lundi 7 mai 2007

le monde

le monde est un endroit. comme dans beaucoup d'endroits, des gens y vivent et y souffrent. pas de chance : ces gens, c’est nous.

le monde est aussi un journal. un journal est plat, imprimé en noir, et contient des choses inquiétantes ou déprimantes qui se passent dans le monde. le monde est donc plat, noir, inquiétant, déprimant et ne parle que de lui-même. c’est bien parti, les ami
s.

examinons néanmoins de plus près certaines régions du monde et leurs particularités, histoire de rêver un peu d’être autre part.



1. la chine


la chine est un pays peuplé de chinoises et de chinois, ce qui est assez curieux. en effet, wikipedia nous apprend ceci au sujet des chinois :
“Le chinois est un ustensile de cuisine. C’est une passoire fine, généralement conique, utilisée en particulier pour passer (c’est-à-dire filtrer) les sauces. On distingue le chinois traditionnel du chinois étamine, constitué d'un tamis.”
le chinois traditionnel typique ressemble à ceci : 簡筆字香港國際機 ce qui semble effectivement très fin, mais relativement peu cônique. le chinois étamine typique est beaucoup plus tridimensionnel :


les chinoises ont, quant à elles, une morphologie très différente des chinois (qu’ils soient traditionnels ou étamine). voici un couple composé d’une chinoise et d’un chinois :


il est à noter que la chine est un pays extrêmement peuplé. nous pouvons donc en déduire que les ustensiles de cuisine appellés “chinois” sont plus doués pour la reproduction que les mâles des autres pays.





2. la charente

la charente est un département français remarquable pour son nombre inhabituellement élevé de mariages homosexuels. en effet, presque toutes les charentaises vivent en couple, chaque charentaise passant sa vie accompagnée d’une autre charentaise :



ce mode de mariage traditionnel, habituellement très stable, a de quoi étonner : si toutes les autoch-tones du département sont homosexuelles, les hommes vivent-ils tous seuls ? comment se fait-il que la population de la charente ne soit pas en baisse ? le mystère reste entier.

en attendant de pouvoir y répondre, voici une image d’un couple de charentaises maritimes :






3. la suisse


la suisse semble être le seul endroit du monde où les gens, pour se saluer, n’utilisent ni leurs mains, ni leurs bouches, ni une inclinaison du corps, mais des instruments assez bruyants d’où sortent à intervalles réguliers des figurines en bois représentant d’amicaux cuculidés. cette salutation particulière, connue sous le nom de “coucou suisse”, semble très contraignante mais peut s’expliquer par le fait que la suisse est un pays où sont parlées pas moins de quatre langues : que faire si l’on ne connaît pas la langue de l’interlocuteur que l’on veut saluer ? le coucou suisse permet d’outrepasser la barrière de la langue : si tout le monde ne comprend pas “grüezi !”, tout le monde comprend le coucou.

n’empêche que c’est compliqué. pour se consoler de vivre dans un pays aussi compliqué, les suisses mangent plein de chocolat. on les comprend.

les suisses de petite taille sont peut-être les êtres les moins chanceux du monde, devant se plier à ces contraintes tout en se trouvant dans l’impossibilité de parler, vivant dans la promiscuité, logés dans des endroits froids et exigus, et finissant le plus souvent leur vie mangés par leurs congénères dans l’indifférence générale. amnesty international devrait faire quelque chose contre cela.




4. le kenya


les frontières du kenya sont souvent sujettes à confusion pour les étrangers. contrairement à ce que les gens pourraient croire, la capitale du kenya n'est pas mahr, qui se trouve à plusieurs centaines de kilomètres du pays ; par contre, la ville de mal’habar se trouve bien au kenya. kenya n’a mahr, y’a mal’habar.




5. paris




paris, il y a fort longtemps, cocufia le roi ménélas en lui enlevant sa femme hélène
, alors reine de sparte et sœur d’un castor. ceci provoqua une malencontreuse guerre, qui n’expliqua hélas pas comment diable hélène pouvait être la sœur d’un castor. (ses parents étaient-ils des animorphs ?)

depuis, après être passé sous les bombes en 1995, paris a changé de sexe, pour un résultat franchement discutable :

il paraît que cette blonde plaît à tout le monde, moi je trouve que bof mais bon chacun ses goûts hein.


quant à hélène, elle est partie avec des garçons.



6. l’essex


l’essex est un comté de l'est de l’angleterre, au nord-est de londres. la capitale de l’essex est la ville de chelmsford. en 2005, le comté d’essex comportait 1,645,900 habitants.



conclusion

le monde est un endroit très diversifié, la preuve, c’est qu’on y trouve tout le monde. le monde est parfois immonde, ce qui a de vagues allures de paradoxe. cela dit, je n’irai pas jusqu’à dire qu’il faut de tout pour faire un monde : le monde actuel existe très bien sans lapins verts de cinquante mètres de haut, par exemple. ce qui n’est pas plus mal. on aurait du mal à les nourrir.

samedi 24 mars 2007

Vruchtenhagel

ACTE O

les vruchtenhagel sont des petits vermicelles de sucre parfumé aux fruits. on les trouve aux pays-bas. on s’en sert en lieu et place de confiture pour en saupoudrer les tartines. mais j’ai fait une découverte fantastique : on peut aussi les utiliser dans des yaourts. que penser de cette découverte?


ACTE I

— c’est là une excellente question que vous me posez là est une excellente question. excellente question, monsieur... monsieur?
— je ne suis pas un monsieur.
— oh non. mon monde s’effondre. c’est la mort. symbolique certes, mais la mort tout de même. ma phrase, avortée, meurt d’avortement. au secours. ou plutôt non : à la tragédie. je demande à ce qu’un tragédien mette en prose cette tragédie!


un tragédien arrive. il porte un manteau. il cherche un porte-manteau pour qu’il porte son manteau. il n’en trouve pas. DRAME : il repart. l’homme à qui on a demandé ce qu’il pensait de la découverte des vruchtenhagel désespère.

— oh! ooooooohhhh! quelle tragédie! ma vie est une tragédie; je m’en vais la finir tragiquement car le déséspoir qui pèse sur mon âme a mangé mon espoir.

l’homme, qui était précédemment assis sur un tabouret, se lève. il gémit. son gémissement se change en grondement. au même moment, un coup de tonnerre retentit. en attendant, paniqué, l’homme regarde à gauche, à droite, à gauche, à droite, en haut, en bas, en haut, en bas, A, B, select, start et obtient ainsi des vies infinies. il décide de se suicider car peu lui importe, maintenant qu’il a des vies infinies.

un rideau arrive comme par magie, se ferme, se rouvre, remarque qu’il fonctionne parfaitement bien, et se referme donc avant de s’ouvrir sur l’


ACTE II

Richard et Anaïs entrent. j’ai choisi ces noms au hasard. Richard est habillé de brun.

Richard : c’est le lieu de la scène du crime, je crois.
Anaïs : quel crime?
Richard : un crime horrible, Anaïs. un homme, dont on ignore le nom, vient de suicider une vie d’un autre homme, amateur de tragédies, à coup de vruchtenhagels. vruchtenhageln. vruchtenhagel. quel est le pluriel de vruchtenhagel?
Anaïs : je n’en sais rien, je ne parle pas néérlandais.
Richard : comment! mais que fais-je entouré d’une co-équipière, femme, maîtresse, peu importe, la suite de la pièce nous le dira peut-être, qui ne sait pas plus parler néérlandais que moi!

Richard sort une dague de son slip et la plante dans le coeur d’Anaïs, qui défaille, tressaute, sursaute, fait trois pas de danse et hurle avant de tomber par terre.

Anaïs : aïe! mon coeur!
Richard : je t’occis!
Anaïs : mais... Richard...
Richard : je t’ai occite. occie. occiée ? occjesaispas.

Anaïs tombe à terre.

l’homme qui dit « oh non » : oh non!

soudain, un code pénal fantôme apparaît, à l’aide d’un effet spécial coûtant dix euros vingt-cinq centimes, devant les yeux de Richard.

Richard : oh non! qu’ai-je fait!
l’homme qui dit “oh non” : oh non ! arrête de me voler mes répliques!

Richard, paniqué, regarde à gauche, à droite, à gauche, à gauche, en haut, en bas, en haut, à droite, B, A, select, start, se trompe et n’obtient pas de vies infinies. un grondement de tonnerre retentit et foudroie du regard un feu rouge qui passait par là. Richard s’enfuit en hurlant. il est à présent nu. nu et pourchassé, comme un animal sauvage. il se met à quatre pattes et grogne, jappe, miaule, couine et bêle. le rideau trouve ça ridicule et se ferme.


ACTE III


une ambulance arrive. un des médecins parle néérlandais. c’est l’illumination. Anaïs est transférée aux urgences, survit, se fait greffer un troisième bras parce que ce sont les soldes à l’hôpital, et connaît maintenant le pluriel du mot que vous connaissez tous. mais quel était ce mot déjà? le collectif inconscient de la conscience l’a oublié. 

une distortion plasmatique survient. la narratrice change de point de vue sur la réalité et décide de raconter autre chose.




la narratrice : autre chose.


ACTE IV

l’autrice : je sais parfaitement ce que j’écris. j’écris « je sais parfaitement ce que j’écris ». ou du moins c’est ce que j’écrivis. je sais parfaitement ce que j’écrivis.
peut-être la conscience : sept lettres.
un crocrodile : pas mieux, j’en a dix.

le crocrodile décide d’être le sujet d’une didascalie. ainsi soit-il.
le crocrodile : je suis satisfaisé de mon apparention dans ce pièce.
la grammaire française : Au secours.
le crocrodile : oh non! le grammaire français semble endangé! que faire-je?
la grammaire française : Je suis en danger.
le crocrodile : ne pert pas un espoir, grammaire français! je vien t’aidé.
la grammaire française : Ce crocrodile sera ma mort si je ne m'enfuis. Vite ! Enfuyons-nous !

la grammaire française, paniquée,   des yeux grands et médusés tels des O majuscules et   en hurlant sans     la peine de     à droite ni à gauche, et   quelques verbes au passage.


ACTE V

tout le monde fuit en hurlant. la scène se vide. la scène est vide. le collectif inconscient de la conscience se met à rêver pour combler ce vide et tout le monde y croit. le ciel devient violet. un chien jaune arrive avec une guitare. le rideau tente de l'accompagner au chant mais les verbes qu’a perdu la grammaire française lui manquent. et puis il n’a pas de bouche. rouge de frustration, il réalise qu’il n’est en fait rouge que de teinture. l’homme suicidé revient et annonce :

— quel désespoir, je vous l’avais dit! oui, je vous l’avais dit, la vie est une tragédie. je suis mort mais je suis en vie. car mes vies sont infinies. la tragique infinitude de cet infini m'effraie.



ACTE VI et DERNIER parce que ça devient trop long

*jingle*



Aglaé présente la météo. il fait beau demain. mais Aglaé fait peur à tout le monde car elle a un corps d’araignée géante à partir de la taille et trois yeux. tous les gens se cloîtrent chez eux et personne ne sort de peur de rencontrer Aglaé, à part le crocrodile. un homme demande « Quel rapport ? ».

Aglaé : tant pis, j’irai à la plage toute seule.
le crocrodile : je voule bien valler au plage aussi.
Aglaé : ok, allons à la plage, crocrodile.

partout ailleurs, la solitude et le vide. à une autre époque, il y avait une blague pour finir cette pièce, mais elle a perdu son sens. même le paquet de vruchtenhagel est désormais vide. l'autrice songe à en racheter un.