System Error, c’est un projet de Bobby Bird de la Higher Intelligence Agency (un bon groupe d’ambient techno, qui a notamment collaboré avec Biosphere et Pete Namlook), en collaboration avec un certain Brian Duffy (dont je n’ai jamais entendu parler je crois).
Sur Nothing, les musiciens ont utilisé pour unique source sonore des samplers vides… mais le résultat n’a pas grand-chose à voir avec la série des No-Input Mixing Board de Toshimaru Nakamura, encore moins avec le minimalisme radical de Sachiko M : les sons ont été largement modifiés pour former un excellent album d’IDM, avec des accents glitch et ambient. On entend l’influence d’Autechre dans les premières pistes, mais avec plus d’importance accordée aux mélodies et surtout aux atmosphères, un côté presque « musique de film » par moments aussi… puis les pistes se font plus originales, et on finit par oublier le concept d’origine, mais vu la qualité de l’album, ça n’a pas beaucoup d’importance ! J’ai l’impression que ce disque pourrait devenir l’un de mes préférés du genre.
Si vous préférez quelque chose de plus radical dans les sons avec un concept similaire, je peux vous parler un peu de No-Input Mixing Board de Toshimaru Nakamura. Comme le nom l’indique, les pistes de l’album sont enregistrées à partir d’une table de mixage sans entrée, ou dont l’entrée est branchée au canal de sortie… Ne me demandez pas comment ça produit du son, je n’y connais absolument rien ! Mais les résultats sont étonnamment variés. Parfois, ce sont des boucles où des mélodies sortent de je ne sais où, avec juste un petit peu de dissonance et de glitches qui révèlent le caractère « expérimental » du bidule. Parfois, c’est vraiment de l’ambient ou du drone. Parfois, les résultats sont beaucoup plus aggressifs, stridents ou bruitistes.
Toutes ces pistes sont sans titre, numérotées et imprévisibles. Le premier volume de No-Input Mixing Board est sorti en 2000 et est une excellente introduction pour qui voudrait s’approcher du monde de l’onkyo sans trop s’ennuyer ni se casser les oreilles… Le troisième est plus difficile déjà, avec des pistes plus longues, plus abstraites et souvent assez stridentes. Je n’ai pas écouté les autres ; le huitième volume est sorti cette année, il paraît qu’il est bien !
P.S. Au moment où j’écris ces lignes, No-Input Mixing Board [3] est disponible en téléchargement à prix libre (donc gratuit si vous voulez) ! Et le CD n’est pas cher du tout. Si vous aimez, je vous recommande aussi l’éponyme d’I.S.O. sur le même label, lui aussi en prix libre. Et puis l’autre éponyme d’I.S.O., sorti chez Sound Tectonics et enregistré en direct dans un temple, tant qu’à faire.
Beat de Bowery Electric est un mélange de shoegaze, d’ambient et de trip-hop. J’ai trouvé ce disque en cherchant quelque chose qui se rapprocherait de Seefeel (pour rappel, Seefeel est un groupe qui se situe entre shoegaze, IDM et ambient techno)… bon, la ressemblance est ténue ; sur Beat, le shoegaze domine plus largement, et les percussions n’ont pas le même aspect répétitif-hypnotique qu’il y a sur les albums de Seefeel. Mais ça marche aussi.
On a l’impression de planer tout le temps sur ce disque, encore plus que sur les autres disques de shoegaze et de dream pop que j’ai écoutés. Et le final est étonnant, vingt-trois minutes de drone assez sombre… En fait, Beat oscille tout le long entre une musique pop/rock vaporeuse charmeuse, avec une voix féminine sensuelle éthérée (My Bloody Valentine + trip-hop obligent), et une sorte de torpeur morose, un grand vide, un énorme nuage sombre qui plane au-dessus de tout ça. La dernière piste, “Low Density”, présente sept minutes de drones graves et est de loin la piste la plus sombre de l’album ; elle n’est d’ailleurs présente que sur certaines éditions du disque (et de nombreuses versions digitales de l’album l’ont « buggée », avec des sauts).
La seule chose que je reproche à ce disque, c’est d’imiter un peu trop My Bloody Valentine par moments.
D’ailleurs, en parlant de shoegaze, vous pensez quoi du dernier My Bloody Valentine ? Moi, il me plaît ! Surtout la deuxième partie, quand Kevin Shields essaie de nouvelles idées : le côté très pop, planant et accrocheur de “New You”, les rythmes fous et la dissonance d’“In Another Way”, “Wonder 2” qui ressemble à Squarepusher sous drogues dans un avion… et surtout le martèlement ultra-répétitif mais génial de “Nothing Is”, à écouter super fort, c’est un plaisir énorme.
Je n’ai pas grand-chose à dire sur la première partie, pour moi ça ressemble à du My Bloody Valentine classique… et je dois avouer que si j’aime Loveless aujourd’hui (malgré cette foutue “Touched” qui tombe toujours comme un cheveu dans la soupe et m’a longtemps gâché l’album), je n’ai jamais considéré cet album comme un chef d’œuvre. Quant à Isn’t Anything, je ne sais même plus si je l’ai déjà écouté en entier, je sais juste que je n’y ai pas accroché. Bref, si j’aime m b v, c’est peut-être aussi parce qu’il est différent de ce qu’attendais.
Faudrait que je voie ce que Kevin Shields a fait à part ça d’ailleurs, je sais que j’aime beaucoup sa participation sur XTRMNTR de Primal Scream (“Accelerator” ♥ ♥ ♥) !
* Un mot sur la pochette quand même : quel gâchis. Avec un bleu un peu moins saturé et une typographie correcte, elle aurait pu être bien.
Comme l’a fait remarquer un certain monsieur “obsessed” sur rateyourmusic.com, la compilation Ambient 4: Isolationism est une sorte de paradoxe. En fait, si l’on est puriste, le principe même d’une compilation d’ambient est paradoxal : un disque d’ambient est fait pour nous emmener quelque part pour qu’on s’imprègne de l’atmosphère qui y règne, qu’on y prenne notre temps… sans se faire chambouler par des paroles ou des rythmes trop présents, des changements et des événements en tout genres. C’est la constance et l’atmosphère qui font la musique ambient. Du coup, juxtaposer des pistes de plusieurs artistes, qui ont chacun des approches différentes, des outils différents et des styles différents, est une aberration !
Mais le but d’Ambient 4: Isolationism ne semble pas tant être de proposer un séjour sonore qu’un tour du monde à travers les formes sombres et expérimentales de l’ambient. Proposer le plus d’approches différentes possible, surprendre, faire découvrir ce qui se fait dans le genre. J’aurais bien envie de dire que c’est « un disque non-ambient fait de pistes d’ambient », mais en fait, même pas : la compilation déborde allègrement du cadre de l’ambient au sens strict et propose du bruitisme en tous genres, du chant, des rythmes entraînants, Keiji Haino qui gémit, de la musique concrète signée AMM, et un bordel sans nom signé Aphex Twin pour ne citer que trois exemples.
Reste que pour découvrir des artistes et des compositions intéressantes dans le domaine des musiques « abstraites », sombres et expérimentales, Ambient 4: Isolationism est très bon. On y trouve des pistes (inédites semble-t-il) de Seefeel, KK Null, Jim O’Rourke, :zoviet*france:, Labradford, .O.Rang (le groupe du batteur de Talk Talk), Thomas Köner et autres. Le disque date de 1994 et est souvent considéré comme un classique méconnu. Ce qui est un autre paradoxe, mais passons.
Sur Nothing, les musiciens ont utilisé pour unique source sonore des samplers vides… mais le résultat n’a pas grand-chose à voir avec la série des No-Input Mixing Board de Toshimaru Nakamura, encore moins avec le minimalisme radical de Sachiko M : les sons ont été largement modifiés pour former un excellent album d’IDM, avec des accents glitch et ambient. On entend l’influence d’Autechre dans les premières pistes, mais avec plus d’importance accordée aux mélodies et surtout aux atmosphères, un côté presque « musique de film » par moments aussi… puis les pistes se font plus originales, et on finit par oublier le concept d’origine, mais vu la qualité de l’album, ça n’a pas beaucoup d’importance ! J’ai l’impression que ce disque pourrait devenir l’un de mes préférés du genre.
✧ extrait : “Something Strange Has Happened”
Si vous préférez quelque chose de plus radical dans les sons avec un concept similaire, je peux vous parler un peu de No-Input Mixing Board de Toshimaru Nakamura. Comme le nom l’indique, les pistes de l’album sont enregistrées à partir d’une table de mixage sans entrée, ou dont l’entrée est branchée au canal de sortie… Ne me demandez pas comment ça produit du son, je n’y connais absolument rien ! Mais les résultats sont étonnamment variés. Parfois, ce sont des boucles où des mélodies sortent de je ne sais où, avec juste un petit peu de dissonance et de glitches qui révèlent le caractère « expérimental » du bidule. Parfois, c’est vraiment de l’ambient ou du drone. Parfois, les résultats sont beaucoup plus aggressifs, stridents ou bruitistes.
Toutes ces pistes sont sans titre, numérotées et imprévisibles. Le premier volume de No-Input Mixing Board est sorti en 2000 et est une excellente introduction pour qui voudrait s’approcher du monde de l’onkyo sans trop s’ennuyer ni se casser les oreilles… Le troisième est plus difficile déjà, avec des pistes plus longues, plus abstraites et souvent assez stridentes. Je n’ai pas écouté les autres ; le huitième volume est sorti cette année, il paraît qu’il est bien !
P.S. Au moment où j’écris ces lignes, No-Input Mixing Board [3] est disponible en téléchargement à prix libre (donc gratuit si vous voulez) ! Et le CD n’est pas cher du tout. Si vous aimez, je vous recommande aussi l’éponyme d’I.S.O. sur le même label, lui aussi en prix libre. Et puis l’autre éponyme d’I.S.O., sorti chez Sound Tectonics et enregistré en direct dans un temple, tant qu’à faire.
✧ extrait : “NIMB #1”
Beat de Bowery Electric est un mélange de shoegaze, d’ambient et de trip-hop. J’ai trouvé ce disque en cherchant quelque chose qui se rapprocherait de Seefeel (pour rappel, Seefeel est un groupe qui se situe entre shoegaze, IDM et ambient techno)… bon, la ressemblance est ténue ; sur Beat, le shoegaze domine plus largement, et les percussions n’ont pas le même aspect répétitif-hypnotique qu’il y a sur les albums de Seefeel. Mais ça marche aussi.
On a l’impression de planer tout le temps sur ce disque, encore plus que sur les autres disques de shoegaze et de dream pop que j’ai écoutés. Et le final est étonnant, vingt-trois minutes de drone assez sombre… En fait, Beat oscille tout le long entre une musique pop/rock vaporeuse charmeuse, avec une voix féminine sensuelle éthérée (My Bloody Valentine + trip-hop obligent), et une sorte de torpeur morose, un grand vide, un énorme nuage sombre qui plane au-dessus de tout ça. La dernière piste, “Low Density”, présente sept minutes de drones graves et est de loin la piste la plus sombre de l’album ; elle n’est d’ailleurs présente que sur certaines éditions du disque (et de nombreuses versions digitales de l’album l’ont « buggée », avec des sauts).
La seule chose que je reproche à ce disque, c’est d’imiter un peu trop My Bloody Valentine par moments.
✧ extrait : “Beat”
D’ailleurs, en parlant de shoegaze, vous pensez quoi du dernier My Bloody Valentine ? Moi, il me plaît ! Surtout la deuxième partie, quand Kevin Shields essaie de nouvelles idées : le côté très pop, planant et accrocheur de “New You”, les rythmes fous et la dissonance d’“In Another Way”, “Wonder 2” qui ressemble à Squarepusher sous drogues dans un avion… et surtout le martèlement ultra-répétitif mais génial de “Nothing Is”, à écouter super fort, c’est un plaisir énorme.
Je n’ai pas grand-chose à dire sur la première partie, pour moi ça ressemble à du My Bloody Valentine classique… et je dois avouer que si j’aime Loveless aujourd’hui (malgré cette foutue “Touched” qui tombe toujours comme un cheveu dans la soupe et m’a longtemps gâché l’album), je n’ai jamais considéré cet album comme un chef d’œuvre. Quant à Isn’t Anything, je ne sais même plus si je l’ai déjà écouté en entier, je sais juste que je n’y ai pas accroché. Bref, si j’aime m b v, c’est peut-être aussi parce qu’il est différent de ce qu’attendais.
Faudrait que je voie ce que Kevin Shields a fait à part ça d’ailleurs, je sais que j’aime beaucoup sa participation sur XTRMNTR de Primal Scream (“Accelerator” ♥ ♥ ♥) !
* Un mot sur la pochette quand même : quel gâchis. Avec un bleu un peu moins saturé et une typographie correcte, elle aurait pu être bien.
✧ extrait : “In Another Way”
Comme l’a fait remarquer un certain monsieur “obsessed” sur rateyourmusic.com, la compilation Ambient 4: Isolationism est une sorte de paradoxe. En fait, si l’on est puriste, le principe même d’une compilation d’ambient est paradoxal : un disque d’ambient est fait pour nous emmener quelque part pour qu’on s’imprègne de l’atmosphère qui y règne, qu’on y prenne notre temps… sans se faire chambouler par des paroles ou des rythmes trop présents, des changements et des événements en tout genres. C’est la constance et l’atmosphère qui font la musique ambient. Du coup, juxtaposer des pistes de plusieurs artistes, qui ont chacun des approches différentes, des outils différents et des styles différents, est une aberration !
Mais le but d’Ambient 4: Isolationism ne semble pas tant être de proposer un séjour sonore qu’un tour du monde à travers les formes sombres et expérimentales de l’ambient. Proposer le plus d’approches différentes possible, surprendre, faire découvrir ce qui se fait dans le genre. J’aurais bien envie de dire que c’est « un disque non-ambient fait de pistes d’ambient », mais en fait, même pas : la compilation déborde allègrement du cadre de l’ambient au sens strict et propose du bruitisme en tous genres, du chant, des rythmes entraînants, Keiji Haino qui gémit, de la musique concrète signée AMM, et un bordel sans nom signé Aphex Twin pour ne citer que trois exemples.
Reste que pour découvrir des artistes et des compositions intéressantes dans le domaine des musiques « abstraites », sombres et expérimentales, Ambient 4: Isolationism est très bon. On y trouve des pistes (inédites semble-t-il) de Seefeel, KK Null, Jim O’Rourke, :zoviet*france:, Labradford, .O.Rang (le groupe du batteur de Talk Talk), Thomas Köner et autres. Le disque date de 1994 et est souvent considéré comme un classique méconnu. Ce qui est un autre paradoxe, mais passons.
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