action de ce jeu sont assez remarquables. Et puis, les bons jeux d’infiltration, ce n’est pas si courant que ça.

Histoire de le comparer aux titres auxquels il a été comparé par d’autres, je dirais qu’il est moins bon que Bioshock mais meilleur que Deus Ex: Human Revolution.




(Note en passant : si vous voulez y jouer en anglais, il vous faudra acheter une version import. Mais il paraît que la VF est très correcte, voire meilleure au niveau de certaines voix.)