Je me repasse avec plaisir Lightweight Heavy de Fat Jon, l’album de hip hop instrumental le plus tendre que je connaisse. Ça fait bizarre de dire « tendre ». Ce mot paraît incongru, d’habitude je dis plutôt « posé » ou « atmosphérique », mais je pourrais coller ces adjectifs à quasiment tous les disques du genre (et puis je les utilise trop). Ce qui distingue Lightweight Heavy, c’est un certain minimalisme et puis ce son cotonneux, complètement downtempo, qui donne à toutes les pistes de faux airs d’interludes jusqu’à ce qu’on baisse sa garde et qu’on y pénètre vraiment.
Si vous avez envie d’énergie, d’originalité et de variété, allez chercher ailleurs : Lightweight Heavy vous passera dans une oreille et ressortira de l’autre. Mais si vous avez envie de séduction discrète et de réconfort… c’est pile ce qu’il vous faut. Le seul vrai défaut de ce disque mon avis, c’est le final, qui se réveille un peu et n’a rien de vraiment conclusif.
Songs from the Beehive de Move D & Benjamin Brunn est un excellent album où l’on retrouve des sons typiques de… euh, de quel genre en fait ?
D’après RYM, deep house et microhouse. D’après last.fm, techno minimale et IDM (même si le tag le plus utilisé est “minimal” tout court, ah c’est facile aussi !). D’après Resident Advisor, “arthropod-house” ( ? faudra m’expliquer). D’après AllMusic, ambient techno. Boomkat ne se mouille pas et classe tout ça dans “techno/house”. Ouais. Bon. On va peut-être oublier le classement sur ce coup-là (comme sur beaucoup d’autres), même si BenniTHEKING sur RYM me convainc assez en présentant ce disque comme une déconstruction de deep house.
Songs from the Beehive de Move D & Benjamin Brunn est un excellent album où des compositions élégantes et minimalistes dévoilent leur groove au goutte à goutte. C’est presque aussi froid et épars au niveau des structures que de la techno minimale, mais c’est dansant comme de la house… et comme les pistes s’étirent facilement sur dix minutes, de manière très progressive, tout ça prend presque un côté ambient. Les deux artistes combinent le meilleur de plusieurs mondes électroniques et ça fonctionne du tonnerre. L’un des tout meilleurs disques que j’ai pu entendre dans le genre, même si je ne sais toujours pas quel genre c’est !
Raze of Pleasure, c’est trois musiciens londoniens qui ont sorti cinq EPs de house entre 1992 et 1993 et se sont séparés ensuite. Les trois quarts de leur EP Peace sont excellents… et la quatrième piste semble tout simplement introuvable sur internet. Le seul truc que j’ai pu trouver d’eux sur Soulseek (oubliez Amazon et autres, y’a rien), c’est un autre EP carrément décevant intitulé Sweet Release. Aucune trace de Peace, même si je continue à le chercher. Et je n’y tiens pas au point de dépenser les quatre-vingts euros pour une copie promo sur Discogs, faut pas déconner non plus.
Alors pourquoi persévérer ? De bons EPs de house dans le même genre, il y en a des centaines, des milliers sans doute, je sais que je pourrais trouver mon plaisir ailleurs, et pour être honnête, tous ces artistes se ressemblent assez souvent ! J’ai une kyrielle de disques à ma disposition sur internet, alors pourquoi vouloir à tout prix dénicher les introuvables ?
Mais parce que les trois pistes de Peace qu’on peut écouter sur Youtube ont ce je-ne-sais-quoi de séducteur qui font que j’ai vraiment envie d’y revenir. Les compositions sont nickel, super dansantes sans être putassières, avec un son « début des années 90 » qui a tout le charme et rien du mauvais goût de son époque. Et puis, je ne l’apprendrai à personne, on ne peut jamais véritablement remplacer une composition par une autre…
No Visible Means de Lou Champagne System : Si vous connaissez Fad Gadget, imaginez-vous un Fad Gadget un peu plus fou, moins présentable, avec moins de post-punk froid et plus de synthés. Si vous ne connaissez pas Fad Gadget, imaginez-vous un projet solo de synth rock/minimal wave (1984) mené par un homme-orchestre qui joue tous les instruments avec un système de pédales… Ça commence par de la tension, des synthés qui font “wwwWWZZZZzzz!” et des rires nerveux, et ça finit par une errance solitaire et désespérée ; entre les deux, il y a des pistes carrément pêchues, et puis deux ou trois ratés aussi.
No Visible Means n’est pas un album incontournable, il est un peu trop kitsch et trop inégal pour jouer dans la cour des grands, mais c’est un album sympathique (malgré, et en partie à cause de, ses défauts). Je l’aime bien.
J’avais beaucoup aimé le premier album quasi-éponyme de Yamantaka // Sonic Titan, sorti en 2011 : un mélange original de prog rock, de noise rock et de stoner psychédélique, inspiré par les théâtres nô et chinois traditionnels. En une demi-heure à peine, sur YT // ST, le groupe s’était essayé avec succès à plein de formules différentes : plutôt pop, plutôt metal, plutôt expérimentales selon les pistes, le groupe avait fait un quasi-sans faute ! Et sans se répéter.
Uzu m’impressionne moins. C’est un album nettement plus cohésif, les pistes ressemblent plus à des mouvements qu’à des compositions individuelles, et les mélodies ne restent pas en tête tout de suite. En fait, je ne sais pas si c’est le cas, mais Uzu ressemble beaucoup à un concept album, à une histoire tragique en plusieurs chapitres qui parlerait de solitude et de grandes forces qui s’opposent… La voix de la chanteuse est constamment mise en avant (ce qui est une bonne idée, elle a une voix parfaite pour ce genre de musique), les guitares sont soit absentes soit massives, et au final, on s’y prend. Ça fonctionne. Mais YT // ST reste un meilleur disque à mon goût : à partir dans tous les sens, il avait plus d’originalité, plus de personnalité. Plus de subtilité aussi, qui fait un peu défaut à Uzu par moments.
On peut faire plein de choses avec du glitch, pour peu qu’on ait un peu d’imagination. Sur (Köhn)² de Köhn, on trouve : une chanson presque chuchotée aux accents intimes dans le style de Kangding Ray (mais sortie sept ans auparavant !), des rythmes dansants déglingués, du minimalisme qui fait mal aux oreilles à la Ryoji Ikeda, de l’ambient de plusieurs types, un instrument à cordes asiatique que je ne sais pas identifier, du bruit, et même une chanson rock !
Est-ce que Köhn y perd à s’éparpiller comme ça ? Oui et non. C’est vrai qu’à la fin de l’album, on ne sait plus trop quoi retenir ; d’un autre côté, ça fait plaisir d’entendre quelqu’un retourner ce genre traditionnellement froid dans tous les sens et en explorer plein de possibilités de manière aussi ludique et imprévisible.
Si vous avez envie d’énergie, d’originalité et de variété, allez chercher ailleurs : Lightweight Heavy vous passera dans une oreille et ressortira de l’autre. Mais si vous avez envie de séduction discrète et de réconfort… c’est pile ce qu’il vous faut. Le seul vrai défaut de ce disque mon avis, c’est le final, qui se réveille un peu et n’a rien de vraiment conclusif.
✧ extrait : “Talk to Me”
Songs from the Beehive de Move D & Benjamin Brunn est un excellent album où l’on retrouve des sons typiques de… euh, de quel genre en fait ?
D’après RYM, deep house et microhouse. D’après last.fm, techno minimale et IDM (même si le tag le plus utilisé est “minimal” tout court, ah c’est facile aussi !). D’après Resident Advisor, “arthropod-house” ( ? faudra m’expliquer). D’après AllMusic, ambient techno. Boomkat ne se mouille pas et classe tout ça dans “techno/house”. Ouais. Bon. On va peut-être oublier le classement sur ce coup-là (comme sur beaucoup d’autres), même si BenniTHEKING sur RYM me convainc assez en présentant ce disque comme une déconstruction de deep house.
Songs from the Beehive de Move D & Benjamin Brunn est un excellent album où des compositions élégantes et minimalistes dévoilent leur groove au goutte à goutte. C’est presque aussi froid et épars au niveau des structures que de la techno minimale, mais c’est dansant comme de la house… et comme les pistes s’étirent facilement sur dix minutes, de manière très progressive, tout ça prend presque un côté ambient. Les deux artistes combinent le meilleur de plusieurs mondes électroniques et ça fonctionne du tonnerre. L’un des tout meilleurs disques que j’ai pu entendre dans le genre, même si je ne sais toujours pas quel genre c’est !
✧ extrait : “Honey”
Raze of Pleasure, c’est trois musiciens londoniens qui ont sorti cinq EPs de house entre 1992 et 1993 et se sont séparés ensuite. Les trois quarts de leur EP Peace sont excellents… et la quatrième piste semble tout simplement introuvable sur internet. Le seul truc que j’ai pu trouver d’eux sur Soulseek (oubliez Amazon et autres, y’a rien), c’est un autre EP carrément décevant intitulé Sweet Release. Aucune trace de Peace, même si je continue à le chercher. Et je n’y tiens pas au point de dépenser les quatre-vingts euros pour une copie promo sur Discogs, faut pas déconner non plus.
Alors pourquoi persévérer ? De bons EPs de house dans le même genre, il y en a des centaines, des milliers sans doute, je sais que je pourrais trouver mon plaisir ailleurs, et pour être honnête, tous ces artistes se ressemblent assez souvent ! J’ai une kyrielle de disques à ma disposition sur internet, alors pourquoi vouloir à tout prix dénicher les introuvables ?
Mais parce que les trois pistes de Peace qu’on peut écouter sur Youtube ont ce je-ne-sais-quoi de séducteur qui font que j’ai vraiment envie d’y revenir. Les compositions sont nickel, super dansantes sans être putassières, avec un son « début des années 90 » qui a tout le charme et rien du mauvais goût de son époque. Et puis, je ne l’apprendrai à personne, on ne peut jamais véritablement remplacer une composition par une autre…
✧ A1 : “Wilder”
✧ A2 : “Alright”
✧ B1 : “In Control”
✧ B2 : “At One”
No Visible Means de Lou Champagne System : Si vous connaissez Fad Gadget, imaginez-vous un Fad Gadget un peu plus fou, moins présentable, avec moins de post-punk froid et plus de synthés. Si vous ne connaissez pas Fad Gadget, imaginez-vous un projet solo de synth rock/minimal wave (1984) mené par un homme-orchestre qui joue tous les instruments avec un système de pédales… Ça commence par de la tension, des synthés qui font “wwwWWZZZZzzz!” et des rires nerveux, et ça finit par une errance solitaire et désespérée ; entre les deux, il y a des pistes carrément pêchues, et puis deux ou trois ratés aussi.
No Visible Means n’est pas un album incontournable, il est un peu trop kitsch et trop inégal pour jouer dans la cour des grands, mais c’est un album sympathique (malgré, et en partie à cause de, ses défauts). Je l’aime bien.
✧ extrait : “Don’t Say I’m Here”
J’avais beaucoup aimé le premier album quasi-éponyme de Yamantaka // Sonic Titan, sorti en 2011 : un mélange original de prog rock, de noise rock et de stoner psychédélique, inspiré par les théâtres nô et chinois traditionnels. En une demi-heure à peine, sur YT // ST, le groupe s’était essayé avec succès à plein de formules différentes : plutôt pop, plutôt metal, plutôt expérimentales selon les pistes, le groupe avait fait un quasi-sans faute ! Et sans se répéter.
Uzu m’impressionne moins. C’est un album nettement plus cohésif, les pistes ressemblent plus à des mouvements qu’à des compositions individuelles, et les mélodies ne restent pas en tête tout de suite. En fait, je ne sais pas si c’est le cas, mais Uzu ressemble beaucoup à un concept album, à une histoire tragique en plusieurs chapitres qui parlerait de solitude et de grandes forces qui s’opposent… La voix de la chanteuse est constamment mise en avant (ce qui est une bonne idée, elle a une voix parfaite pour ce genre de musique), les guitares sont soit absentes soit massives, et au final, on s’y prend. Ça fonctionne. Mais YT // ST reste un meilleur disque à mon goût : à partir dans tous les sens, il avait plus d’originalité, plus de personnalité. Plus de subtilité aussi, qui fait un peu défaut à Uzu par moments.
✧ extrait : “Whalesong”
On peut faire plein de choses avec du glitch, pour peu qu’on ait un peu d’imagination. Sur (Köhn)² de Köhn, on trouve : une chanson presque chuchotée aux accents intimes dans le style de Kangding Ray (mais sortie sept ans auparavant !), des rythmes dansants déglingués, du minimalisme qui fait mal aux oreilles à la Ryoji Ikeda, de l’ambient de plusieurs types, un instrument à cordes asiatique que je ne sais pas identifier, du bruit, et même une chanson rock !
Est-ce que Köhn y perd à s’éparpiller comme ça ? Oui et non. C’est vrai qu’à la fin de l’album, on ne sait plus trop quoi retenir ; d’un autre côté, ça fait plaisir d’entendre quelqu’un retourner ce genre traditionnellement froid dans tous les sens et en explorer plein de possibilités de manière aussi ludique et imprévisible.
✧ http://kraak.bandcamp.com/album/2
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