dimanche 3 septembre 2017

À l’état naturel

(Article désagréable)


1. L'autre jour, j'ai vu un ver de terre en train de se faire assaillir par des fourmis. Je n'ai aucune idée de ce que ressent un ver, mais c'est horrible d'imaginer se faire déchiqueter petit à petit et dévorer vivant comme ça par une myriade de petites bestioles… J'ai hésité à écraser le ver de terre pour abréger ses souffrances. Mais j'aurais aussi écrasé plein de fourmis qui voulaient se nourrir du même coup. Qu'est-ce qui aurait été le plus éthique ? Comment savoir ? Dans les deux cas, c'est horrible. (Finalement je ne l'ai pas écrasé, mais j'ai regretté de ne pas l'avoir fait.)

2. Dans certains endroits, aux États-Unis notamment, les animaux prolifèrent au point qu'on doit les abattre — au grand dam des défenseurs des animaux… Mais à l'état naturel, une bonne partie de ces animaux seraient morts de faim. Grâce aux humains qui laissent de la nourriture partout, ils ont droit à une vie plus agréable — puis à une mort par balle. Une troisième solution serait sans doute préférable, mais ne vaut-il mieux pas mourir d'une balle que de faim ?

Si l'on pense aussi aux espèces envahissantes, aux fourmis « pots de miel », aux cas d'infanticides, de viols, de violences de toutes sortes… ne voir que la beauté de la nature, ou tempérer en la considérant « cruelle mais belle », me paraît difficile à avaler. La nature est monstrueuse. Par certains côtés, les humains font pire. Par de nombreux autres, ils font mieux. La différence est-elle une question d'intention ? Les humains agissent par intentions — pas toujours les bonnes. La nature est dénuée d'intention ou de quelque conscience que ce soit.

Alors pourquoi ce qui est « naturel » nous paraît-il préférable à ce qui est « artificiel » ?

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