|
Noname
Telefone
(2016, hip hop) |
Telefone de Noname donne le sourire et peut faire verser quelques larmes en même temps. Un album de hip hop introspectif qui danse sur une corde raide entre ses mélodies gaies, sa candeur désarmante et la dureté des thèmes abordés. Assez peu d'œuvres évoquent la mort sans tomber dans la tristesse, la noirceur ou le cynisme ; Noname le réussit tout le long, ce qui n'est peut-être pas si difficile quand on évoque le souvenir de sa grand-mère, mais allez sortir une chanson sur un avortement qui soit réellement tendre et pleine d'amour sans qu'il y ait de contradiction ! Et à part sur le final “Shadow Man” où la lumière commence à baisser (pas ma piste préférée, on y entend un peu trop les MCs masculins alors que c'est elle que j'ai envie d'écouter, mais je chipote), tout est plein de belles mélodies, qui savent aussi être entraînantes (“Diddy Bop“
♥ ♥ ♥). Trentre-trois minutes, un album qui va à l'encontre de tous les a priori négatifs qu'on peut avoir sur le hip hop, un beau disque.
⚷
|
Hecq
0000
(2007, Hymen, ambient glitch/IDM) |
0000 de Hecq est un album d'ambient glitch qui commence de manière presque évanescente, une musique vaporeuse qui berce les oreilles tout doucement (“0001”). Puis un rythme vient s'y poser (“0002”), qui laisse la place à un autre plus dansant (“0003”)… et commence un jeu de cachés - dévoilés qui se poursuit tout le long, de manière imprévisible, sans que le flux ne se brise. Je me rends compte en reparcourant les pistes individuellement que c'est plus un album d'IDM qu'un d'ambient glitch, en fait, mais il est si prenant qu'il fonctionne des deux manières.
L'album est accompagné par un deuxième disque de remixes et collaborations, plus rythmées, tout à fait bienvenues également.
⚶
|
Christoph de Babalon
If You’re Into It, I’m Out of It
(1997, Digital Hardcore,
breakcore atmosphérique) |
Christoph de Babalon ne fait pas de compromis et n'a aucune envie de plaire à tout le monde.
If You're Into It, I'm Out of It ne prend ses fans supposés qu'à rebrousse-poil, d'abord avec une remarquable introduction ambient de quinze minutes trente, solennelle, introspective et psychédélique, puis en balançant des beats angulaires, biscornus, qui ne donnent pas tant envie de danser qu'ils sont l'expression d'une énergie à contre-courant de tout. Il y a de sacrés
bangers là-dedans malgré cela, comme “Dead (Too)” — et plein de moments étonnants, comme “Damaged III” où c'est une boucle (qui ressemble à un CD passé en avance rapide) qui structure le morceau face à des
beats imprévisibles. Tout a une couleur particulière, toutes les pistes se démarquent. Le mois dernier, j'avais dit que la drum and bass était un genre souvent impersonnel : voilà un superbe contre-exemple. À écouter la nuit.
“Crucial shit” indeed.
⚹
|
Roger Rodier
Upon Velveatur
(1972, Columbia, folk) |
Upon Velveatur de Roger Rodier est un très bel album. D'une grande douceur, avec de très belles mélodies souvent mélancoliques, et quelques éléments rock pour le contraste ; honnêtement, je n'ai rien à redire, je le recommande vivement.
… Si tant est que je puisse recommander quoi que ce soit dans un genre que je connais si peu ! Je n'ai quasiment que Nick Drake comme référence (et encore, j'ai tapé “Nick Cave” avant de me relire), et je n'aurais peut-être jamais écouté
Upon Velveatur si Oneohtrix Point Never ne l'avait pas samplé sur
Garden of Delete (
“You give so many reasons for the weakness you hide” — j'aime bien cette idée d'avoir le même son dans deux contextes complètement différents).
⚼
|
Mr. Oizo
Stade 2
(Because, 2011, electro house) |
Mr Oizo, moins connu sous le nom de Quentin Dupieux, est célèbre pour sa peluche Flat Eric, son tube “Flat Beat” et ses disques et films déjantés. Et pour une fois, je dois dire que j'ai bien fait d'aller à l'encontre de la vox populi, parce que c'est clairement un de ses disques les moins bien notés que je préfère !
Analog Worms Attack est une déconstruction de hip hop instrumental jusqu'à l'effilochage,
Moustache (Half a Scissor) est un disque de musique électronique complètement barge où tout est déconstruit et reconstruit dans tous les sens — mais ils ne m'accrochent qu'assez peu.
Stade 2, par contre, j'aime sans réserve ! C'est un disque bizarroïde, incongru, avec des sons élastiques et volontiers bruitistes ou dissonants, mais avec des beats bien solides qui accrochent efficacement (de traviole ou la tête en bas, mais ils accrochent). Parfois ça ressemble à du trollisme ou à du vrai foutage de gueule, ce qui n'est pas pour me déplaire non plus.
“Eve-ry-bo-dy-dance-now. Blip bloup bloup pfouitch pflouitch bulubup bulupbup pfouitch.”
Je continuerai à écouter ses autres disques, la prochaine fois j'essaie
The Church.
⚳
|
Port-Royal
Flares
(2005, Resonant, ambient + post-rock) |
Il y a des fusions de genres qui sont intéressantes parce qu'inattendues, et d'autres qui semblent tellement évidentes à l'écoute qu'on se demande pourquoi on n'a pas entendu ça avant. Ainsi, le mélange downtempo + deep house chez Crazy Penis dont j'avais parlé il y a quelques mois ; et sur
Flares de Port-Royal, c'est de l'ambient électronique et du post-rock qui se mêlent. C'est extrêmement fluide, super agréable.
Merci à
space_ritual pour la découverte !