lundi 28 avril 2014

♪ 20 : la horde dormante des échos magiques des triples bruits

L’une des premières fois que j’ai vu le nom de Ken Ishii, c’était dans Rez : un jeu vidéo trippant, en 3D « fil de fer » psychédélique, où un avatar évolue dans des niveaux géométriques et tire sur « sélectionne » des bidules au rythme de beats électroniques. Un shoot’em up musical « synesthétique », beaucoup trop court mais marquant. Ken Ishii est aussi connu par le clip de son titre “Extra”, un vrai petit court métrage animé cyberpunk réalisé par Kôji Morimoto, l’un des animateurs d’Akira… Du coup, j’associe Ken Ishii à ce côté excitant de la culture japonaise, ces univers futuristes techno-fantastiques, plein d’énergie et tout. C’est une association très vague et limite arbitraire, j’en conviens ! Mais quand j’écoute cette musique, c’est à une course de vaisseaux spatiaux dans un univers bleu aseptisé plein d’écrans que je pense, ou à d’autres scènes du genre.

J’ai lu par la suite qu’Ishii s’inspirait beaucoup de la techno de Detroit, mais bon, je vous dis ça uniquement pour info et pour vous faire croire que je m’y connais. Je n’aurais jamais fait l’association par moi-même. Surtout parce que j’ai commencé à écouter Ken Ishii il y a dix ans, à une époque où je ne connaissais rien à l’histoire de la musique électronique, et aussi parce que j’ai bien écouté des trucs de Detroit techno mais encore trop peu pour pouvoir bien la reconnaître. (J’ai un disque de Carl Craig qui traîne sur mon disque dur depuis un moment, faudrait que je l’écoute un jour.)

Sleeping Madness est mon album préféré de Ken Ishii (je ne les ai pas tous écoutés, mais sur les trois ou quatre que j’ai entendus, c’est celui-là qui se démarque). C’est de la techno pas austère pour un sou, dansante et mélodique, avec plein de rythmes simultanés, des mélodies cool et des notes qu’on dirait élastiques.

P.S. Tiens, cette fois je vais vous rajouter quelques tags last.fm insolites associés aux artistes ! Sachez donc que sur last.fm, Ken Ishii est taggé “defies gravity”, “illogical combos”, “wirejapan”, “world cup noodles” et “you are welcome in poland” entre autres.
✧ extrait : “Enso Online” (Y’a DJ Spooky That Subliminal Kid sur cette piste en plus !)


J’aime beaucoup Herd of Instinct d’˙O˙Rang*. C’est un projet du bassiste et du batteur de Talk Talk (rien que ça, ça m’a donné envie d’écouter direct !), mais c’est assez différent de Talk Talk… Ou plutôt, le style de Spirit of Eden et de Laughing Stock n’est qu’une influence sur ce disque, qui est aussi influencé par la musique des Caraïbes et de l’Afrique subsaharienne, et dont les pistes résultent d’improvisations plutôt que de compositions. C’est très posé, mais même à la cinquième écoute, ce disque me surprend encore.

La première critique de l’album sur RYM décrit ce disque mieux que je ne pourrais le faire. La page Wikipédia en français sur le groupe est excellente aussi (étrangement bien plus fournie que celle en anglais). Du coup je m’arrête là et je vous renvoie là-bas si vous avez envie d’en savoir plus !

* Sur leur second album, le nom du groupe s’est orthographié .O.Rang plutôt que ˙O˙Rang. J’aurais bien aimé qu’ils sortent un troisième disque sous le nom :O Rang et un quatrième sous le nom O: Rang, mais il semble qu’ils aient arrêté, ce qui est fort dommage.

˙O˙Rang est taggé “fourth world musik”, “isolationism”, “musicians are cowards” (pourquoi ?), “stereoactive” et “tribal ambient pop”.

✧ extrait : “Orang” (c’est la première piste, ça signifie « homme » en malais)


L’album éponyme de Mendelson est… fort. Et très, très noir. Du rock français (je n’en écoute quasiment jamais) où les basses sont plus présentes que les guitares et où les mélodies cèdent la place aux atmosphères cauchemardesques, aux paroles presque toujours mi-parlées, mi-chuchotées. C’est un triple album, avec au centre une piste de 55 minutes, “Les Heures”, rumination anxieuse et dépressive, sans pudeur, sans espoir, le genre qui tient éveillé lors de certaines nuits blanches, à tourner comme ça en soi-même, en ses faiblesses et ses angoisses. Pas que les autres pistes soient plus gaies, d’ailleurs ! J’avais prévu d’y aller progressivement, d’écouter le premier disque uniquement avant de passer à la suite pour éviter l’overdose, mais au final je n’ai pas eu envie d’arrêter. Je connais peu d’albums aussi noirs, mais au niveau du son, ce disque « respire » assez pour ne pas être insoutenable.

J’ai lu trois ou quatre critiques au sujet de Mendelson ; toutes sont en français, toutes sont très positives, deux le comparent au Pornography de The Cure ou à L’Imprudence de Bashung. Je ne peux ni nier ni confirmer, vu que le seul disque de The Cure que je me rappelle avoir écouté, c’est Seventeen Seconds, et que le seul disque de Bashung que j’ai écouté, c’est Fantaisie Militaire. Mais dans un entretien, Pascal Bouaziz dit que le seul groupe qui l’ait véritablement remué au cours de l’enregistrement de son album, c’était Swans. Ça m’a fait sourire, parce que même si je n’irai pas jusqu’à comparer le son des deux groupes, je m’y attendais un peu !

Et comme avec beaucoup de disques déprimants, (dont Soundtracks for the Blind,) je ne pense pas écouter Mendelson très souvent. Mais j’ai la conviction que quand j’y reviendrai, il m’impressionnera de nouveau.

Tags last.fm associés : “depressive music”, “movie”, “spleen” (et un troll a rajouté “rire et chanson” aussi).

✧ extrait : “D’Un Coup” (c’est la plus classique de l’album… mais elle est très bien aussi)


Dangerous Magical Noise des Dirtbombs est excellent et je ne sais vraiment pas pourquoi je n’ai pas écouté ce disque auparavant. C’est du garage punk avec des influences soul, des mélodies pop et un son qui sature tout le temps, c’est une bombe d’énergie et de groove. Meilleur qu’Ultraglide in Black (leur album le plus populaire, composé de reprises garage punk de titres soul) ? Je ne sais pas trop, mais en tout cas j’adore !

Le dernier disque du groupe en date est un « exercice de style », comme ils en ont déjà fait plusieurs fois : un album de bubblegum pop intitulé Ooey Gooey Chewy Ka-Blooey!. Pas encore essayé, la fois précédente c’était des reprises garage punk de Detroit techno, j’avais beaucoup aimé l’idée mais j’en étais un peu revenu après quelques écoutes. Pour le moment je préfère me repasser Ultraglide in Black et Dangerous Magical Noise.

Tags last.fm : “american rocktasticness”, “black rock” (… dans quel sens ?), “ghetto recorders”, “texas punk” (euh, non, ils viennent de Detroit).
✧ extrait : “Start the Party”


Drone Magic de Daniel Avery m’agace un peu. C’est un bon disque de techno (enfin… techno à mes oreilles, house selon certains, disons tech house pour pas trop se mouiller) mais la production gâche tout : bonjour la guerre du volume, la distortion par écrêtage qui fait cracher tous les sons, ce qui me dérange vraiment dans un genre qui est quand même censé être « propre » et un peu minimaliste. C’est comme un dessin au trait avec les traits qui bavent. Alors oui, j’aime la manière dont “Water Jump” devient dansante malgré son premier aspect froid et apathique, j’aime le va-et-vient cool et entraînant de “Free Floating”, j’aime le côté progressif de la piste-titre, les deux pistes finales sont réussies aussi, mais ce son me laisse toujours l’impression que ça aurait pu, que ça aurait dû être mieux fini, plus subtil, et que là, ça aurait été nickel. Et puis l’album tire en longueur aussi, les pistes 7 à 10 me lassent.

Last.fm : “all”, “balls deep”, “driving across country on mdma bobbing your head like what”.
playlist Youtube


Ah, et puis j’aime beaucoup le dernier album des Snobs aussi (autre groupe de rock français mais qui chante en anglais), Ekho’s Wheeling in Thespiae. Trois pistes qui jouent avec des structures répétitives et des dissonances, qui mettent joliment en valeur les rythmes dansants et les explosions de rock ; le disque est plus classique que le précédent Rhythms of Concrete, mais c’est aussi l’un des plus accomplis qu’ils aient sortis ! Le chant est plus sobre qu’avant (je préfère), le saxophone est une super idée, le style est nickel et les chansons aussi. Ça faisait longtemps que je ne les avais pas écoutés, mais je les retrouve avec plaisir.

Apparemment, les Snobs sont “hungarian”, “prog calypso”, “rock brasil” et “skate punk”.
Téléchargez l’album (c’est gratuit) ! Regardez les clips !

vendredi 18 avril 2014

La Fabuleuse Histoire du Chocolat

Le chocolat fut indirectement inventé en 1848 par un poulain du nom de Valrhona van Houten, vivant dans le département de la Côte d’Or. Ce poulain en avait marre de manger de l’herbe et du foin tous les jours, alors un jour, il se rua sur un cacaoyer, donna un grand coup de sabots dessus et PAF ! … Ça ne fit pas de Chocapic, mais ça fit mal aux sabots de Valrhona van Houten et déracina le cacaoyer. Notre poulain se fit vertement réprimander pour son attentat envers l’intégrité de l’arbre en question, qui se trouvait en plus être le seul, unique, premier et dernier cacaoyer du Royaume de France. Nonobstant cette admonestation, Valrhona essaya de brouter une cabosse de cacao pour voir quel goût ça avait, mais ne trouva pas ça très bon et s’en désintéressa assez vite.

On décida malgré tout de faire quelque chose avec les cabosses avant qu’elles ne pourrissent. Seulement voilà : elles étaient dures et amères, peu comestibles en l’état. Quelqu’un se rendit compte qu’elles ressemblaient à des ballons de rugby ; on commença donc à jouer au rugby avec, mais le jeu de rugby n’avait hélas pas encore fini d’être inventé à l’époque, ce qui donna lieu à des complications et à des bagarres sur le terrain, chacun accusant les autres de ne pas respecter les règles qui n’avaient pas encore été écrites. Les buts n’ayant pas encore été inventés, ce match historique se termina par un zéro - zéro - zéro - zéro - zéro, ou bien un zéro - zéro - zéro, selon les sources. (Le nombre d’équipes n’avait pas non plus été déterminé.)

C’est en mémoire de ce premier match de rugby qu’aujourd’hui encore, lors des matches, les rugbymen se foutent sur la gueule. Le sens du “haka”, cette danse rituelle intimidatrice qu’entonnent encore certaines équipes de rugby aujourd’hui, a été perdu au fil du temps — mais les paroles signifiaient à l’origine quelque chose comme « Et moi je te dis que la cabosse se lance avec les pieds, pas avec la tête, imbécile ! ». (Certains lecteurs perspicaces objecteront ici que le “haka” est entonné par l’équipe de rugby néozélandaise et non costalorienne, ce à quoi je répondrai que mon histoire date d’il y a très longtemps et que les continents ont dérivé depuis, sans parler des flux migratoires.)

Mais revenons-en à l’histoire du chocolat.

Les cabosses qui ne servirent pas à jouer au rugby furent utilisées principalement comme presse-papiers, comme cale-portes ou comme attrape-poussière décoratifs. Par bonheur, Xotzetlitlixoxomoxotiacitlaltoyoyotihuatlochitl, dieu aztèque du développement productif progressif à taux composé, était en vacances dans le coin et décida d’acheter les cabosses restantes pour voir s’il pouvait en faire quelque chose. Ce brave dieu eut l’excellente idée (après en avoir eu cinquante-treize autres moins excellentes, comme celle qui consistait à utiliser les cabosses comme roues de trottinette) de récolter les fèves de la cabosse, de les sécher, de les torréfier, de les broyer et de les… enfin, d’en faire du chocolat quoi. Après quoi il quitta son poste de dieu du développement productif progressif à taux composé et s’auto-proclama dieu des cabosses de cacao, ce à quoi personne n’eut rien à redire car au fond tout le monde s’en foutait un peu.

Une fois les cabosses transformées en chocolat, Xotzetlitlixoxomoxotiacitlaltoyoyotihuatlochitl décida de garder la recette pour lui parce que c’était super bon. Puis il se dit qu’il pourrait peut-être en faire commerce. Alors il décida de vendre la recette aux Mexicains en échange de sacrifices humains (oui, Xotzetlitlixoxomoxotiacitlaltoyoyotihuatlochitl aimait bien les sacrifices humains, c’était un péché mignon courant à l’époque).

Hélas pour les Mexicains, Xotzetlitlixoxomoxotiacitlaltoyoyotihuatlochitl avait anticipé de plusieurs siècles le modèle de commerce des éditeurs de jeux vidéo d’aujourd’hui. Il décida donc de ne vendre que la recette du chocolat chaud sans sucre dans un premier temps, réservant les recettes des tablettes, du chocolat au lait, du chocolat blanc et des bonbons de chocolat comme autant de contenus additionels payants, disponibles pour trois sacrifices humains chacun les mois suivants.

Les Mexicains n’étant pas friands de contenus additionnels payants et n’ayant pas tant de sacrifices humains que ça à donner pour du chocolat, ils n’achetèrent que la recette de base. Ce ne fut que bien plus tard qu’une nonne d’Oaxaca trouva par elle-même la recette du chocolat sucré, et alors le monde entra dans une nouvelle ère. Une ère un peu comme celle d’avant, au début, mais en mieux parce qu’il y avait du chocolat.

Ce furent ensuite les Espagnols qui adoptèrent le chocolat et améliorèrent sa recette ; c’est à eux que l’on doit la recette du chocolat olé.

Plus tard, une chanteuse japonaise s’inspira du chocolat pour enregistrer une chanson en français incroyablement ridicule :


(Je n’ai jamais réussi à écouter cette chanson jusqu’au bout, mais elle me fait rire à chaque fois que j’essaie.)

Aujourd’hui, le chocolat peut s’acheter dans les quincailleries, mais assez rarement. Il peut se trouver dans d’autres boutiques un peu plus souvent, selon le type de boutique. Il existe quatre types principaux de chocolat : le chocolat noir, le chocolat au lait, le chocolat blanc et le chocolat post-racial, qui ne fait pas encore l’unanimité mais fait l’objet de débats animés chez les socio-confiso-logues experts. D’autres sortes de chocolat militent encore pour leur reconnaissance officielle, comme le chocolat téral, le chocolat borateur (dont la réputation fut quelque peu entachée après 1945) ou le chocolat haut sur la montagne. Obtient-on du chocolat gris en mélangeant du chocolat noir et du chocolat blanc ? La science nous le dira peut-être un jour.

mardi 8 avril 2014

Quelques origines de pochettes de disques :

Kyuss : Welcome to Sky Valley

The Mothers of Invention : Weasels Ripped My Flesh

The Flaming Lips : The Soft Bulletin

The Flaming Lips : The Terror (oui, moi aussi je croyais que c'était une plage au début !)

Sonic Youth : Daydream Nation
Gerhard Richter, Kerze, 1983

Joy Division : Unknown Pleasures

Pavement : Slanted & Enchanted

Aphex Twin : Windowlicker

Sufjan Stevens : The Age of Adz

Melvins : Lysol

Led Zeppelin : Physical Graffiti

The Microphones : The Glow, pt.2

Weezer : Pinkerton
Hiroshige Andô, Kambara Sous la Neige, la Nuit

The Avalanches : Since I Left You

Neutral Milk Hotel : In the Aeroplane Over the Sea

Nirvana : In Utero (pochette arrière)

Nirvana : In Utero

Burzum : Hvis Lyset Tar Oss

Le troisième album sans titre de Crystal Castles

Pavement : Crooked Rain Crooked Rain

Joy Division : Closure

Boards of Canada : Geogaddi

Sonic Youth : Goo (la photo fut redessinée plus tard par Raymond Pettibon)

Pink Floyd : Animals

Autechre : Amber



Queen : News of the World
Theodore Kittlesen, The Monster of the Lake, 1904

samedi 5 avril 2014

♪ 19 : John attend l'ogre, chambre seize, pour guérir sa paralysie du sommeil

Le volume 2 des « Nouvelles Musiques de Chambre » de chez Sub Rosa est très agréable par ce temps printanier. Vous avez peut-être déjà entendu “Clouds” de Gigi Masin, qui a été utilisé par Nujabes sur “Latitude”, par Björk sur “It’s in Our Hands”, ou encore par Moomin sur je ne sais plus trop quelle piste… Si vous aimez ce son et cette ambiance, vous devriez aimer toute la face A ! C’est faussement simple, c’est très beau… et ça me surprend même que ça ne soit pas un classique, que Gigi Masin ne soit pas plus connu que ça. J’aime aussi beaucoup “The Song of the Masked Man”, qui me rappelle un peu la (superbe) fin de Map Key Window de rotor plus.

La face B du disque, signée Charles Hayward, est très différente : c’est presque du dark ambient, avec des grincements, des sons qui rappellent des gongs ou des bols chantants… une piste unique qui me fait penser à une version sombre et torturée du Longplayer de Jem Finer. (Charles Hayward est le batteur de This Heat, groupe légendaire auquel je n’ai jamais accroché.)

Je ne sais pas trop ce qui a fait que ces deux faces se retrouvent ensemble : elles n’ont quasiment rien à voir ! J’aime bien les deux, mais c’est surtout celle de Gigi Masin qui vaut le détour à mon avis. Les Nouvelles Musiques de Chambre 2 est hélas épuisé depuis longtemps, et le rip que j’ai trouvé sur Soulseek n’a pas un son très propre (fichus rips vinyles). Je n’ai pas encore écoute le premier volume de la série, avec Benjamin Lew sur la face A et Controlled Bleeding sur la face B — aucune idée de ce à quoi ça peut ressembler. Il n’y a apparemment pas eu de troisième volume.

✧ extrait : “Clouds”





Kanashibari [かなしばり] de Haniwa Chan [はにわちゃん] est un disque assez incroyable. C’est un disque de pop qui change constamment de rythme, de mélodie et de style, et le fait d’une manière tout à fait structurée, comme si de rien n’était. Avec des arrangements riches qui font très bien les deux tiers du temps et très kitsch l’autre tiers (cette guitare au tout début !), des instruments japonais (je suppose) et des synthés parce qu’on est en 1984, une chanteuse à la voix tellement claire qu’on dirait qu’elle chante le générique d’un dessin animé, et plein de très chouettes mélodies qui surgissent sans prévenir et repartent aussi sec. C’est de la pop qui joue à cache-cache en se cachant derrière elle-même.

P.S. Le titre de l’album signifie « paralysie du sommeil » en japonais. Vous connaissez maintenant au moins un mot de japonais ! (L'inutilité de ce mot pour qui ne parle pas le japonais a été évaluée à 7,2 par la Commission Nationale pour l'Évaluation de l'Inutilité.)

✧ extrait : “かなしばり”





weLt d’ohGr est un sacré bon disque de pop industrielle.

« Rock industriel » ou « électro-industriel » seraient peut-être plus justes, mais quand on sait qu’il s’agit d’un side-project de Skinny Puppy, ben… c’est pop à mort. Une fois posé le son de l’album (et là je m’en veux de ne pas savoir comment décrire ce son particulier qu’il y a sur les guitares électriques !), tout sur weLt est pop dans l’âme. Pas de bruitisme, pas d’expérimentations chaotiques, mais de l’accrocheur, du dansant, avec des beats électroniques sous amphétamines. Les passages les plus expérimentaux ne sont là que pour donner une rythmique au tout. Pas mal de gens grimaceront sans doute encore face à la voix de Nivek Ogre et à l’esthétique toujours assez cyber-indus-gothique (mauvais goût ? si ça en est, je l’assume), mais franchement, cet album enchaîne tube sur tube. Pour moi ça a été un coup de cœur immédiat (si “wateR” ne vous accroche pas tout de suite, je ne sais pas si c’est la peine de continuer), et ça le reste depuis des années.

(Par contre, j’admets volontiers que la pochette est hideuse.)

Écouter sur Youtube.





Vous avez peut-être entendu parler de Workshop ces derniers temps, ce label berlinois qui sort des vinyles de deep house et de techno minimale sans titres ni pochettes (avec juste un numéro pour s’y retrouver, et une petite image monochrome sur les étiquettes). J’ai écouté six disques chez eux pour le moment ; certains m’ont beaucoup plu, d’autres un peu moins, mais ça vaut le coup de fouiller un peu dans leur catalogue !

J’ai un coup de cœur pour le n°16, un EP signé Marcellis. La face A surtout, avec sa phrase chuchotée en boucle qui marque le rythme au même titre que la ligne de basse et les percussions, et les autres samples inattendus par-dessus (ils doivent être tirés d’un film, mais allez savoir lequel) ; la piste évolue lentement le long de ses sept minutes, c’est très dansant et très atmosphérique sans sonner vraiment comme de la deep house classique, et c’est excellent. Les deux pistes de la face B sont plus classiques, la première assez anxiogène, la seconde plus enjouée ; de bon niveau aussi, mais c’est vraiment la face A qui vaut le détour.

Bon, je n’arrive pas très bien à décrire, le critique de chez Juno fait ça mieux que moi : http://www.junodownload.com/plus/2013/01/22/marcelis-workshop-16/

Écouter la piste sans titre super cool trop de la balle de la face A.

P.S. L'inutilité de poster la pochette d'un disque qui n'a pas de pochette a été évaluée à 4,8 par la Commision Nationale pour l'Évaluation de l'Inutilité.




J’aime beaucoup Jonathan Coleclough. Ses disques évoquent quelque chose de puissant et de reposant à la fois, de longs drones que j’ai envie de décrire comme « organiques »… Ils suivent des rythmes lents qui cachent des progressions plus lentes encore, comme un rythme de vagues qui masquerait l’avancée de la marée. Les drones sont des enregistrements modifiés d’instruments, de manipulations d’objets et de phonographies, ce qui leur donne un son très « naturel ». Ces mêmes sources ou instruments se retrouvent aussi sous leur forme originale, superposés aux drones.

J’ai découvert l’artiste avec Period, dont tous les sons proviennent d’un piano à queue. La piste-titre est simple mais belle, des vagues de drones qui soutiennent une mélodie lente et éparse, une longue composition qui passe de façon presque imperceptible de la tension à l’apaisement et vice-versa. Celle-ci est suivie de “Periodic”, mixée par Colin Potter, plus courte (dix-sept minutes seulement) mais plus tumultueuse, où le piano n’est plus là que par traces. * À noter que les éditions de l’album varient beaucoup… la toute première, en vinyle, ne comportait qu’une version courte de “Period” (quinze minutes au lieu de cinquante !), et il existe une version 2 CD avec deux pistes en plus, “Periodicity” et “Summand”, que j’aurais bien aimé avoir.

Makruna · Minya est un beau disque lui aussi : un grondement sourd accompagné d’enregistrements d’environnements extérieurs (voix, vent, cours d’eau) et d’un rythme lent marqué au gong sur “Makruna”, et des drones presque sauvages sur “Minya”, provenant sans doute de plusieurs sources superposées. Le disque se termine sur une très courte reprise de “Makruna”, sans drone cette fois, juste le gong et les enregistrements extérieurs.