Possession de God est un album de rock (quasi-metal) industriel mêlé de free jazz. 68 minutes qui sentent la sueur et l'inspiration, un son brutal et magnifique ; les percus sont répétitives, mais les saxophones et les guitares sont carrément en feu, ça bouge avec une énergie folle.
Y'a Justin Broadrick de Godflesh dessus. Et Kevin Martin de 16-17 et Techno Animal. Et John Zorn sur trois pistes. Si ce disque vous tente, je vous le conseille.
Jose Acuña est un artiste du Costa Rica touche-à-tout et plutôt ambitieux, qui a pas moins de quatre projets solo en cours : EUS (dark ambient), Claro de Luna (post-rock), Ett Abigail (expérimentations sonores) et Lioth (metal industriel).
Je n'ai pas tout écouté de lui mais j'aime tout particulièrement Aexta, troisième disque d'Ett Abigail. Présenté comme une exploration de textures avant tout, c'est un album proche de la noise music par quelques aspects mais particulièrement soigné, sans le côté sale, sauvage et chaotique quasi-inhérent au genre ; ici les pistes sont denses mais composées de façon claire, elles n'ignorent jamais ni les atmosphères, ni les rythmes, ni les mélodies. On peut aussi l'entendre différemment, presque comme un album de techno, mais avec une tout autre palette sonore que les sons habituels. Par moments, ça me fait un peu penser à KK Null, mais en plus structuré ; ou dans la démarche à ce que faisait Aube, mais sans le côté minimaliste et contraignant de la source sonore unique. Très bon album en tout cas, à écouter.
En plus, il est en téléchargement à prix libre.
Äussere de Jung an Tagen est une drôle de petite musique au synthé qui semble atteinte de troubles obsessionnels compulsifs. Elle commence, s'arrête, reprend, hésite, insiste, s'arrête de nouveau, recommence un peu différement, etc. Ça donne un rythme bizarre qui peut agacer ou amuser, en tout cas ça change de l'ordinaire ! Quelques mélodies sont bien trouvées, d'autres passages sont dissonants mais ludiques ; la palette sonore est limitée mais ça fonctionne très bien comme ça.
Sur la longueur, ce n'est pas un disque extraordinaire (c'est surtout le début qui est mémorable), plutôt une curiosité, mais une curiosité assez sympathique et originale pour mériter qu'on parle d'elle.
Donc là je suis dans une période stoner, et entre Welcome to Sky Valley, Dopes to Infinity, Dopesmoker et un peu de Black Sabbath (que j'avoue connaître encore mal), je tombe sur cet album : Cuckoo Live Life Like Cuckoo de Hey Colossus. OK, c'est pas vraiment du stoner, c'est plutôt un mélange de sludge et de rock psychédélique, mais qu'importe. Stoner, sludge, space rock, heavy psych, j'aime bien tous ces trucs-là.
Hey Colossus, donc, c'est un groupe de huit britanniques qui ont un son efficace et joyeusement décalé. Les pistes ne se ressemblent pas, il y a des superpositions de sons inattendues qui font des contrastes intéressants (surtout des synthés — mais quand on est huit, on peut se permettre pas mal de choses, il y a aussi du saz notamment !), ça lorgne assez souvent vers d'autres genres comme le post-rock, et surtout le chanteur est parfait avec son style mi-sérieux, mi-loufoque qui manque de partir en vrille tout le temps.
Ce disque n'est pas pour les puristes, mais c'est aussi pour ça qu'il est intéressant. Il ne détrônera pas les grands du genre, mais il est plus que sympathique. Je recommande donc. (Les gens sur RYM manquent d'enthousiasme, faudrait les réveiller un peu.)
Kevin Drumm continue à sortir des disques à la pelle, et je continue à les aimer. Le dernier que j'ai écouté, c'est Wrong Intersection, un album monopiste qui donne dans la narration sonore mi-abstraite. À savoir (mais la pochette et le titre m'influencent sans doute) : se tromper de chemin et se retrouver, la nuit, complètement perdu(e) dans un coin inconnu de la ville. Avec des voitures qui passent mais personne aux alentours, un labyrinthe bordé de grands murs en béton et de terrains vagues avec des herbes folles qu'on ne distingue pas très bien, le vent et surtout le bourdonnement des lignes électriques omniprésentes. La piste n'est pas monolithique, en fait elle est plutôt variée et présente une bonne partie des styles de l'artiste : bruit (assez modéré), drones, enregistrements de bruits ambiants. Wrong Intersection ne fait pas forcément partie des indispensables de Kevin Drumm*, mais c'est un bon disque.
* Personnellement, je retiens en priorité : Imperial Distortion (drones miséreux apocalyptiques) et Sheer Hellish Miasma (grand disque de noise), puis Comedy (boucles répétitives), Tannenbaum (drones clairs hivernaux) et Land of Lurches (autre très bon disque de noise).
Pendant ce temps-là, au Japon, les gars de Hijokaidan (un des noms les plus connus du noise japonais, groupe actif depuis les années 80 et que je ne connais pas vraiment) ont un side-project en collaboration avec Hatsune Miku. Vous savez, la chanteuse japonaise virtuelle mignonne avec ses cheveux turquoise ! Ça s'appelle (logiquement) Hatsune Kaidan, et c'est… de la J-pop classique, franchement naïve, avec un peu de bruit en fond sonore (qu'on pourrait supprimer sans que ça change grand chose au final). Déception. Ça vire même à la niaiserie foutegueulesque quand ils reprennent “Sunday Morning” du Velvet Underground. Il y avait du potentiel pourtant !
Si vous voulez de bons disques qui font s'entrechoquer pop dansante et bruit qui décape, écoutez plutôt Discopathology de Noise/Girl ou While You Were Out de Kazumoto Endo. Si vous aimez le breakcore débilo-délirant avec des samples de dessins animés japonais, écoutez CDR (Hikaru Tsunematsu)*. J'aurais aimé vous proposer d'autres alternatives, parce qu'il doit y en avoir, mais je n'en ai pas trouvées encore. Damnation.
* Qui aime tellement le n'importe quoi qu'il a sorti récemment un album de reprises d'Aphex Twin a capella complètement bourré. Ce qui, pour le coup, n'a vraiment aucun intérêt.
Vortices de Ueno Masaaki est un EP de techno industrielle brutale, sorti chez raster-noton (label de choix pour celles et ceux qui aiment les musiques électroniques minimalistes, ultra-propres et efficaces, techno et glitch en priorité).
Ce disque, c'est l'attaque des machines en quatre salves et douze minutes, un son qui sature à fond mais calibré au micron près, des sons d'imprimante-mitraillette qui crache des gouttes d'acide, une broyeuse géante qui se met à tout réduire en lanières, des lasers qui font tout exploser méthodiquement selon une grille rectiligne. Ce genre de trucs. Enfin, sans le côté ridicule.
Struktura de Strië est un album d'ambient conceptuel où chaque piste est inspirée par une peinture du vingtième siècle. La musique me paraît davantage basée sur des impressions et des expériences formelles que sur des mélodies ou des sentiments ; si les sons (classiques pour de l'ambient) sont loin d'être froids, les compositions donnent une impression d'ambiguité, de voir des couleurs et matériaux sonores familiers agencés de manière différente et présentés sous un angle inhabituel.
Le disque est avare d'informations ; en fait, il n'y en a aucune sur la musique même, et si les noms des pistes sont celles des peintures qui les ont inspirées, c'est à nous de chercher les artistes correspondants. “The Steamer Odin” se retrouve facilement, mais “Untitled 1956” ou “Foxes”… à vous de voir !
Très bel album en tout cas, que j'ai écouté souvent ces derniers temps.
(Je l'ai ajouté à mon tableau de recommendations ambient, si ça vous intéresse je la mets à jour régulièrement : http://zimina.net/ambient.jpg)
Et puis j'ai écouté des classiques de soul et funk, des genres que je découvre encore donc j'en reparlerai plus tard.
(Ce premier album de Funkadelic est vraiment bien en tout cas !)
Y'a Justin Broadrick de Godflesh dessus. Et Kevin Martin de 16-17 et Techno Animal. Et John Zorn sur trois pistes. Si ce disque vous tente, je vous le conseille.
Jose Acuña est un artiste du Costa Rica touche-à-tout et plutôt ambitieux, qui a pas moins de quatre projets solo en cours : EUS (dark ambient), Claro de Luna (post-rock), Ett Abigail (expérimentations sonores) et Lioth (metal industriel).
Je n'ai pas tout écouté de lui mais j'aime tout particulièrement Aexta, troisième disque d'Ett Abigail. Présenté comme une exploration de textures avant tout, c'est un album proche de la noise music par quelques aspects mais particulièrement soigné, sans le côté sale, sauvage et chaotique quasi-inhérent au genre ; ici les pistes sont denses mais composées de façon claire, elles n'ignorent jamais ni les atmosphères, ni les rythmes, ni les mélodies. On peut aussi l'entendre différemment, presque comme un album de techno, mais avec une tout autre palette sonore que les sons habituels. Par moments, ça me fait un peu penser à KK Null, mais en plus structuré ; ou dans la démarche à ce que faisait Aube, mais sans le côté minimaliste et contraignant de la source sonore unique. Très bon album en tout cas, à écouter.
En plus, il est en téléchargement à prix libre.
Äussere de Jung an Tagen est une drôle de petite musique au synthé qui semble atteinte de troubles obsessionnels compulsifs. Elle commence, s'arrête, reprend, hésite, insiste, s'arrête de nouveau, recommence un peu différement, etc. Ça donne un rythme bizarre qui peut agacer ou amuser, en tout cas ça change de l'ordinaire ! Quelques mélodies sont bien trouvées, d'autres passages sont dissonants mais ludiques ; la palette sonore est limitée mais ça fonctionne très bien comme ça.
Sur la longueur, ce n'est pas un disque extraordinaire (c'est surtout le début qui est mémorable), plutôt une curiosité, mais une curiosité assez sympathique et originale pour mériter qu'on parle d'elle.
Donc là je suis dans une période stoner, et entre Welcome to Sky Valley, Dopes to Infinity, Dopesmoker et un peu de Black Sabbath (que j'avoue connaître encore mal), je tombe sur cet album : Cuckoo Live Life Like Cuckoo de Hey Colossus. OK, c'est pas vraiment du stoner, c'est plutôt un mélange de sludge et de rock psychédélique, mais qu'importe. Stoner, sludge, space rock, heavy psych, j'aime bien tous ces trucs-là.
Hey Colossus, donc, c'est un groupe de huit britanniques qui ont un son efficace et joyeusement décalé. Les pistes ne se ressemblent pas, il y a des superpositions de sons inattendues qui font des contrastes intéressants (surtout des synthés — mais quand on est huit, on peut se permettre pas mal de choses, il y a aussi du saz notamment !), ça lorgne assez souvent vers d'autres genres comme le post-rock, et surtout le chanteur est parfait avec son style mi-sérieux, mi-loufoque qui manque de partir en vrille tout le temps.
Ce disque n'est pas pour les puristes, mais c'est aussi pour ça qu'il est intéressant. Il ne détrônera pas les grands du genre, mais il est plus que sympathique. Je recommande donc. (Les gens sur RYM manquent d'enthousiasme, faudrait les réveiller un peu.)
Kevin Drumm continue à sortir des disques à la pelle, et je continue à les aimer. Le dernier que j'ai écouté, c'est Wrong Intersection, un album monopiste qui donne dans la narration sonore mi-abstraite. À savoir (mais la pochette et le titre m'influencent sans doute) : se tromper de chemin et se retrouver, la nuit, complètement perdu(e) dans un coin inconnu de la ville. Avec des voitures qui passent mais personne aux alentours, un labyrinthe bordé de grands murs en béton et de terrains vagues avec des herbes folles qu'on ne distingue pas très bien, le vent et surtout le bourdonnement des lignes électriques omniprésentes. La piste n'est pas monolithique, en fait elle est plutôt variée et présente une bonne partie des styles de l'artiste : bruit (assez modéré), drones, enregistrements de bruits ambiants. Wrong Intersection ne fait pas forcément partie des indispensables de Kevin Drumm*, mais c'est un bon disque.
* Personnellement, je retiens en priorité : Imperial Distortion (drones miséreux apocalyptiques) et Sheer Hellish Miasma (grand disque de noise), puis Comedy (boucles répétitives), Tannenbaum (drones clairs hivernaux) et Land of Lurches (autre très bon disque de noise).
Pendant ce temps-là, au Japon, les gars de Hijokaidan (un des noms les plus connus du noise japonais, groupe actif depuis les années 80 et que je ne connais pas vraiment) ont un side-project en collaboration avec Hatsune Miku. Vous savez, la chanteuse japonaise virtuelle mignonne avec ses cheveux turquoise ! Ça s'appelle (logiquement) Hatsune Kaidan, et c'est… de la J-pop classique, franchement naïve, avec un peu de bruit en fond sonore (qu'on pourrait supprimer sans que ça change grand chose au final). Déception. Ça vire même à la niaiserie foutegueulesque quand ils reprennent “Sunday Morning” du Velvet Underground. Il y avait du potentiel pourtant !
Si vous voulez de bons disques qui font s'entrechoquer pop dansante et bruit qui décape, écoutez plutôt Discopathology de Noise/Girl ou While You Were Out de Kazumoto Endo. Si vous aimez le breakcore débilo-délirant avec des samples de dessins animés japonais, écoutez CDR (Hikaru Tsunematsu)*. J'aurais aimé vous proposer d'autres alternatives, parce qu'il doit y en avoir, mais je n'en ai pas trouvées encore. Damnation.
* Qui aime tellement le n'importe quoi qu'il a sorti récemment un album de reprises d'Aphex Twin a capella complètement bourré. Ce qui, pour le coup, n'a vraiment aucun intérêt.
Vortices de Ueno Masaaki est un EP de techno industrielle brutale, sorti chez raster-noton (label de choix pour celles et ceux qui aiment les musiques électroniques minimalistes, ultra-propres et efficaces, techno et glitch en priorité).
Ce disque, c'est l'attaque des machines en quatre salves et douze minutes, un son qui sature à fond mais calibré au micron près, des sons d'imprimante-mitraillette qui crache des gouttes d'acide, une broyeuse géante qui se met à tout réduire en lanières, des lasers qui font tout exploser méthodiquement selon une grille rectiligne. Ce genre de trucs. Enfin, sans le côté ridicule.
Struktura de Strië est un album d'ambient conceptuel où chaque piste est inspirée par une peinture du vingtième siècle. La musique me paraît davantage basée sur des impressions et des expériences formelles que sur des mélodies ou des sentiments ; si les sons (classiques pour de l'ambient) sont loin d'être froids, les compositions donnent une impression d'ambiguité, de voir des couleurs et matériaux sonores familiers agencés de manière différente et présentés sous un angle inhabituel.
Le disque est avare d'informations ; en fait, il n'y en a aucune sur la musique même, et si les noms des pistes sont celles des peintures qui les ont inspirées, c'est à nous de chercher les artistes correspondants. “The Steamer Odin” se retrouve facilement, mais “Untitled 1956” ou “Foxes”… à vous de voir !
Très bel album en tout cas, que j'ai écouté souvent ces derniers temps.
(Je l'ai ajouté à mon tableau de recommendations ambient, si ça vous intéresse je la mets à jour régulièrement : http://zimina.net/ambient.jpg)
Et puis j'ai écouté des classiques de soul et funk, des genres que je découvre encore donc j'en reparlerai plus tard.
(Ce premier album de Funkadelic est vraiment bien en tout cas !)
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