mercredi 27 mai 2020

♪ 93 : Cygnes d'amour et échecs pour némésis

Dj Motherfucker – Music Mix (2019)
… Et c'est comme ça (comment ? je ne sais plus) qu'on se met à télécharger et à écouter un truc qui s'appelle Music Mix, signé Dj Motherfucker sur le netlabel québécois Ton doigt dans mon cul, uniquement parce que le titre m'a fait pouffer. Je ne me suis attendue à rien du tout. En l'occurence ce sont deux longues pistes qui mélangent des musiques traditionnelles de coins du monde sans aucun rapport, pas essentiel mais j'aime bien !

Et puis, au bout d'un moment trop long, je me rends compte que la boucle rythmique sur “Water Thai Asian Mix”, c'est de la percussion aquatique : une tradition chez les femmes du Vanuatu et celles du peuple Baka au Cameroun, qui consiste à frapper l'eau à mains nues. Il y a un groupe camerounais qui s'appelle Akutuk et qui se spécialise là-dedans ; elles n'ont pas sorti de disque mais donnent uniquement des concerts. Après, ça a nettement moins de charme de voir un concert dans une piscine plutôt que des enregistrements dans les pays d'origine.

Si vous aimez le concept de croisements entre des musiques de pays complètement différents et que vous en voulez plus, je recommande toujours les Paysages Planétaires de Henri Pousseur !





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Blood Orange – Negro Swan (2018)
Ce que je préfère dans le R&B ou la soul, ce sont ces moments de grâce où l'émotion et le groove se confondent, touchent au corps et au cœur en même temps. Un disque peut tenir parfois uniquement grâce à un passage comme ceux-là.

Negro Swan vise ça tout le temps. D'habitude, je préfère les chanteuses aux chanteurs en r'n'b, mais là, cette sensibilité, ce groove sous-jacent omniprésent, ça me séduit carrément. Le disque fonctionne moins sur l'écriture dans son ensemble que sur les accroches, l'ambiance, avec une retenue presque minimaliste qui donne à tout le disque un air d'intro ou de finale. Et s'il y a bien quelques pistes qui sortent du lot comme “Saint” ou “Nappy Wonder”, c'est vraiment un album qui fonctionne mieux en entier, tant chaque piste est un élément qui tient en équilibre grâce aux autres.


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Clara Iannotta
A Failed Entertainment (2016)
J'aime bien avoir un disque de musiques contemporaines difficiles, dissonantes, auxquelles revenir de temps en temps histoire de me stimuler les oreilles. Ces derniers temps, c'est celui-ci qui me plaît ! Les mélodies et rythmes y paraissent secondaires voire accidentels, les sons sont expressifs, vivants, chacun semble être un geste ou une impulsion qui propulse la musique. À se demander pourquoi j'y accroche alors que l'art de la danse ne me touche pas.

Aucune parole ici mais Iannotta s'est inspirée d'œuvres littéraires : “The people here go mad. They blame the wind” tire son titre d'un poème de Dorothy Malloy, les sons étant inspirés d'une promenade où le vent faisait tinter les carillons. Quant à la piste-titre, “A Failed Entertainment”, c'était le titre provisoire d'Infinite Jest de David Foster Wallace.


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Juliette Porée – Hiss Album (2019)
Au premier plan, des enregistrements d'un quasi-néant, des phonographies empreintes de solitude où tout paraît distant, méconnaissable voire inquiétant. Derrière, tout est habité de présences fantomatiques intrigantes ; des manipulations, des passages passés en boucle ou à l'envers, des échos ou samples lointains, des sons qui posent des questions sans donner de réponses. La troisième piste est carrément hypnotisante, on dirait un voyage dans les Limbes — et on n'a pas envie d'en sortir ! Même les mélodies ici semblent vouloir se dissimuler derrière un voile.

La dernière piste est différente, on rentre à l'intérieur pour une mélodie plutôt intime et mélancolique. Avec parfois le chat de Juliette qui miaule dans le fond.


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Sewerslvt
Draining Love Story (2020)
Ce disque-là est né d'un environnement fluorescent et toxique ; il a beau être instrumental, il mérite plusieurs avertissements sur le contenu (dépression, suicide). Pourtant il est tout sauf pesant ! C'est de la drum'n'bass intense, hallucinée, avec une production impressionnante, paradoxalement jouissive. “Newlove” en particulier est incroyable.


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D. Tiffany – V2M (2018)



L'EP de dance music du mois est plutôt « outsider house », avec un côté rétro et planant ; toutes les pistes sont bonnes mais ma préférée est “Respect the Flute” qui me rappelle les meilleurs passages du Selected Ambient Works 85-92 d'Aphex Twin en plus dansant !


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Bridgit Mendler – Nemesis (2016)
Enfin, si vous aimez les chansons r'n'b plutôt axées pop, je vous recommande cet EP. Quatre chansons, quatre styles différents, rien de révolutionnaire mais c'est du tout bon.

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