jeudi 7 août 2014

test de jeu vidéo n° 38 : Deadly Premonition

(À lire d’un ton emphatique.)


Mademoiselle, madame ou monsieur [insérer votre nom complet ici].


Je vous prie d’agréer mes sincères salutations !
Aujourd’hui, je vais vous parler de Deadly Premonition.

Ce jeu vidéo est sorti sur Xbox 360, Playstation 3 et PC.
Par les critiques, hélas, il fut très souvent mal noté.

« En jaune sur Metacritic ! », pensez-vous peut-être : « Qu’ai-je donc à faire d’un tel navet ? »
Mais — vous vous en doutez — si je vous en parle, c’est qu’il a de l’intérêt.

S’il fut mal reçu, c’est en partie car, d’un point de vue technique,
Le jeu de Swery 65 est franchement assez catastrophique.

Cependant, plutôt qu’une œuvre bien réalisée mais sans originalité, fadasse,
Deadly Premonition, malgré ses tares, regorge d’aspects badass.

Il a de l’originalité, du charme, et un bon scénario.
Cela suffit-il donc à faire oublier ses défauts ?

Hé bien non ! Pas du tout ! Ne nous voilons pas la face,
Deadly Premonition a souvent des allures de vulgaire farce.

Et pourtant, pour certains, c’est un jeu culte improbable,
Qui, malgré, mais aussi grâce à ses défauts, est assez mémorable.


Dans la petite ville paisible américaine de Greenvale,
Vivait une certaine Anna, adolescente blonde et belle.

Un jour, on la retrouve suspendue à un arbre, éventrée.
Mais qui donc aurait pu commettre une telle atrocité ?

C’est là qu’entre en scène Francis York Morgan, le héros :
Agent du FBI aux méthodes singulières, c’est un sacré barjo !

Ignorant ses collègues, York fait plus que tout confiance à son intuition,
À son ami imaginaire, et à la voyance dans son café (étrange superstition).

Il fait assez souvent preuve d’arrogance,
Et semble (au début) n’arriver à ses fins que par chance.

Les autres personnages sont parfois sympathiques,
Parfois bizarroïdes, parfois encore comiques.

Certains sont ridicules au point de faire peur,
Ou d’agacer vraiment, comme Keith le vendeur-rockeur.

Brian le fossoyeur insomniaque, quant à lui, semble tout droit sorti d’un Zelda.
Heureusement que les policiers sont plus réalistes — j’ai nommé George, Emily et Thomas.

Vous n’incarnez pas York, mais Zach, son ami imaginaire,
Qui l’aide à prendre des choix quand il ne sait pas quoi faire.


L’ambiance du jeu est souvent réussie mais inégale, chaotique,
Et on peut dire la même chose de ce qui touche à son esthétique.

Si les scènes de meurtres en particulier sont véritablement horrifiques,
Elles sont parfois suivies d’absurdités involontairement comiques.

Les cris des zombies sont de parfaitement ridicules « NYEUUUH ! »,
Et la modélisation et l’animation rappellent l’époque de la PS2.

Si les musiques sont pour la plupart agréables, et même souvent impec,
Que dire de celle-ci : http://www.youtube.com/watch?v=rzvXBFwcyek ?

Comme tous les fans du jeu, je l’aime beaucoup, je ne peux pas dire qu’elle soit ratée,
Mais dans un survival horror sérieux, elle serait quelque peu déplacée.

C’est à se demander si ce grotesque n’est pas parfois assumé,
Et à vrai dire, cela rajoute du charme à ce jeu bien chtarbé.

Si vous voulez savoir pourquoi j’écris avec ces rimes à deux sous,
Veuillez donc regarder la cinématique ci-dessous :



Cette scène représente bien l’étrange mélange qu’est Deadly Premonition.
Et vous savez quoi ? Certains fans ont essayé ce sandwich… et l’ont trouvé bon !

En vérité, le sandwich lui-même pourrait représenter le jeu :
Du grand n’importe quoi, qui étonnamment, n’est pas dégueu.


Deadly Premonition est inspiré par Twin Peaks et y fait souvent référence,
Allant de temps en temps jusqu’à copier cette série culte à outrance.

Mais si York a des allures de clone de Dale Cooper,
L’histoire, elle, est originale et a sa propre saveur.

(On pourrait également citer Silent Hill parmi ses inspirations,
Mais rares sont les survival horror aujourd’hui à éviter cette comparaison !)


Deadly Premonition est un jeu à histoire, il ne brille pas par son gameplay ;
Ce n’est vraiment pas un défi que de descendre les zombies au pistolet.

Ils sont lents et stupides, ce ne sont qu’une distraction ;
Et leurs « NYEUUUH ! » risibles manquent souvent de briser l’immersion.

Les énigmes, quant à elles, sont franchement bêbêtes,
À aucun moment Deadly Premonition ne vous donnera mal à la tête.

Quant au grand méchant qui fait peur, c’est fort malheureux,
Mais j’ai vite fini par le surnommer « Monsieur QTE ».

Le plus grand défaut du jeu, pour moi, c’est le monde ouvert mal géré :
Trop vide, trop grand, et vraiment fastidieux à explorer.

Ma première journée libre à Greenvale fut un véritable fiasco ;
Ne trouvant plus mon hôtel, dans une grange perdue je dus faire dodo.

La ferme à côté était vide, avec ma voiture pourrave j’avais dû en défoncer l’entrée,
Et j’écopai d’un malus de 20 dollars au réveil parce que mon costume était tout crotté !

Toute la journée d’avant, les magasins étaient fermés, j’avais trouvé portes closes
Et gaspillé toute l’essence de mon véhicule pour vraiment pas grand chose.

Pis : la station service, à cette heure-là, était fermée,
Et je dus m’arrêter en panne sèche sur un bas-côté.

J’ai surtout râlé à cause de la carte : impossible de dézoomer pour la voir en entier !
J’ai même pensé à mettre sur pause, à la chercher sur internet et à l’imprimer.

À ce moment seulement, ce jeu m’a démotivé.
Heureusement, avec l’habitude, les choses se sont arrangées.

Je vous conseille de mémoriser les routes, chicanes et pentes
Et d’aller acheter chez le Général une auto plus performante.

Vivre à Greenvale, en fait, ressemble à la vraie vie :
On bourlingue, on bosse, on mange, on dort et on se divertit.

On peut changer de costume, se laisser pousser la barbe ou se raser — pourquoi pas ?
Ça ne sert pas à grand chose, certes, mais le souci du détail était là.


Bref. Deadly Premonition, navet ou jeu génial ?
Jeu raté ou admirable ? Les deux, mon général !

Bien pensée, prenante, originale, grotesque, foireuse et incongrue,
L’expérience « bipolaire » de Greenvale vaut le coup d’être vécue.

Ce jeu est audacieux et n’avait pas les moyens de ses ambitions.
On sent qu’il a été fait avec maladresse et passion.

Notez également qu’il ne coûte que vingt euros.
Et très honnêtement, moi, je trouve qu’il les vaut.

Il vous faudra une vingtaine d’heures pour en venir à bout,
Il y a des quêtes secondaires aussi, perso, je n’ai pas fait tout.

La version PS3, “The Director’s Cut”, est augmentée :
Plus de quêtes annexes, plus de cinématiques, des graphismes améliorés.

Ce test en rimes foireuses et badines arrive à sa conclusion.
C’était terriblement lourd, je m’en excuse, et vous remercie de votre attention.


Ainsi écrivis-je en imitant M. Tillotson.

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