Un duo franco-iranien de musique électro-acoustique avec chant, sons électroniques, phonographies et violon. Si la voix de la chanteuse, harmonieuse et comme suspendue, peut avoir des airs de légèreté, l'environnement dans lequel elle évolue est un tumulte, au mieux simplement agité, parfois violent. Les enregistrements pris dans les deux pays ancrent la musique dans le monde réel quitte à la brusquer (de quoi faire réfléchir à la place de la musique dans le monde ? quelque chose d'intangible, fugace, futile, et pourtant sans ça tout serait tellement plus froid ?) ; le violon, lui, relie les deux et fait autant écho à la sensibilité du chant qu'à la tension et à la violence des éléments plus bruitistes. C'est un élément structurant, parfois il ne fait que renforcer l'anxiété que l'on ressent, parfois il va plutôt du côté de la mélancolie.
Isthmus fait quatre pistes pour trente-cinq minutes ; c'est assez court et je pense que le groupe a encore du potentiel à développer, mais leur son est déjà saisissant.
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Kenny Larkin – Azimuth
(Warp, 1994) |
Ma meilleure découverte du mois. C'est de la Detroit techno de génie avec des courtes boucles rythmiques (qui me font penser à Robert Hood, dont il faudra que je parle aussi par ailleurs), des développements mélodiques quasi-ambient techno, des pistes à la Carl Craig mais en encore mieux, une ambiance futuriste-spatiale, des polyrythmes et autres expérimentations. Peut-être mon disque préféré du genre pour le moment.
Il paraît que l'album suivant est encore meilleur, je l'écouterai mais j'ai du mal à imaginer.
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Du rock à écouter la nuit. Avec cette basse qui s'entend parfois plus que la guitare, ces saxophones sur quelques titres, et surtout ce chant mi-parlé mi-chanté, qui sans aller jusqu'à la froideur d'autres groupes français (Diabologum, Mendelson) donne aux chansons une allure introspective.
Far from the Pictures joue entre deux pôles, et serait loin de fonctionner aussi bien s'il penchait résolument côté rock (comme sur “Idiotic”, un des meilleurs titres et pourtant tout un album comme ça aurait pu être un peu artificiel ou manquer de souffle) ou côté intimiste (“La chambre”, belle, plus naturelle avec son texte parlé en français, mais tout un album comme ça aurait pu devenir lassant). Rodolphe Burger a un accent français sacrément marqué, qui marche plus ou moins bien selon les pistes mais que j'aime beaucoup en général. (Le rock parlé fonctionne-t-il naturellement mieux en français et le rock chanté en anglais ? Je n'en sais rien.)
(Aujourd'hui je pourrais donc enfin répondre à la question « quel artiste connu vient de votre ville natale ? » sans avoir à rougir.)
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808 State – 90
(ZTT, 1989) |
C'est vrai que le monde de la musique électronique et celui de la pop ont des conventions différentes, mais honnêtement,
90 cartonne peu importe le barème utilisé. De l'acid house expérimentale et accrocheuse, une idée différente par piste, c'est réjouissant d'entendre ce groupe s'inspirer du hip hop de l'époque (1989) avec des voix de dictée magique, tester des sons orientalisants, sampler Cybotron avec bonheur… il y a peut-être même quelques passages qui annonceraient la trance, mais là je m'avance peut-être un peu. Le tout avec d'excellentes mélodies. Moins de quarante minutes, pas une de gaspillée : un classique.
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The Mars Volta – The Bedlam in Goliath
(Universal, 2008) |
Cet album est sorti il y a dix ans et je me fiche complètement de ce genre d'anniversaire, mais comme RYM en a parlé pour l'occasion j'en ai profité pour le réécouter aussi. The Mars Volta reste mon groupe de prog préféré, d'assez loin même (à moins de compter Tool dans le genre) ; parmi les autres grands noms du genre, il y en a quand même un bon paquet qui me laissent de marbre ou me gonflent vaguement avec leurs froufrous et leurs arabesques vaniteuses(*).
Alors que
The Bedlam in Goliath, c'est un déluge de tubes. Honnêtement. Il ne laisse pas une seconde pour souffler et est tellement accrocheur que ses 75 minutes passent comme un paquet de cacahouètes, tant pis pour les allergiques ; il ne commence à pêcher qu'à partir de la huitième piste, où certains passages ralentissent le rythme et s'égarent un peu, mais il n'y a pas une seule piste qui n'ait pas son moment fort. Une telle intensité, ça force le respect et surtout ça me fait toujours autant plaisir.
(* Je sais, je dis ça alors que
Frances the Mute — que je considère comme un vrai chef d'œuvre — traîne un sacré paquet de passages vaguement atmosphériques que l'on peut en toute bonne foi trouver vains et ennuyeux. Mais ce disque garde sa cohérence à mes oreilles, alors que d'autres passent continuellement du coq à l'âne rien que pour épater la galerie. Genre
Close to the Edge de Yes, c'est un très bon disque, mais dont l'ambition principale reste quand même de péter plus haut que n'importe quel cul et qui m'épuiserait s'il durait plus que ses 38 minutes. C'est ce que je ressens en tout cas. Peut-être que mon ressenti est de mauvaise foi.)
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En 2003, la Britannique Mileece Abson sort un petit disque réalisé avec des programmes qu'elle a écrit elle-même et qui s'inspirent de formations naturelles comme la croissance des plantes ou la structure des flocons de neige. Ce qui se traduit par de l'ambient très organique plein de petites touches, des berceuses pointillistes qui font entendre une forme de vie à travers les sons synthétiques ; seule la dernière piste apporte une présence humaine directe, avec du chant et du violon. C'est joli comme tout.
Et ça donne envie d'en entendre davantage, sauf que Mileece est une des artistes les moins prolifiques qui existent ; depuis
Formations, elle n'a sorti qu'une ou deux pistes pour des compilations et une installation du nom de
Sonic Garden où des senseurs convertissent les données émises par des plantes en sons pour générer de la musique (les visiteurs pouvaient notamment toucher les plantes pour faire de la musique). Ça peut être un peu frustrant, mais à la réflexion je préfère ça aux discographies qui se répandent dans tous les sens au point de décourager.
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