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XXVI.
Page 82, il y avait un mot que je connaissais pas et que j’ai essayé de retenir pour le chercher dans le dictionnaire plus tard. Manque de pot, ma mémoire me dit maintenant que ce mot est « prolopoménie ». Ce qui n’existe pas, ou du moins pas en dehors de ma mémoire défectueuse. Maintenant j’ai un faux mot qui ne me sert à rien, et un vrai mot que j’ai oublié et dont je ne connais toujours pas le sens. C’est malin.
(… Même s’il s’agissait sans doute d’un mot prétentieux et peu utile.)
XXVII.
Le mot suédois “tätatät” vient du français. Prononcez-le (le ä se prononce /ɛ/, comme un « è » en français) : oui, c’est bien ça que ça veut dire ! Ce mot est merveilleux.
XXVIII.
Le saviez-vous ? S’étirer quand on baille, ça s’appelle « pandiculer ». C’est un mot assez peu utile, à part éventuellement pour insulter quelqu’un en rimes vulgaires.
XXIX.
Je crois bien que les mots « hurluberlu » et « roploplo » sont les plus sympathiques que je connais en français. Ce dernier ne figure pas dans tous les dictionnaires, mais il existe quand même. Si, je l’ai entendu ! Enfin, si vous ne me croyez pas, remplacez-le par « raplapla ». Mais c’est moins rigolo que « roploplo ».
XXX.
Le fait que le mot « littérature » s’écrit avec un seul T en anglais (“literature”) ne me dérange pas du tout. Je m’en souviens bien et je ne crois pas avoir déjà confondu les deux orthographes. Par contre, le fait que « bandana » s’y écrive avec deux N (“bandanna”) me dérange, ce N me fait toujours l’effet d’une faute de frappe. C’est sans doute dû au fait que la langue évolue naturellement vers le plus court, le plus simple ?
… Sauf qu’il m’arrive aussi très souvent de me tromper et d’écrire « language » en français au lieu de « langage », par analogie avec l’anglais. Peut-être parce que je rencontre le mot anglais plus souvent que le français, peut-être aussi parce qu’un G dur suivi d’un U paraît naturel en français.
Au fait, évitez d’écrire “litterature” en anglais, ça forme un jeu de mots involontaire avec “litter” (les déchets).
XXXI.
Je ne sais plus dans quel livre j’ai retrouvé « bec de gaz » récemment et ça m’a fait un drôle d’effet. C’est une locution nominale que je connaissais depuis mon enfance mais… je l’avais complètement oubliée. Et ça m’a fait bizarre de perdre un mot qui me paraissait aussi courant. Je ne sais plus du tout où je l’avais entendu la première fois (dans une vieille BD, genre Tintin, peut-être ?). Combien d’autres mots ai-je oubliés depuis ?
XXXII.
« Pharmakon » (φάρμακον) est un mot grec étonnant : il signifie à la fois « remède » et « poison ». Soit un contronyme (mot signifiant à la fois une chose et son contraire), ce que je n’aime pas d’habitude… À ceci près que ce sont souvent effectivement les mêmes substances qui soignent et qui font du mal, selon la dose. Est-ce bien un contronyme, du coup ?
« Pharmakon » signifie aussi « bouc émissaire », mais là, je ne vois plus du tout le rapport.
XXXIII.
Le mot « acrasie » est assez peu usité, pourtant il dénote quelque chose de très courant : le fait d’agir à l’encontre de son propre jugement (manger un gâteau alors qu’on fait un régime, procrastiner alors qu’on sait qu’on manquera de temps…). Il est vrai qu’on parle souvent de faiblesse à la place. Mais « faiblesse », c’est un peu vague et un peu… faible, non ?
XXXIV.
Le mot « mirabilis » a quelque chose de captivant — un peu comme ce dessin-illusion où l’on peut aussi bien voir une vieille femme qu’une jeune femme, il me fait autant penser à « admirable » qu’à « misérable » (ou plutôt « misérabilisme »). En latin, c’est bien « admirable » qu’il signifie, et c’est le nom d’une fleur…
XXXV.
« Faire long feu » et « ne pas faire long feu » signifient la même chose. Ou pas. À voir ce qu’en disent les correcteurs du Monde, il vaut sans doute mieux éviter cette expression, elle est parfaitement ambigue.
XXXVI.
Le fait que le mot « alsatique » existe m’agacerait presque. Ça désigne les livres qui parlent de l’Alsace, et il y a dans beaucoup de librairies alsaciennes un rayon « alsatiques » (parfois très étendu)… Mais y a-t-il des mots correspondants pour les autres régions ? Ou cette région est-elle plus attachée à elle-même que les autres ?
(La raison pour laquelle ça m’agace est tout à fait irrationnelle et injustifiée — c’est parce que ça m’agace de trouver tant d’alsatiques qui ne m’intéressent pas et si peu de choix en romans qui m'intéresseraient dans certaines librairies et bibliothèques…)
XXXVII.
En anglais, on peut dire “touché!” quand quelqu’un marque un point dans un argument. Ça vient de l’escrime, il paraît. Je n’ai jamais entendu qui que ce soit le dire en français mais je le fais parfois quand même, ça me paraît plus vivant que de dire « tu marques un point »… Est-ce un anglicisme, du coup ?