Nao a une voix un peu acidulée que j'aime beaucoup, et elle fait du R&B contemporain funky, électropop, avec pas mal de sonorités électroniques qui rappellent les années 90. (Ce qui me fait un peu penser à Art Angels de Grimes, même si les similarités s'arrêtent là.) C'est en tout cas un de mes albums préférés parmi les disques de R&B « alternatif » récents, genre où jusqu'ici j'ai surtout trouvé des EPs et singles qui brillaient.
Pas que For All We Know soit parfait ; c'est le genre d'album-collection sans thème particulier, avec de vrais tubes, des expériences plus ou moins mémorables, on touche un peu à tout et on voit ce qui marche. Ce qui me convient sans problème quand le niveau est aussi bon.
Pas que For All We Know soit parfait ; c'est le genre d'album-collection sans thème particulier, avec de vrais tubes, des expériences plus ou moins mémorables, on touche un peu à tout et on voit ce qui marche. Ce qui me convient sans problème quand le niveau est aussi bon.
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Oil of Every Pearl's Un-Insides de Sophie (son premier véritable album, si on considère que Product était une compilation de singles) est un album brillant à la limite du supportable, une musique pop extrême et résolument hyper-artificielle qui est aussi une œuvre personnelle et touchante.
Heureusement que le disque commence en douceur avec “It's Okay to Cry”, parce que les singles suivants (“Ponyboy” et “Faceshopping”) sont tellement durs que je n'ai pas pu les écouter jusqu'à la fin quand les clips sont sortis. (Ils passent nettement mieux en entier et en contexte.) La suite de l'album est variée, avec la synthétique mais quasi-éthérée “Is It Cold in the Water?”, le tube pop “Immaterial”, une ou deux pistes d'ambient, et surtout le final “Whole New World / Pretend World” qui pousse l'intensité encore plus loin que les pistes précédentes. Le tout (qui doit aussi beaucoup au chant de Cecile Believe, présente sur la plupart des pistes) peut s'écouter à la fois comme l'expérience personnelle de l'artiste et comme un état des lieux du monde actuel, anxiogène, fabuleux, horrible, où la sensibilité autant que l'artificialité sont exacerbées.
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Moor Mother fait du hip hop de cauchemar pour faire entendre une réalité intenable. Pour vous faire une petite idée du son, imaginez un croisement entre Death Grips et Meira Asher ; une musique amère, acide et psychédélique. Les paroles sont revendicatrices à la limite de la rage et du désespoir, la mort y est omniprésente (l'artiste elle-même s'y voit morte, encore et encore), les voyages temporels aussi. On y entend, autant dans les paroles que dans les sons, l'histoire et la musique noires aux États-Unis, avec plusieurs périodes qui se téléscopent et se répondent.
Fetish Bones est aussi kaléidoscopique dans sa structure : les pistes sont courtes, obliques, ont une étrangeté qui attire toujours l'attention même si peu de choses là-dedans sont conçues pour être plaisantes à l'écoute et que certaines ne tiendraient pas plus longtemps que deux minutes. La voix de Moor Mother n'est pas en reste, étrange mais qui me plaît bien. Moi qui n'aime pas Death Grips à cause de la voix du MC, je n'y perds pas au change !
▷ Bandcamp
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Hiroshi Yoshimura a sorti de bons albums d'ambient, mais il a aussi écrit les compositions du premier album de Koto Vortex, un quatuor de kotoïstes (parmi lesquelles Michiyo Yagi, que vous avez peut-être entendue sur le coffret Improvised Music for Japan ou chez Hoahio, et qui a sorti quelques magnifiques pistes en solo).
Koto Vortex I va de l'aérien à une certaine forme de pastoralité mélancolique, toujours de manière subtile et enchanteresse, les mélodies sont à la fois immédiatement touchantes et ont quelque chose de difficile à saisir quand elles sont jouées comme ça à quatre mains. (Je n'arrive pas à décrire mieux que cela — je viens de chercher des critiques pour avoir de l'inspiration, je n'ai pas trouvé grand chose si ce n'est un commentaire sur cette page —je ne connais pas l'album dont ils parlent, mais du coup je viens de le télécharger aussi !)
Koto Vortex a sorti un deuxième album que j'aimerais bien écouter, mais il est complètement introuvable (à part une piste, la reprise de Moondog). Seuls quelques boutiques japonaises et coréennes le proposent à la vente.
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Definition de Murmer est un beau disque où les sons se développement tout naturellement, où les frontières s'effacent entre phonographies et compositions minimalistes. “Oracle Extended” est proche du drone avec sa boucle de synthé comme une vague qui va et vient continuellement, ponctuée par d'autres sons par moments ; “Spoke Speak” fait penser à une composition pour métallophone et bouteilles, mais tout y est joué avec une roue de vélo ; “Liquid Solid”, la plus particulière des trois, combine sons de pluie, d'un réfrigérateur, d'une lampe fluorescente, d'un train d'atterissage et d'une alarme. Si ces descriptions vous paraissent étranges, les pistes ne le sont pas, elles semblent couler de source et tout est très agréable.
Le disque est disponible en téléchargement gratuit ici sur le site officiel de l'artiste.
▷ Murmer
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Natural Control de Jensen Interceptor & Assembler Code est un très bon EP d'electro ou de techno industrielle atmosphérique ; “Pipe” en particulier est exceptionnelle avec son ambiance à la fois mécanique et feutrée, je pourrais l'écouter pendant des heures.
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Une fois n'est pas coutume, un disque de Richard Chartier (spécialiste des paysages sonores ténus, souvent à la limite de l'audible) s'écoute à fort volume ! Sur Central, son hommage à Mika Vainio*, les sons sont des présences colossales, étranges et hypnotisantes ; une sorte de signal d'alarme lent et diffus, à l'échelle d'une planète. Il y a des accalmies aussi, tout est en flux progressif… mais seule la toute fin de la seconde piste (noise), sur même pas une minute, semble pointer une sorte de soupir, une émotion, un certain calme. Tout sonne très juste, on y entend autant le style de Chartier que l'influence de Vainio.
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* Artiste connu notamment pour faire partie du duo Pan Sonic, mort en 2017.
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LP Zero d'Ella Guro* est une petite histoire de voyage et de science-fiction introspective, sous la forme d'un album qui ressemble à une bande son de jeu vidéo (et l'est en partie : quelques pistes ont été utilisées pour l'un ou l'autre jeu indépendant). Chaque piste est accompagnée d'une illustration pixellisée, glitchée au point d'être semi-abstraite, qu'on imagine être la surface d'un autre environnement ; il y a de quoi s'imaginer sa propre histoire, ça marche vraiment bien. Seules les joyeuses “Wake Up” et “Flowers” sont moins réussies ; les contemplatives “Planet 193 (Unknown Anomaly)” et “Planet 768 (Out of This World)” sont magnifiques.
* Références à “Ella Guru” de Captain Beefheart et au “guro”, type de pornographie gore extrême japonaise que je vous déconseille fortement de chercher sur internet.
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