L’autre jour (enfin, l’autre semaine… l’autre mois… d’octobre ou novembre jusqu’en mars, si je me souviens bien), j’ai fini Suikoden V.
Je suis dans une période régressive, j’aime les jeux longs et les RPGs en particulier, pour un peu j’aurais envie de revenir en 1995 et de dire à 2013 d’aller se faire foutre — et comme je n’ai pas de machine à voyager dans le temps sous la main, je compte bien épuiser le répertoire des bons J-RPGs de sixième génération en attendant que le temps remonte son cours ! Enfin, du moins ceux qu’on trouve encore sans devoir payer cent euros le disque. (Manque de pot, je risque d’arriver au bout de ce catalogue beaucoup plus tôt que ce que j’avais espéré… il faudra peut-être que je remonte jusqu’à la PS1.)
Suikoden V donc, bien reçu par la critique à l’époque, a deux ou trois grandes qualités — et à côté de ça des défauts difficilement pardonnables. J’ai passé une petite centaine d’heures dessus avec plaisir, et pourtant si je devais le noter, je lui donnerais, disons… treize sur vingt.
Suikoden V a :
Je suis dans une période régressive, j’aime les jeux longs et les RPGs en particulier, pour un peu j’aurais envie de revenir en 1995 et de dire à 2013 d’aller se faire foutre — et comme je n’ai pas de machine à voyager dans le temps sous la main, je compte bien épuiser le répertoire des bons J-RPGs de sixième génération en attendant que le temps remonte son cours ! Enfin, du moins ceux qu’on trouve encore sans devoir payer cent euros le disque. (Manque de pot, je risque d’arriver au bout de ce catalogue beaucoup plus tôt que ce que j’avais espéré… il faudra peut-être que je remonte jusqu’à la PS1.)
Suikoden V donc, bien reçu par la critique à l’époque, a deux ou trois grandes qualités — et à côté de ça des défauts difficilement pardonnables. J’ai passé une petite centaine d’heures dessus avec plaisir, et pourtant si je devais le noter, je lui donnerais, disons… treize sur vingt.
Suikoden V a :
· un gameplay avec de bonnes intentions mais des idées mal exploitées,
· une histoire classique mais tout à fait correcte,
· des graphismes franchement pauvres et ternes,
· une bande son de qualité variable mais agréable dans l’ensemble,
· et pour remonter le niveau, une pléthore de personnages attachants.
Quand j’écris « pléthore », lisez « 109 sans compter les PNJs ». Oui, 109 personnages jouables avec chacun leur propre histoire, leur propre style et leur propre personnalité ! Il y en a pour tous les goûts et c’est carrément réjouissant — surtout quand on compare avec d’autres grands jeux, comme les Final Fantasy récents qui semblent incapables de pondre un seul personnage mémorable (trop occupés à modéliser des costumes à la mode haute couture de 2050, ils oublient de mettre de vrais personnages dedans ?). Ça donne l’impression de jouer dans un « vrai » univers, qui est plus qu’un terrain de jeu ; et vers la fin, le château qui sert de QG à votre armée est tellement vaste qu’on peut passer plus d’une heure à en faire le tour en parlant aux personnages (le Normandy de Mass Effect 2, c’est tout petit à côté). J’aime ce genre de trucs. Et je pense que je me souviendrai un moment d’Egbert le noble déchu qui habite sous terre et pète un câble dès qu’on lui parle de l’autre famille en place, de Subala la pêcheuse « garçon manqué » irrévérencieuse, de Joséphine la fashion diva qui énerve tout le monde, de ce bon gros Logg et de sa fille Lun, ou encore de ce grand couillon d’Euram Barows, comploteur du dimanche et séducteur sans espoir.
Problème : il est impossible de trouver tous ces personnages recrutables sans suivre une soluce. Honnêtement. On ne peut même pas jouer normalement cinquante heures et se mettre à la recherche des persos ensuite : certains deviennent indisponibles si on réalise pas certaines actions improbables avant tel ou tel moment précis de l’histoire (genre retourner dans un donjon qu’on vient de finir à 100 % avant une bataille qui a lieu à l’autre bout du pays). Si au moins il y avait des indices pour nous mettre sur la piste… mais la plupart du temps, ça n’est même pas le cas.
Autre problème, ou plutôt choix discutable : sur les 109 persos recrutables, on ne peut en recruter au maximum que… 108. (Nombre sacré dans plusieurs religions.) Et le fait de devoir en laisser un de côté n’est pas justifié par l’histoire ni rien, c’est juste un choix arbitraire à faire. Bluh.
Le système de combat maintenant… ou plutôt les systèmes de combat, parce qu’il y en a trois : (1) combats classiques au tour par tour, (2) duels en temps réel, (3) batailles à grande échelle en temps réel.
(1) Le système de combat au tour par tour a beau ne pas être complètement générique, il est mal conçu. Les subtilités peuvent tout simplement être ignorées la plupart du temps : il suffit d’avoir un niveau correct, d’acheter des potions de soin par dizaines et d’aiguiser les armes des personnages et c’est bon : on peut appuyer sur « Auto » ou « Attaque » à chaque fois sans réfléchir. Sur toute la durée du jeu, en faisant toutes les quêtes secondaires, j’ai eu un seul game over lors d’un combat au tour par tour. Un beau gâchis, parce que le système avait du potentiel : les différentes formations de combat, les orbes qui donnent divers bonus (et malus), les magies qui peuvent fusionner, ça aurait pu donner quelque chose de sympa !
En fait il y a deux facteurs qui plombent le système : (a) on ne peut recharger sa magie qu’en dormant dans une auberge… et comme chaque sort ne peut être utilisé qu’un nombre très limité de fois, on ne les utilise tout simplement jamais à part sur les bosses, c’est comme s’il n’y avait pas de magie du tout ; et surtout (b) tout est trop facile.
C’est là qu’on voit que les Shin Megami Tensei ont un très bon système à côté…
(2) Les duels sont des mini-jeux qui ressemblent à un pierre-papier-ciseaux où il faut deviner ce que va faire l’adversaire en fonction de ce qu’il dit et de son attitude. C’est tout simple, plutôt anecdotique mais sympathique.
(3) Les grandes batailles sont de loin les plus intéressantes : il s’agit de former divers groupes (infanterie, cavalerie, archers, unités spéciales…) avec les personnages recrutés, puis de faire preuve de stratégie sur le terrain en les envoyant combattre les unités adverses, les attirer pour faire diversion, etc. Il y a des pouvoirs spéciaux et tout, des points forts et faibles à prendre en compte (on est toujours en sous-nombre par rapport à l’adversaire, donc y aller bourrin ne fonctionne pas). Je n’ai jamais joué sérieusement à un RTS mais je pense que c’est une version simplifiée de ce genre de jeux ; c’est le seul mode de combat où j’ai eu des poussées d’adrénaline et quelques game over qui m’ont forcé à repenser ma stratégie. C’est enfin le seul mode où un personnage puisse mourir de façon permanente (comme dans les Fire Emblem ? je n’ai jamais joué à Fire Emblem mais j’aimerais bien).
Bémol : dès qu’un groupe de notre armée rencontre un groupe de l’armée adverse, le jeu recentre automatiquement la caméra là où a lieu l’action et passe une mini-cinématique pour nous montrer le combat et le groupe victorieux. Quand trop de groupes se retrouvent à combattre en même temps, ces mini-cinématiques s’enchaînent à tel point qu’on ne peut plus rien faire. Bon, une fois qu’on a compris ça, on peut élaborer des stratégies en conséquence, en bougeant le moins d’unités possible simultanément… mais ça peut être frustrant quand même.
L’histoire met du temps à s’installer, mais au final la narration est très réussie — on se met bien à la place du personnage principal, et le fait qu’il s’agisse d’un prince charismatique avec de brillants alliés à sa disposition (pas juste d’un jeune amnésique lambda qui va changer le monde avec trois potes en appuyant sur X) rend le tout assez plausible. Enfin, plausible si l’on excepte le fait que la garde du corps du prince soit une jeune et jolie fille à peine rentrée dans l’adolescence.
L’intrigue comprend, entre autres : une lutte de pouvoir entre deux familles influentes et manipulatrices, une rune extrêmement puissante qui semble corrompre qui l’utilise, un village ravagé par la bonne reine du royaume, un coup d’État, l’ancienne civilisation des Sindar (attendez-vous à recruter des archéologues et à visiter des ruines !), et puis aussi des castors parce que les castors c’est trop mignon et que les Japonais aiment bien ce qui est mignon (^_^). Il y a aussi de mystérieuses magiciennes qui vivent sans doute depuis des millénaires et ne disent rien de leurs véritables intentions (spoiler : on n’en sait pas plus à la fin).
Niveau visuel, Suikoden V fait mauvaise impression au début avec ses couleurs ternes, ses modélisations rudimentaires et sa caméra qui ne bouge pas (d’ailleurs le jeu aurait pu être en 2D, on y aurait joué exactement pareil), mais on s’y habitue. Les cinématiques et les illustrations avec les visages des protagonistes sont réussies par contre. Niveau bande son, tout m’a plutôt plu à part le thème de Sauronix un peu relou. C’est bizarre comme nom d’ailleurs, Sauronix. Genre le fils caché de Sauron et d’une Gauloise, sauf qu’en fait c’est un château.
En bref, Suikoden V est un jeu attachant par son univers et sa narration, mais trop souvent décevant par ses mécaniques de jeu. Je ne peux m’empêcher de penser que ce jeu aurait dû être un livre, une série de BD peut-être, ou de dessins animés… Ou alors il aurait fallu revoir le système de combat. J’ai aimé y jouer, mais je ne le recommanderais pas sans quelques réserves.