vendredi 31 janvier 2014

♪ 16 : le système léger des ruches tourbillonnantes et des bugs pacifiques

Je me repasse avec plaisir Lightweight Heavy de Fat Jon, l’album de hip hop instrumental le plus tendre que je connaisse. Ça fait bizarre de dire « tendre ». Ce mot paraît incongru, d’habitude je dis plutôt « posé » ou « atmosphérique », mais je pourrais coller ces adjectifs à quasiment tous les disques du genre (et puis je les utilise trop). Ce qui distingue Lightweight Heavy, c’est un certain minimalisme et puis ce son cotonneux, complètement downtempo, qui donne à toutes les pistes de faux airs d’interludes jusqu’à ce qu’on baisse sa garde et qu’on y pénètre vraiment.

Si vous avez envie d’énergie, d’originalité et de variété, allez chercher ailleurs : Lightweight Heavy vous passera dans une oreille et ressortira de l’autre. Mais si vous avez envie de séduction discrète et de réconfort… c’est pile ce qu’il vous faut. Le seul vrai défaut de ce disque mon avis, c’est le final, qui se réveille un peu et n’a rien de vraiment conclusif.
✧ extrait : “Talk to Me



Songs from the Beehive de Move D & Benjamin Brunn est un excellent album où l’on retrouve des sons typiques de… euh, de quel genre en fait ?

D’après RYM, deep house et microhouse. D’après last.fm, techno minimale et IDM (même si le tag le plus utilisé est “minimal” tout court, ah c’est facile aussi !). D’après Resident Advisor, “arthropod-house” ( ? faudra m’expliquer). D’après AllMusic, ambient techno. Boomkat ne se mouille pas et classe tout ça dans “techno/house”. Ouais. Bon. On va peut-être oublier le classement sur ce coup-là (comme sur beaucoup d’autres), même si BenniTHEKING sur RYM me convainc assez en présentant ce disque comme une déconstruction de deep house.

Songs from the Beehive de Move D & Benjamin Brunn est un excellent album où des compositions élégantes et minimalistes dévoilent leur groove au goutte à goutte. C’est presque aussi froid et épars au niveau des structures que de la techno minimale, mais c’est dansant comme de la house… et comme les pistes s’étirent facilement sur dix minutes, de manière très progressive, tout ça prend presque un côté ambient. Les deux artistes combinent le meilleur de plusieurs mondes électroniques et ça fonctionne du tonnerre. L’un des tout meilleurs disques que j’ai pu entendre dans le genre, même si je ne sais toujours pas quel genre c’est !
✧ extrait : “Honey


Raze of Pleasure, c’est trois musiciens londoniens qui ont sorti cinq EPs de house entre 1992 et 1993 et se sont séparés ensuite. Les trois quarts de leur EP Peace sont excellents… et la quatrième piste semble tout simplement introuvable sur internet. Le seul truc que j’ai pu trouver d’eux sur Soulseek (oubliez Amazon et autres, y’a rien), c’est un autre EP carrément décevant intitulé Sweet Release. Aucune trace de Peace, même si je continue à le chercher. Et je n’y tiens pas au point de dépenser les quatre-vingts euros pour une copie promo sur Discogs, faut pas déconner non plus.

Alors pourquoi persévérer ? De bons EPs de house dans le même genre, il y en a des centaines, des milliers sans doute, je sais que je pourrais trouver mon plaisir ailleurs, et pour être honnête, tous ces artistes se ressemblent assez souvent ! J’ai une kyrielle de disques à ma disposition sur internet, alors pourquoi vouloir à tout prix dénicher les introuvables ?

Mais parce que les trois pistes de Peace qu’on peut écouter sur Youtube ont ce je-ne-sais-quoi de séducteur qui font que j’ai vraiment envie d’y revenir. Les compositions sont nickel, super dansantes sans être putassières, avec un son « début des années 90 » qui a tout le charme et rien du mauvais goût de son époque. Et puis, je ne l’apprendrai à personne, on ne peut jamais véritablement remplacer une composition par une autre…
✧ A1 : “Wilder
✧ A2 : “Alright”
✧ B1 : “In Control
✧ B2 : “At One


No Visible Means de Lou Champagne System : Si vous connaissez Fad Gadget, imaginez-vous un Fad Gadget un peu plus fou, moins présentable, avec moins de post-punk froid et plus de synthés. Si vous ne connaissez pas Fad Gadget, imaginez-vous un projet solo de synth rock/minimal wave (1984) mené par un homme-orchestre qui joue tous les instruments avec un système de pédales… Ça commence par de la tension, des synthés qui font “wwwWWZZZZzzz!” et des rires nerveux, et ça finit par une errance solitaire et désespérée ; entre les deux, il y a des pistes carrément pêchues, et puis deux ou trois ratés aussi.

No Visible Means n’est pas un album incontournable, il est un peu trop kitsch et trop inégal pour jouer dans la cour des grands, mais c’est un album sympathique (malgré, et en partie à cause de, ses défauts). Je l’aime bien.
✧ extrait : “Don’t Say I’m Here


J’avais beaucoup aimé le premier album quasi-éponyme de Yamantaka // Sonic Titan, sorti en 2011 : un mélange original de prog rock, de noise rock et de stoner psychédélique, inspiré par les théâtres nô et chinois traditionnels. En une demi-heure à peine, sur YT // ST, le groupe s’était essayé avec succès à plein de formules différentes : plutôt pop, plutôt metal, plutôt expérimentales selon les pistes, le groupe avait fait un quasi-sans faute ! Et sans se répéter.

Uzu m’impressionne moins. C’est un album nettement plus cohésif, les pistes ressemblent plus à des mouvements qu’à des compositions individuelles, et les mélodies ne restent pas en tête tout de suite. En fait, je ne sais pas si c’est le cas, mais Uzu ressemble beaucoup à un concept album, à une histoire tragique en plusieurs chapitres qui parlerait de solitude et de grandes forces qui s’opposent… La voix de la chanteuse est constamment mise en avant (ce qui est une bonne idée, elle a une voix parfaite pour ce genre de musique), les guitares sont soit absentes soit massives, et au final, on s’y prend. Ça fonctionne. Mais YT // ST reste un meilleur disque à mon goût : à partir dans tous les sens, il avait plus d’originalité, plus de personnalité. Plus de subtilité aussi, qui fait un peu défaut à Uzu par moments.
✧ extrait : “Whalesong


On peut faire plein de choses avec du glitch, pour peu qu’on ait un peu d’imagination. Sur (Köhn)² de Köhn, on trouve : une chanson presque chuchotée aux accents intimes dans le style de Kangding Ray (mais sortie sept ans auparavant !), des rythmes dansants déglingués, du minimalisme qui fait mal aux oreilles à la Ryoji Ikeda, de l’ambient de plusieurs types, un instrument à cordes asiatique que je ne sais pas identifier, du bruit, et même une chanson rock !

Est-ce que Köhn y perd à s’éparpiller comme ça ? Oui et non. C’est vrai qu’à la fin de l’album, on ne sait plus trop quoi retenir ; d’un autre côté, ça fait plaisir d’entendre quelqu’un retourner ce genre traditionnellement froid dans tous les sens et en explorer plein de possibilités de manière aussi ludique et imprévisible.
http://kraak.bandcamp.com/album/2

mercredi 29 janvier 2014

Les Mirifiques Aventures de Gromf, le Vaillant Quadrupède


… et voilà ! J’ai fini la bande dessinée dont je parlais l’autre jour.

C’est une bande dessinée maladroite à cohérence modérée en cinq chapitres (soit 60 pages et demie). Elle raconte les aventures d’un quadrupède replet qui paît dans les prairies monotones et verdoyantes de la contrée imaginaire de Basselande. Et puis des trucs lui arrivent. Des trucs pas très jolis au début, mais ça s’améliore par la suite.

Vous pouvez commencer à lire ça en cliquant ici ! Ou vous pouvez ne pas la lire en cliquant là.

vendredi 24 janvier 2014

Les Céréales


Les céréales de petit-déjeûner sont un aliment fabuleux qui sert à nourrir les enfants, moi, et d’autres gens aussi.

Les plantes céréalières furent inventées par la planète Terre et l’évolution il y a très longtemps, puis domestiquées il y a douze mille ans de cela par Grôh Grok-Bluk et Nuhk Mruk-Horrrk (ils ne s’appelaient sans doute pas comme ça, mais peu importe, j’aime bien donner des noms barbares et gutturaux aux hommes préhistoriques). Les premières céréales « prêtes à manger » (ou presque) pour le petit-déjeûner furent inventées aux États-Unis en 1863 par un certain James Caleb Jackson, qui milita aussi contre l’esclavage, fut journaliste et ouvrit un spa. Ce mec devait être cool.


Les “Granulacerelomia” de Jackson (ou simplement “Granula” selon d’autres sources, mais c’est moins rigolo comme nom) ressemblaient apparemment à des pépites, enfin, une version plus grande des céréales “Grape-Nuts” qu’on ne trouve pas en France (et qui ne contiennent ni raisins ni noix, ce sont des pépites de blé et d’orge). — Inconvénient : il fallait les laisser tremper une nuit avant de les manger. — Le mot « granola » (avec un « o ») désigne aujourd’hui un mélange de flocons d’avoine, de noix (= amandes, noisettes, noix, noix de pécan, etc.) et de miel entre autres. Ne me demandez pas pourquoi les sablés au chocolat Granola s’appellent comme ça, il n’y a pas de granola dedans.

John Harvey à gauche ; Will Keith à droite.
La recette fut améliorée par un certain John Harvey Kellogg par la suite : cet homme à la moustache fournie, aidé par son frère Will Keith Kellogg, inventa les corn flakes. Alleluia ! … Bon, à côté de cela, John Harvey était aussi fervent défenseur de l’abstinence sexuelle et combattit la masturbation avec véhémence jusqu’à mutiler hommes et femmes pour les empêcher de se toucher le trilili (je vous fais grâce des détails), ce qui est… euh… moins cool que militer contre l’esclavage, vous en conviendrez. L’entreprise Kellogg’s que l’on connaît aujourd’hui fut fondée par le frérot Will Keith, qui était philanthrope (il existe aujourd’hui une fondation à son nom) et apparemment plus fréquentable. C’est aussi lui qui eut l’idée d’inclure une babiole bonus dans les paquets de céréales, et il voulait rajouter du sucre dans les corn flakes au début. Les deux frères se disputèrent pour des questions de recettes, de droits, etc.


Les babioles bonus dans les paquets de céréales pourraient sans doute faire l’objet d’un article inintéressant à part entière. D’habitude, je les jette sans y prêter plus attention, mais les mini-sabres laser qui servaient de sifflet (?!) et dont la lame rentrait dans le manche sans se bloquer (…) dans les paquets Kellogg’s il y a quelques années étaient époustouflants d’absurdité, comme si le monde des objets avait complètement dégénéré et s’était mis à évoluer n’importe comment sous la direction d’ingénieurs aux cerveaux fondus. (Le comble, c’est qu’on peut les acheter d’occasion sur PriceMinister.)

Enfin bref… j’en étais où ?

Ah oui — l’histoire des céréales.

Bien sûr, les céréales en paquet classiques ne sont qu’une manière de consommer des céréales, et l’histoire des bouillies, porridges, gruaux et autres grits remonte à bien plus loin (on en mangeait déjà au néolithique !).

Maximilian Bircher-Benner.
Enfin, notons que c’est vers 1900 que le médecin et diététicien suisse Maximilian Bircher-Benner inventa le müsli. Tout comme le granulacerelomia de monsieur Jackson et les corn flakes des frères Kellogg, il s’agissait au début d’une nourriture proposée à des patients de son hôpital, mais qui se révéla si populaire qu’elle se mit à être consommée par tous… En suisse-allemand, on parle toujours aujourd’hui de “Birchermüsli” pour désigner cette préparation. À l’origine, le müsli se mangeait avec du jus de citron !

Le müsli, le porridge et les corn flakes sont aussi meilleurs pour la santé que la plupart des autres céréales, qui sont en général très sucrées et contiennent parfois des graisses cachées aussi et tout et tout (les Smacks étant les pires à ce qu’il paraît). Enfin bon, je ne vais pas vous faire un cours de nutrition non plus.


Ah, encore une chose : il existe des bols spéciaux pour les céréales, avec un compartiment pour le lait et un autre pour les céréales, afin d’éviter que celles-ci ne ramolissent trop. Il en existe plusieurs modèles, notamment Eatmecrunchy et Obol. Je n’en ai jamais ressenti le besoin, je ne mets que peu de lait dans les miennes.


Au cours de ma vie trépidante et passionnante, j’ai eu l’occasion d’essayer de multiples sortes de céréales et de voir mes préférées arrêter d’être produites plus d’une fois. Voici donc pour finir mon classement officiel subjectif des céréales de petit déjeûner !

† indique que les céréales ne sont hélas plus produites (du moins pas en France) ;
* indique qu’on ne les trouve à ma connaissance qu’à l’étranger.

Notez que j’utilise une échelle « positive », ce qui signifique j’aime encore celles qui n’ont qu’une étoile — les seules que je n’aime pas, ce sont celles qui n’ont pas d’étoile du tout !

★ ★ ★ ★ ★

Kellogg’s Corn Flakes. Si je devais ne garder qu’une sorte de céréales, ça serait celle-là. Un classique indémodable, je ne sais pas ce que c'est que l'« extrait de malt d’orge » au juste qu'ils mettent dedans mais j'aime beaucoup ! (En plus, ce sont parmi les moins chères et un paquet permet de remplir plein de bols !)
Super Flakes Grillon d’Or Fruits Rouges. La version biologique des Special K Fruits Rouges, avec des fruits différents (fraises et canneberges, au lieu de framboises + fraises + cerises pour les Special K) et des céréales différentes (riz et épautre, au lieu de riz et blé pour les Special K) mais dans le même esprit. Beaucoup moins sucrées, ce qui peut surprendre au départ, mais délicieuses ! Elles sont un peu chères par contre.
Flakes de Sarrasin Grillon d’Or. Si vous aimez les galettes de blé noir bretonnes, vous devriez essayer ! C'est du pur sarrasin, sans sucre ajouté, sans autres ingrédients à part un petit peu de sel je crois. J'aime beaucoup.
* Bauck Hof Knusper Frühstück 3-Korn. Un mélange de céréales « nature » avec maïs, riz, sarrasin, amaranthe et quinoa — chères (surtout vu la petite taille des paquets) mais carrément excellentes ! Ça donne presque un petit goût de cacahouète. On les trouve en Allemagne.
Miel Pops Cracks : comme des Cheerios mais en un peu meilleures, je trouve !
Kellog's “Ancient Legends” Pétales : Le nom est ridicule mais elles sont délicieuses ! Des pétales complets avec des pommes, des raisins secs, des grains d'épeautre soufflés. (Et du chia mais le chia on s'en fout, c'est fade.) Le paquet se finit en trois-quatre bols à peine, du coup elles sont assez chères, et le fait de mettre en avant l'épeautre alors qu'il n'y en a que peu est un peu trompeur, mais j'adore quand même.
Kellog's “Ancient Legends” Pétales : J'avais pas vu qu'il y en avait deux la première fois… Les autres, avec des airelles et des graines de lin, sont très bonnes aussi !
Extra Pépites Chocolat-Noisettes. Peut-être les meilleures céréales « en pépites » que j'ai pu goûter.
Extra Pépites Caramel & Nuts : Des grosses pépites au caramel et aux cacahouètes. Mes préférées fut un temps. C’était le bon temps. Aujourd’hui il pleut et on ne trouve plus ces céréales. Tristesse.
The Foods of Athenry Nutty Crunch Granola. Du granola avec des noix (amandes, pécan, noisettes), de l'avoine, du riz brun, sucré au jus de fruit. Je mélange ça avec des corn flakes ou des Rice Krispies, ça le fait plutôt très bien.
Rice Krispies. Mais les mascottes redessinées en 3D sont horribles, sérieux, rechangez-moi ça ! [edit : OK, ils ont changé, c'est toujours pas idéal mais c'est déjà nettement mieux.] J'aime prendre deux ou trois cuillères sans lait avant de rajouter le lait dans celles-là.
Cini Minis : Des carrés forts en cannelle, nickel si on aime cette épice ! (Attention par contre, ils ramolissent très facilement et très vite.)
Cini Minis Crunchy Müsli : Pépites d'avoine et de Cini Minis, moins fort en cannelle que les carrés simples, délicieux également.
* Barnhouse Krunchy ’n Flakes Frucht : Mes céréales préférées aux fruits, je crois ! Pétales, pépites et morceaux de pommes, framboises, canneberges et mûres. Excellentes. On les trouve en Allemagne notamment.
Quaker Life Chocolat. Pépites et pétales d’avoine + feuilles de chocolat. Délicieuses.



★ ★ ★ ★

Country Store : Le bon müsli bien roboratif, avec plusieurs céréales, du sucre brun et des raisins secs. Parfait pour commencer une longue journée, surtout celles où on n’a pas le temps de déjeûner à midi ! Ce sont les seules où je mets beaucoup de lait.
Alpen : Très similaires aux Country Store, un peu moins sucrées et plus simples, je les aime bien toutes les deux.
Miel Pops. Un autre classique indémodable. Et puis la mascotte en forme d’abeille est la seule que j’aime bien (celle des Cheerios a vraiment une tête bizarre).
Favrichon Müsli Croustillant Badiane – Coriandre – Gingembre. Originales et très réussies ! Manquent peut-être juste un tout petit peu de croustillant par rapport aux Extra.
Trésor Chocolat au Lait : les meilleures de la gamme selon moi. Aussi bonnes avec lait que sans, ce qui est assez rare.
Trésor Duo Choc : extérieur chocolat, intérieur chocolat blanc, très bonnes aussi. (Mais une catastrophe au niveau diététique, sans aucun doute.)
†? Special K Stracciatella : il paraît qu’elles existent toujours mais je ne les trouve plus, je pense que c’est Carmen San Diego et Charlie qui piquent tous les paquets. Le saviez-vous? Le mot “stracciatella” désigne non seulement un type de glace vanille aux pépites de chocolat, mais aussi une sorte de soupe italienne à l’œuf.
* Scrumshus. C'est du granola vendu en bocal, donc pas tout à fait des céréales pour le petit-déjeuner : des pépites avec tout plein de graines, des noix et des fruits secs... Telles quelles, c'est presque un « concentré de céréales », très goûtu mais trop concentré pour en manger un bol entier je trouve. Mélangées avec des Rice Krispies ou des Corn Flakes, c'est exquis !
* Barnhouse Krunchy Amaranth Dinkel-Nuss : de petites pépites d'épeautre à l'amaranthe, à l'amande et aux noix de cajou, sucrées au sirop d'agave à la place du sucre. Assez sucrées mais délicieuses ! Pleines de goût, parfaites en mélange avec des Corn Flakes ou des Rice Krispies.
* Yannick Fée Bio Knusper Müesli Honig-Mandel. Sehr gut! Aber ein bisschen teuer.
* Barnhouse Krunchy Cranberry-Kirsch : un délicieux müsli aux cerises et aux cranberries. Non, il n’y a pas de kirsch dedans, Kirsch ça veut dire « cerise » en allemand. On peut parfois le trouver en France dans certains magasins biologiques.
* Barnhouse Krunchy Apfel-Zimt : le même mais à la pomme et à la cannelle, avec des raisins secs. Mon préféré de la marque pour le moment ! La cannelle est bien présente, c’est un goût qui réconforte, surtout en hiver.
* Barnhouse Krunchy & Co. Schoko. Je préfère un peu ceux aux fruits, mais ce müsli tout chocolat est tout à fait honorable, et change des Extra Pépites Chocolat-Noisettes. Il y a des sortes des Smacks aussi dedans !


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Grillon d'Or Ka'ré Caramel au Beurre Salé
. Les « Ka’ré » sont un peu la version biologique des Trésor de chez Kellogg's ; celles-ci sont bonnes, manquent un peu de croustillant mais elles se défendent.
Clusters Amandes.
* Alnatura Geröstetes Müsli Kokos und Kakaonibs. Un müsli au chocolat avec de la noix de coco et du grué de cacao, donc — très bon, rien à redire ! Je les classerais sans doute plus haut si je mangeais plus souvent des céréales au chocolat.
Special K 3 Céréales Complètes. (Depuis que j'ai pris l'habitude des Grillon d'Or Super Flakes, les Special K me paraissent trop sucrées, du coup je les descends un peu…)
Special K Fruits Rouges.
Favrichon Flakes 3 Chocolats. Pas mal du tout, beaucoup plus chocolatées que la plupart des céréales Kellogg's et autre… presque trop selon les goûts !
Choco Pops. Je les appelle toujours Choco Pops, par habitude et parce que le nom “Coco Pops” m’évoque des céréales à la noix de coco… Je les aime en grande partie par nostalgie, je pense — le goût n'est vraiment pas celui que j'associe avec le chocolat de qualité ! En fait j'en garde un bon souvenir mais ça fait un bail que je n'en ai pas pris ; je préfère les céréales natures, au miel, aux fruits ou aux épices aujourd'hui.
Chocapic. Les « duo » noir et blanc et celles avec des pépites au lait sont très réussies aussi, d’ailleurs. À une époque je préférais les Chocos, mais le dernier paquet de Chocos que j’ai goûté (c’était une « nouvelle recette » je crois ?) [edit : c'était il y a un bail maintenant…] était carrément décevant.
Special K Amandes et Noisettes Effilées.
Special K Pêche-Abricot. À noter que toutes les Special K sont aussi très bonnes sans lait.
Choco Pops Crock’n’Roll. De bonnes céréales au chocolat, pas très originales mais recommandables.
Jordans Muesli Bio. Très classique mais bon.
Jordans Special Muesli. Un autre bon müsli, avec de la papaye, de la noix de coco et de la banane en plus ! Je le préfère un peu au biologique.
Grillon d'Or Gran'o Miel Façon Pain d'Épices. Un très bon mélange au niveau goût ; par contre les pépites manquent de croustillant, surtout quand on les compare aux Kellog's Extra ! Mais elles valent le coup d'être tentées.
* Müsli Ovomaltine. Je préfère les Extra et les Krunchy, mais ce müsli est original et a un petit goût de reviens-y. Sans doute dû à l’Ovomaltine. C’est bon, l’Ovomaltine.
* Kellogg’s Crunchy Nut. Vous savez, les corn flakes au miel et aux éclats de cacahouètes ? Je préférais ça aux Frosties, même si on n’a jamais assez bien senti le goût de cacahouète à mon goût. Je crois qu’on peut encore les trouver à l’étranger.
Müsli Éthiquable Chocolat Noir-Quinoa-Noix de Cajou (ancienne recette) : un müsli original et particulièrement corsé en chocolat, vraiment bon mais… trois bols par paquet à cinq euros, c’est peu ! Ils ont changé la recette récemment je crois, mais j’ai déménagé et je ne trouve plus les produits de la marque, du coup je n’ai pas pu l’essayer.
* Marks & Spencer Strawberry & Almond Crunch. Des pépites plutôt légères à l'avoine, avec des amandes entières et des fraises séchées. Un poil trop sucrées peut-être, mais délicieuses !
* Marks & Spencer Apple Cinnamon Crunch. Idem. Les pétales enrobées de yaourt sont une très bonne idée.
* Rosengarten Müsli-Advent : un calendrier de l'avent avec vingt-quatre mini-paquets à l'intérieur ! Une bonne gamme de müslis, des boules au cacao, des étoiles au miel et quelques bouillies (à préparer avec de l'eau ou du lait, chaudes ou froides)… Je n'ai pas tout aimé : les bouillies sont plus ou moins à mon goût selon les variétés (et ce n'est pas ça qui m'intéressait à la base), les formes sont bien mais sans se démarquer plus que ça. Par contre, les müslis sont de très bonne facture. Je pense que je reprendrai ceux avec les mini-biscuits à l'intérieur (Müsli Keks & Schoko et Müsli Keks & Karamell), peut-être le Dinkel-Schokotraum aussi. À noter que chaque paquet fait 60 g (ou 20 pour les formes), peu pour un seul bol, donc je les ai pris par deux à chaque fois en les mélangeant.



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Clusters Chocolat : bonnes mais trop sucrées, je préfère celles aux amandes.
Cruesli Chocolat : les Cruesli, c’est un peu les Extra Pépites du pauvre… bonnes mais moins, et un peu coriaces sous la dent. J’en prends de temps à autre quand même, pour changer et parce que les Extra Pépites sont assez chères mine de rien.
Extra Pépites Biscuitées : bonnes, mais il leur manque quelque chose je trouve. Surtout vu leur prix.
Frosties
. (C’est pas parce qu’elles ont plus de sucre qu’elles sont meilleures que les Corn Flakes.)
Smacks.
Trésor Chocolat-Noisettes.
Golden Grahams.
Lion. Chocolat-caramel donc ; bonnes mais trop sucrées.
Special K Pépites. Rien de très mémorable, je préfère les pétales.
Nestlé Fitness Délice fourrées aux fruits rouges. L'idée est bonne, mais elles sont juste un peu trop sucrées, pas tout à fait assez croustillantes, la céréale n'a pas beaucoup de goût et les fruits ont un goût un peu artificiel. Moyen donc.
Evernat Fourrés Cacao. L’équivalent biologique des Trésor Tout Chocolat. Le goût n’est étonnamment pas le même selon les fois : j’ai eu des paquets vraiment bons et d’autres médiocres… mais pour des céréales bio, disons qu’elles sont pas mal. Sans égaler les Krunchy de chez Barnhouse.
* Shreddies : des céréales en forme de… euh… de grilles. J’ai essayé les complètes « nature », pas mal mais elles se défont un peu trop dans le lait. Dans la gamme « nature », je préfère les Corn Flakes et les Rice Krispies.
* Froot Loops : les fameux anneaux aux couleurs fluo et au goût chimique… c’est de la junk food qui ne se cache pas, je n’en prends que rarement, mais j’avoue que j’aime bien de temps en temps ! [edit : J'aimerais bien en retrouver maintenant, ça fait un bail.]
* Verival Urkorn-Müsli : Un bon müsli au niveau de la recette, mais… certaines des graines et fruits secs manquaient un peu de fraîcheur dans le paquet que j'ai goûté. Pas au point d'être rances, mais juste assez pour mettre un petit doute, ce qui est désagréable.
* Rosengarten Nuss Müsli : Très voire trop classique, les noisettes pourraient être de meilleure qualité — mais le coup de rajouter de la nougatine est une bonne idée ! Nettement meilleur mélangé à des Miel Pops.


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Trésor Chocolat-Caramel : pas mauvaises, mais le goût est artificiel et trop sucré je trouve.
Favrichon Crosti Oz Miel : un ersatz de Cheerios ou Miel Pops Cracks biologique, franchement moyen. Trop de riz, un peu trop sucré, un goût presque artificiel.
Cruesli Chocolat-Cappuccino.
Crunch. Mouais. Bof. Non.


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Cruesli 4 Noix. Trop sucrées et pas terribles.
* Lucky Charms : je sais qu’elles sont populaires aux USA, mais franchement… je ne vois pas ce qu’ils leur trouvent ! Un goût de sucre et de pas grand-chose d’autre, et un… « arrière-arrière-goût » plus que louche qui m’a fait croire au début que j’avais un problème de digestion (beurk !). Je leur ai donné deux chances, eu les mêmes impressions désagréables les deux fois, puis j’ai jeté le reste à la poubelle.
Coco Pops LunaStella : bon, les Trésor chocolat au lait-noisettes sont pas trop mal sans être excellentes, mais les LunaStella étaient franchement ratées. Goût trop sucré et pas convaincant du tout, j’ai eu du mal à croire que c’était des Kellogg’s (je fais confiance à cette marque d’habitude !).
Les céréales à la châtaigne que ma mère avait rapportées une fois d'une fête de la châtaigne dans un village d'Alsace où des gens chantaient du Jean Ferrat. Elles ont fini à la poubelle. Pourtant j’aime bien la châtaigne.

mercredi 22 janvier 2014

mini-tests de jeux vidéo : Tales of Xillia, Dragon’s Crown, Brothers: A Tale of Two Sons

J’ai fini Tales of Xillia il y a peu. C’était un bon J-RPG classique.



En fait, je pourrais parler longuement de ce jeu, et si ça intéresse quelqu’un je le ferai, mais je crois que « bon J-RPG classique » suffit — je doute fort qu’il puisse convertir les réfractaires au genre*, et je doute aussi qu’il déçoive qui que ce soit parmi les amateurs.

* exception faite de ceux qui n’auraient jamais joué qu’à des J-RPG au tour par tour et n’aimeraient pas le genre pour cette raison. (Tales of Xillia ne se joue pas au tour par tour, c’est du temps réel — et plus orienté « action » que la plupart des J-RPGs.)

Si je devais écrire un test du jeu, je lui donnerais une bonne note, genre 8/10, mais je crois que je listerais surtout ses défauts. Parce que les qualités sont principalement celles que l’on attend du genre ; s’il y avait une grille d’évaluation pour les J-RPGs, Tales of Xillia aurait de bons ou très bons résultats un peu partout (bonne durée de vie, personnages attachants développés tout le long, exploration, quêtes secondaires…). Il est dans la continuité de Tales of Symphonia, qui est le premier « vrai » J-RPG qui m’a fait aimer le genre, mais en plus beau, avec un gameplay amélioré, des quêtes secondaires en plus, et tout et tout !

Ce que je lui reproche principalement, et c’est sans doute plus un choix qu’un défaut, c’est de garder le classicisme naïf auquel on est habitués dans les jeux du genre. L’histoire est tout à fait correcte, a des passages émouvants et évite le manichéisme primaire, mais elle garde un côté fouillis complexe et peu crédible comme dans quasiment tous les J-RPGs et une bonne partie des manga et anime existants ; les personnages sont attachants, certains sont bien développés (notamment lors des saynètes, qui est un truc que j’adore dans les Tales Of), mais d’autres sont des clichés sur pattes et/ou réagissent de manière débile… Le réalisme (à l’intérieur de l’univers s’entend) est souvent sacrifié à l’humour et au fantastique.

On peut dire que c’est un style en soi, qui a son propre charme. Mais disons que quand on est habitué aux scénarios plus « naturels » qu’on a pu voir cette génération, ça peut avoir des airs d’occasion manquée.

Enfin, le coup des deux personnages jouables avec chacun leur scénario est assez naze au final, vu que ça fait rater une partie du scénario plus qu’autre chose.

N’empêche, si Tales of Xillia 2 est de la même qualité, je l’achèterai aussi.




J’ai aussi joué un peu à Dragon’s Crown.
C’est un beat ’em up qui se joue de 1 à 4 joueurs.


Le gameplay est agréable mais assez basique : en gagnant des niveaux, on peut débloquer pas mal d’aptitudes et de pouvoirs spéciaux, mais on peut aussi continuer à bourriner le bouton carré sur tout ce qui bouge et ça marche quand même la plupart du temps. Peut-être que ça change à haut niveau, je ne sais pas. Le scénario est assez basique aussi, on rejoue souvent les mêmes niveaux (il y en a… neuf je crois ? — avec deux chemins possibles à chaque fois quand même, et de multiples quêtes secondaires à effectuer) et l’intelligence artificielle des alliés est à la ramasse (ces boulets savent se battre mais se prennent tous les pièges).

Mais le jeu a un charme que je n’ai pas vu ailleurs : avec ce style graphique et cette ambiance, on a l’impression de jouer dans un jeu bien rétro aux graphismes de livre de contes.

Enfin, un livre de contes un peu lubrique, vu les seins absolument énormes de la sorcière et les poses lascives outrancières des PNJs féminins :

(Si vous voulez savoir, mon personnage, c’est l’elfe à droite.)

L’histoire est racontée par un narrateur, il n’y a aucun voice acting à part cette voix off et les deux-trois cris de guerre de chaque personnage (ce qui est étrangement agréable), arrêtez de reluquer les seins de cette sorcière maintenant !, et les récompenses des quêtes secondaires sont de grandes scènes illustrées réalisées par différents artistes, dans des styles souvent assez différents — et, pour celles que j’ai vues, loin d’être aussi suggestives que les modèles du jeu même. C’est peut-être la première fois où ça me fait effectivement plaisir d’avoir des images comme récompenses dans un jeu.

Le jeu a été très bien reçu par la critique et je pense qu’il plaira aux fans du genre ; pour moi, c’est un petit jeu sympathique, sur lequel je ne passerai pas deux cents heures mais qui est bien agréable une ou heure ou deux de temps en temps. Et puis ça change pas mal des autres jeux de ma ludothèque, ce qui fait toujours du bien.

҉


Brothers: A Tales of Two Sons est simple mais très beau… C’est l’histoire de deux frères qui doivent trouver une substance magique sécrétée par un arbre géant pour sauver leur père malade. Le jeu est linéaire, très court et facile, mais il est intense — en fait, c’est un conte de fées interactif, avec des personnages fantastiques, des paysages qui ne le sont pas moins, et une histoire touchante et bien racontée.

Racontée sans mots, d’ailleurs (les personnages parlent une langue imaginaire non sous-titrée). Et « classique » dans le sens des contes d’autrefois, pas des versions édulcorées.



Douze-quinze euros les trois heures de jeu, c’est cher payé, mais si vous le trouvez en promo, il vaut le coup.

mercredi 15 janvier 2014

Lectures (4) : les détectives roses plongent dans les arcs-en-ciel bossus des marais

Dernièrement, j’ai lu :

Les Détectives Sauvages de Roberto Bolaño. Drôle de roman : on pourrait en sauter des sections entières sans que ça ait véritablement d’importance. C’est un livre long et parfois ennuyeux, que j’ai dû me forcer à continuer par moments, entre autres parce que j’avais l’impression qu’il n’allait nulle part — et effectivement, il ne va nulle part, mais maintenant que je l’ai fini, son univers me manque un peu.

Ça commence par le journal intime d’un étudiant de dix-sept ans, Juan García Madero, qui rejoint un peu par hasard le mouvement littéraire des « réal-viscéralistes ». Mouvement voué à l’échec, mené par des jeunes poètes qui ont en tête de faire bouger le paysage culturel de leur pays (le Mexique) sans trop se soucier de comment faire ; écrire ne semble pas être leur préoccupation principale. Cette première partie parle surtout de l’entrée de Madero dans l’âge adulte, ou plutôt de Madero qui se perd dans l’âge adulte et dans la ville de Mexico, entre poètes bohèmes, gens un peu fous ou peu recommandables, liberté dont il ne sait trop que faire, etc.

La troisième partie est la suite de la première.

Et la deuxième ? Elle comprend bien les deux tiers du roman et ne consiste qu’en fragments de vies, presque sans aucun lien entre elles. Ces fragments nous emmènent aux quatre coins du monde, sont tous postérieurs aux événements du début et de la fin du roman (mais ne sont pas racontés en ordre chronologique pour autant), et ne mentionnent pas une seule fois le nom ni l’existence de Madero (bien qu’on puisse avoir un petit doute à un moment donné… je crois). Leur seul point commun est la présence à chaque fois d’Arturo Belano et/ou d’Ulises Lima, fondateurs du mouvement réal-viscéraliste et compagnons de Madero.

Ça sent le mystère à élucider ? Les Détectives Sauvages : est-ce le lecteur qui est détective, qui essaie de trouver ce qui est arrivé à Madero et pourquoi on ne parle plus de lui ?

Hé bien non.

Ces fragments ne mènent nulle part, ce sont des tranches de vies très diverses, tellement variées en fait que l’on se met à douter de la vraisemblance des personnages de Lima et Belano. Tout ce qui ressort de cette longue polyphonie, c’est un portrait d’un monde bohème, précaire, sans véritable but, parcouru par deux voyageurs qui au final sont plus des noms que des personnages, des silhouettes presque vides.

Ça aurait pu être génial s’il y avait eu des liens là-dedans, des rencontres inattendues mais signifiantes entre les différents personnages, une intrigue… mais rien de tout cela. Quand un passage part dans une direction, le suivant part dans une autre. Le livre est riche au final, il est bien écrit (pour autant que je puisse en juger, je n’ai lu qu’une traduction) et vraiment marquant malgré tout, mais il peut aussi paraître vain et frustrant.



Moi, la Fille qui Plongeait dans le Cœur du Monde de Sabina Berman : Ça pour le coup, c’est un livre facile, qui m’a plu instantanément et que j’ai lu vite avec plaisir !

Ouf.

Faudrait que j’en lise plus, des comme ça.

Donc ce roman est l’histoire d’une autiste, jamais élevée correctement, abandonnée et vivant de manière sauvage, qui hérite soudain d’une tante et d’une conserverie de thons. C’est raconté à la première personne par l’autiste en question, et il y a des passages qui peuvent paraître soit terribles, soit hilarants, ou les deux selon votre sensibilité. Ça parle de sensibilités différentes justement, d’incompréhensions et d’incompatibilités entre différentes manières de voir le monde, sans être un plaidoyer moralisateur.

C’est un livre que j’ai beaucoup aimé et qui peut se recommander facilement à n’importe qui, je pense.

(NB : La première édition française s’appelait tout simplement Moi.)



Les Roses d’Atacama de Luis Sepúlveda… « Ah oui, c’est vrai que c’est un nom connu, Sepúlveda ! Faudrait que j’essaie. » J’ai pris Les Roses d’Atacama un peu au hasard, la quatrième de couverture et les premières lignes m’avaient paru prometteuses… mais j’ai déchanté assez vite. Il s’agit d’une collection de (très) courtes biographies, qui racontent les vies de personnes exemplaires qui auront combattu l’adversité avec courage. Des portraits de gens peu connus voire totalement inconnus du grand public, des héros presque anonymes à qui l’auteur a voulu rendre hommage.

Mais voilà : c’est d’un convenu ! Les héros n’ont aucun défaut, la compassion et le courage sont les plus grandes des vertus, les petites gens ont une sagesse qu’il faut réapprendre à connaître, l’oppression sera toujours vaincue par la résistance des justes, on peut tout prendre à un homme sauf son humanité, bla bla bli, bla bla bla. Ces vies pourtant incroyables sont de belles histoires moralisatrices et manichéennes sans aspérités dans lesquelles je n’arrive pas à rentrer.

Je ne peux pas dire que Sepúlveda écrit mal, mais il ne m’émeut vraiment pas… question de sensibilité, sans doute.



À l’opposé, il y a Le Petit Bossu de Roberto Arlt. C’est une collection de nouvelles noires, cruelles, qui parlent de véritables crapules — des personnages ignobles et tourmentés, qui semblent condamnés à commettre le mal par leur nature même. Le style est excellent, l’auteur semble torturé lui-même et prend un plaisir sadique à faire commettre le pire à ses âmes damnées puis à les faire souffrir à leur tour pour ce qu’elles ont fait. Je n’ai lu que trois des nouvelles (il y en a… six je crois ?), chacune en une seule fois — parce que c’est une lecture à la fois jouissive et désagréable, qui ne laisse aucune envie de savoir ce que sont devenus ces personnages abjects (on espère qu’ils crèvent) mais qui suscite l’admiration pour l’écriture même.

À lire à petite dose, disons. Et seulement pour public averti.



What a Carve Up! de Jonathan Coe raconte l’histoire d’un écrivain un peu paumé, engagé pour écrire la biographie d’une famille riche et influente. Une famille composée quasi-exclusivement de fripouilles imbues d’elles-mêmes, ineptes, sans scrupules et qui ne réussissent que grâce à leur nom et leur argent (qu’ils soient dans le journalisme, la politique, l’industrie agro-alimentaire ou autres). C’est l’occasion pour Coe d’écrire une satire mordante des pratiques réelles des puissants, plus particulièrement en Grande-Bretagne à l’ère Thatcher (mais ces gens-là sont un peu les mêmes partout, il me semble…). Les biographies des membres de la famille sont drôles, ou mettent mal à l’aise, souvent les deux à la fois ; elles entrecoupent le récit de l’écrivain qui mène (mal) sa propre vie, rencontre sa voisine un soir de quasi-coma télévisuel, cultive une obsession pour Shirley Eaton et le film dont le roman reprend le nom…

J’ai retrouvé dans What a Carve Up! ce que j’avais aimé dans The House of Sleep : une intrigue très bien ficelée, des personnages hauts en couleur, beaucoup d’humour aussi, même si celui-ci est souvent grinçant et que l’histoire tient aussi de la tragédie. Toujours très recommandable et agréable à lire, je continuerai à suivre cet auteur.



Tous les Diamants du Ciel de Claro. Un roman qui se base sur l’« affaire du pain maudit » survenue à Pont-Saint-Esprit en 1951 : un cas d’intoxication alimentaire qui a résulté en crises de folie et hallucinations, internements, quelques morts… et qui, selon un journaliste américain, aurait été imputable à la CIA qui aurait testé les effets du LSD à l’insu des habitants (histoire peu crédible, mais qui sait !). Le protagoniste est le boulanger du village ; intoxiqué par son propre pain, exalté, il quitte Pont-Saint-Esprit au milieu de la panique générale et se met à voyager. Il rencontre une Américaine vendeuse dans un sex shop, tombe plus ou moins amoureux d’une poupée gonflable, et se retrouve impliqué sans s’en rendre compte dans une histoire d’agents secrets.

C’est bien écrit (on sent que l’auteur est un traducteur, dans son maniement de l’écriture), il manque un petit quelque chose pour me séduire totalement (peut-être un côté trop formel ? difficile d’entrer vraiment dans la peau des personnages…) mais j’ai passé un bon moment.



Paludes d’André Gide. Un texte drôle et satirique sur un écrivain désœuvré, insatisfait de sa vie indolente mais qui ne la remet pas en question pour autant ; il se met en tête d’écrire un roman sur un homme qui vit dans les marais, célèbre la monotonie, se nourrit de vers de vase, etc. Ses connaissances ne comprennent pas l’intérêt d’écrire un tel texte, mais lui persiste dans son entreprise, qui confine souvent au ridicule. C’est court, amusant, un peu mélancolique aussi. Et on peut en retirer pas mal de choses.

(J’ai aussi lu L’Immoraliste, mais j’ai préféré Paludes.)



Acide, Arc-en-Ciel d’Erri de Luca : vu le nom du bouquin (dont je n’avais jamais entendu parler avant de commencer à le feuilleter), je m’attendais à un roman psychédélique, et j’ai cru que les premières pages décrivaient un junkie complètement pété qui n’arrivait même plus à bouger… En fait ça n’a absolument rien à voir. Le titre original, Aceto, arcobaleno, signifie littéralement « vinaigre, arc-en-ciel » — soit les deux premiers mots d’un lexique italien-français qu’un père apprenait à ses fils. Et le livre parle d’un vieil homme qui, à la fin de sa vie, reçoit trois anciennes connaissances (un assassin, un missionnaire et un… je ne sais plus trop quoi, la quatrième de couverture dit « hôte errant »).

J’ai trouvé le livre assez inégal : certains passages étaient beaux, d’autres plutôt ennuyeux. Assez froid dans le style et les propos.