Le volume 2 des « Nouvelles Musiques de Chambre » de chez Sub Rosa est très agréable par ce temps printanier. Vous avez peut-être déjà entendu “Clouds” de Gigi Masin, qui a été utilisé par Nujabes sur “Latitude”, par Björk sur “It’s in Our Hands”, ou encore par Moomin sur je ne sais plus trop quelle piste… Si vous aimez ce son et cette ambiance, vous devriez aimer toute la face A ! C’est faussement simple, c’est très beau… et ça me surprend même que ça ne soit pas un classique, que Gigi Masin ne soit pas plus connu que ça. J’aime aussi beaucoup “The Song of the Masked Man”, qui me rappelle un peu la (superbe) fin de Map Key Window de rotor plus.
La face B du disque, signée Charles Hayward, est très différente : c’est presque du dark ambient, avec des grincements, des sons qui rappellent des gongs ou des bols chantants… une piste unique qui me fait penser à une version sombre et torturée du Longplayer de Jem Finer. (Charles Hayward est le batteur de This Heat, groupe légendaire auquel je n’ai jamais accroché.)
Je ne sais pas trop ce qui a fait que ces deux faces se retrouvent ensemble : elles n’ont quasiment rien à voir ! J’aime bien les deux, mais c’est surtout celle de Gigi Masin qui vaut le détour à mon avis. Les Nouvelles Musiques de Chambre 2 est hélas épuisé depuis longtemps, et le rip que j’ai trouvé sur Soulseek n’a pas un son très propre (fichus rips vinyles). Je n’ai pas encore écoute le premier volume de la série, avec Benjamin Lew sur la face A et Controlled Bleeding sur la face B — aucune idée de ce à quoi ça peut ressembler. Il n’y a apparemment pas eu de troisième volume.
Kanashibari [かなしばり] de Haniwa Chan [はにわちゃん] est un disque assez incroyable. C’est un disque de pop qui change constamment de rythme, de mélodie et de style, et le fait d’une manière tout à fait structurée, comme si de rien n’était. Avec des arrangements riches qui font très bien les deux tiers du temps et très kitsch l’autre tiers (cette guitare au tout début !), des instruments japonais (je suppose) et des synthés parce qu’on est en 1984, une chanteuse à la voix tellement claire qu’on dirait qu’elle chante le générique d’un dessin animé, et plein de très chouettes mélodies qui surgissent sans prévenir et repartent aussi sec. C’est de la pop qui joue à cache-cache en se cachant derrière elle-même.
P.S. Le titre de l’album signifie « paralysie du sommeil » en japonais. Vous connaissez maintenant au moins un mot de japonais ! (L'inutilité de ce mot pour qui ne parle pas le japonais a été évaluée à 7,2 par la Commission Nationale pour l'Évaluation de l'Inutilité.)
weLt d’ohGr est un sacré bon disque de pop industrielle.
« Rock industriel » ou « électro-industriel » seraient peut-être plus justes, mais quand on sait qu’il s’agit d’un side-project de Skinny Puppy, ben… c’est pop à mort. Une fois posé le son de l’album (et là je m’en veux de ne pas savoir comment décrire ce son particulier qu’il y a sur les guitares électriques !), tout sur weLt est pop dans l’âme. Pas de bruitisme, pas d’expérimentations chaotiques, mais de l’accrocheur, du dansant, avec des beats électroniques sous amphétamines. Les passages les plus expérimentaux ne sont là que pour donner une rythmique au tout. Pas mal de gens grimaceront sans doute encore face à la voix de Nivek Ogre et à l’esthétique toujours assez cyber-indus-gothique (mauvais goût ? si ça en est, je l’assume), mais franchement, cet album enchaîne tube sur tube. Pour moi ça a été un coup de cœur immédiat (si “wateR” ne vous accroche pas tout de suite, je ne sais pas si c’est la peine de continuer), et ça le reste depuis des années.
(Par contre, j’admets volontiers que la pochette est hideuse.)
Vous avez peut-être entendu parler de Workshop ces derniers temps, ce label berlinois qui sort des vinyles de deep house et de techno minimale sans titres ni pochettes (avec juste un numéro pour s’y retrouver, et une petite image monochrome sur les étiquettes). J’ai écouté six disques chez eux pour le moment ; certains m’ont beaucoup plu, d’autres un peu moins, mais ça vaut le coup de fouiller un peu dans leur catalogue !
J’ai un coup de cœur pour le n°16, un EP signé Marcellis. La face A surtout, avec sa phrase chuchotée en boucle qui marque le rythme au même titre que la ligne de basse et les percussions, et les autres samples inattendus par-dessus (ils doivent être tirés d’un film, mais allez savoir lequel) ; la piste évolue lentement le long de ses sept minutes, c’est très dansant et très atmosphérique sans sonner vraiment comme de la deep house classique, et c’est excellent. Les deux pistes de la face B sont plus classiques, la première assez anxiogène, la seconde plus enjouée ; de bon niveau aussi, mais c’est vraiment la face A qui vaut le détour.
Bon, je n’arrive pas très bien à décrire, le critique de chez Juno fait ça mieux que moi : http://www.junodownload.com/plus/2013/01/22/marcelis-workshop-16/
P.S. L'inutilité de poster la pochette d'un disque qui n'a pas de pochette a été évaluée à 4,8 par la Commision Nationale pour l'Évaluation de l'Inutilité.
J’aime beaucoup Jonathan Coleclough. Ses disques évoquent quelque chose de puissant et de reposant à la fois, de longs drones que j’ai envie de décrire comme « organiques »… Ils suivent des rythmes lents qui cachent des progressions plus lentes encore, comme un rythme de vagues qui masquerait l’avancée de la marée. Les drones sont des enregistrements modifiés d’instruments, de manipulations d’objets et de phonographies, ce qui leur donne un son très « naturel ». Ces mêmes sources ou instruments se retrouvent aussi sous leur forme originale, superposés aux drones.
J’ai découvert l’artiste avec Period, dont tous les sons proviennent d’un piano à queue. La piste-titre est simple mais belle, des vagues de drones qui soutiennent une mélodie lente et éparse, une longue composition qui passe de façon presque imperceptible de la tension à l’apaisement et vice-versa. Celle-ci est suivie de “Periodic”, mixée par Colin Potter, plus courte (dix-sept minutes seulement) mais plus tumultueuse, où le piano n’est plus là que par traces. * À noter que les éditions de l’album varient beaucoup… la toute première, en vinyle, ne comportait qu’une version courte de “Period” (quinze minutes au lieu de cinquante !), et il existe une version 2 CD avec deux pistes en plus, “Periodicity” et “Summand”, que j’aurais bien aimé avoir.
Makruna · Minya est un beau disque lui aussi : un grondement sourd accompagné d’enregistrements d’environnements extérieurs (voix, vent, cours d’eau) et d’un rythme lent marqué au gong sur “Makruna”, et des drones presque sauvages sur “Minya”, provenant sans doute de plusieurs sources superposées. Le disque se termine sur une très courte reprise de “Makruna”, sans drone cette fois, juste le gong et les enregistrements extérieurs.
La face B du disque, signée Charles Hayward, est très différente : c’est presque du dark ambient, avec des grincements, des sons qui rappellent des gongs ou des bols chantants… une piste unique qui me fait penser à une version sombre et torturée du Longplayer de Jem Finer. (Charles Hayward est le batteur de This Heat, groupe légendaire auquel je n’ai jamais accroché.)
Je ne sais pas trop ce qui a fait que ces deux faces se retrouvent ensemble : elles n’ont quasiment rien à voir ! J’aime bien les deux, mais c’est surtout celle de Gigi Masin qui vaut le détour à mon avis. Les Nouvelles Musiques de Chambre 2 est hélas épuisé depuis longtemps, et le rip que j’ai trouvé sur Soulseek n’a pas un son très propre (fichus rips vinyles). Je n’ai pas encore écoute le premier volume de la série, avec Benjamin Lew sur la face A et Controlled Bleeding sur la face B — aucune idée de ce à quoi ça peut ressembler. Il n’y a apparemment pas eu de troisième volume.
✧ extrait : “Clouds”
Kanashibari [かなしばり] de Haniwa Chan [はにわちゃん] est un disque assez incroyable. C’est un disque de pop qui change constamment de rythme, de mélodie et de style, et le fait d’une manière tout à fait structurée, comme si de rien n’était. Avec des arrangements riches qui font très bien les deux tiers du temps et très kitsch l’autre tiers (cette guitare au tout début !), des instruments japonais (je suppose) et des synthés parce qu’on est en 1984, une chanteuse à la voix tellement claire qu’on dirait qu’elle chante le générique d’un dessin animé, et plein de très chouettes mélodies qui surgissent sans prévenir et repartent aussi sec. C’est de la pop qui joue à cache-cache en se cachant derrière elle-même.
P.S. Le titre de l’album signifie « paralysie du sommeil » en japonais. Vous connaissez maintenant au moins un mot de japonais ! (L'inutilité de ce mot pour qui ne parle pas le japonais a été évaluée à 7,2 par la Commission Nationale pour l'Évaluation de l'Inutilité.)
✧ extrait : “かなしばり”
weLt d’ohGr est un sacré bon disque de pop industrielle.
« Rock industriel » ou « électro-industriel » seraient peut-être plus justes, mais quand on sait qu’il s’agit d’un side-project de Skinny Puppy, ben… c’est pop à mort. Une fois posé le son de l’album (et là je m’en veux de ne pas savoir comment décrire ce son particulier qu’il y a sur les guitares électriques !), tout sur weLt est pop dans l’âme. Pas de bruitisme, pas d’expérimentations chaotiques, mais de l’accrocheur, du dansant, avec des beats électroniques sous amphétamines. Les passages les plus expérimentaux ne sont là que pour donner une rythmique au tout. Pas mal de gens grimaceront sans doute encore face à la voix de Nivek Ogre et à l’esthétique toujours assez cyber-indus-gothique (mauvais goût ? si ça en est, je l’assume), mais franchement, cet album enchaîne tube sur tube. Pour moi ça a été un coup de cœur immédiat (si “wateR” ne vous accroche pas tout de suite, je ne sais pas si c’est la peine de continuer), et ça le reste depuis des années.
(Par contre, j’admets volontiers que la pochette est hideuse.)
✧ Écouter sur Youtube.
Vous avez peut-être entendu parler de Workshop ces derniers temps, ce label berlinois qui sort des vinyles de deep house et de techno minimale sans titres ni pochettes (avec juste un numéro pour s’y retrouver, et une petite image monochrome sur les étiquettes). J’ai écouté six disques chez eux pour le moment ; certains m’ont beaucoup plu, d’autres un peu moins, mais ça vaut le coup de fouiller un peu dans leur catalogue !
J’ai un coup de cœur pour le n°16, un EP signé Marcellis. La face A surtout, avec sa phrase chuchotée en boucle qui marque le rythme au même titre que la ligne de basse et les percussions, et les autres samples inattendus par-dessus (ils doivent être tirés d’un film, mais allez savoir lequel) ; la piste évolue lentement le long de ses sept minutes, c’est très dansant et très atmosphérique sans sonner vraiment comme de la deep house classique, et c’est excellent. Les deux pistes de la face B sont plus classiques, la première assez anxiogène, la seconde plus enjouée ; de bon niveau aussi, mais c’est vraiment la face A qui vaut le détour.
Bon, je n’arrive pas très bien à décrire, le critique de chez Juno fait ça mieux que moi : http://www.junodownload.com/plus/2013/01/22/marcelis-workshop-16/
✧ Écouter la piste sans titre super cool trop de la balle de la face A.
P.S. L'inutilité de poster la pochette d'un disque qui n'a pas de pochette a été évaluée à 4,8 par la Commision Nationale pour l'Évaluation de l'Inutilité.
J’aime beaucoup Jonathan Coleclough. Ses disques évoquent quelque chose de puissant et de reposant à la fois, de longs drones que j’ai envie de décrire comme « organiques »… Ils suivent des rythmes lents qui cachent des progressions plus lentes encore, comme un rythme de vagues qui masquerait l’avancée de la marée. Les drones sont des enregistrements modifiés d’instruments, de manipulations d’objets et de phonographies, ce qui leur donne un son très « naturel ». Ces mêmes sources ou instruments se retrouvent aussi sous leur forme originale, superposés aux drones.
J’ai découvert l’artiste avec Period, dont tous les sons proviennent d’un piano à queue. La piste-titre est simple mais belle, des vagues de drones qui soutiennent une mélodie lente et éparse, une longue composition qui passe de façon presque imperceptible de la tension à l’apaisement et vice-versa. Celle-ci est suivie de “Periodic”, mixée par Colin Potter, plus courte (dix-sept minutes seulement) mais plus tumultueuse, où le piano n’est plus là que par traces. * À noter que les éditions de l’album varient beaucoup… la toute première, en vinyle, ne comportait qu’une version courte de “Period” (quinze minutes au lieu de cinquante !), et il existe une version 2 CD avec deux pistes en plus, “Periodicity” et “Summand”, que j’aurais bien aimé avoir.
Makruna · Minya est un beau disque lui aussi : un grondement sourd accompagné d’enregistrements d’environnements extérieurs (voix, vent, cours d’eau) et d’un rythme lent marqué au gong sur “Makruna”, et des drones presque sauvages sur “Minya”, provenant sans doute de plusieurs sources superposées. Le disque se termine sur une très courte reprise de “Makruna”, sans drone cette fois, juste le gong et les enregistrements extérieurs.
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