Le premier album d'Ariadne,
Tsalal, était déjà impressionnant : un contraste intense entre un chant lumineux et solennel inspiré par la musique sacrée, et du dark ambient distant mais monstrueux qui, parfois, déformait tout. Entre les deux éléments, un vide glaçant, six longues pistes qui faisaient ressentir autant de beauté que de noirceur et de solitude.
Sur
Stabat Mater, la figure angélique a plongé dans les enfers et nous y entraîne. Douleurs, osmose paradoxale, oppression, jeux de miroirs et illusions — c'est un cauchemar effrayant et magnifique. Les pistes sont courtes, la tension quasiment insoutenable.
Ce grand écart entre musiques anciennes et glitch ultra-contemporain est unique à ma connaissance ; on la retrouve dans les paroles aussi, adaptées d'écrits de Hildegarde de Bingen, Thérèse d'Avila… et d'Aase Berg, une poète surréaliste contemporaine. L'album s'accompagne d'une série de vidéos en vue subjective, de quoi plonger encore plus dans le cauchemar.
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Je peux remercier flyingwill du forum RYM pour m'avoir fait découvrir DOLL$BOXX, un groupe de cinq japonaises qui joue du power trance metal. Leur EP
High $pec commence de manière fulgurante : un riff synthétique acide, une guitare tonitruante, un cri infernal qui enchaîne direct avec un chant parfaitement clair, autant de claques en trente secondes ! La maîtrise technique des artistes metal se perd parfois dans des esthétiques ostentatoires (voire ridicules) ou qui tournent à vide, mais ici, les chansons sont aussi accrocheuses que de la pop.
High $pec ne fait que cinq chansons mais ces chansons sont du tonnerre.
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“Comme c'est éclectique.” Note : 1/5. Parfois, il y a des critiques qui me donnent envie d'aller à leur encontre, et en l'occurence j'ai très bien fait.
Bon, je l'aurais probablement écouté de toute façon, ce disque, parce que je suis en train d'éplucher le catalogue de mixes de Fabric et que celui-là est signé Jacques Lu Cont (Stuart Price), le mec qui a signé
Darkdancer*.
Fabriclive 09 est assez excentrique et carrément addictif, un mix house qui inclut le plus possible de titres pop et rock des années 80 et 90 ; la quantité de hooks là-dedans est incroyable. Et quand il pêche, ce n'est ni par manque d'inspiration ni par baisse de régime, c'est plutôt par audace mal placée avec des idées qui ne fonctionnent pas ; ce qui s'entend d'autant plus mais ajoute presque au charme du bidule. À la fin, la transition de “Snowball” de Devo à la génialement crétine “I Wanna Rock!” de Junior Sanchez (GUITARE ÉLECTRIQUE!!!!!) est parfaite — et l'enchaînement suivant sur “Gouge Away” des Pixies l'est presque autant. Price écorne sa dernière excellente impression en rajoutant “Here Come the Warm Jets” de Brian Eno en post-scriptum, piste qui n'avait vraiment rien à faire là, mais tant pis ; restent de sacrés bons moments et l'envie d'y retourner.
* Du projet Les Rythmes Digitales, un très bon album de French house / electro house.
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Anna Wise, je l'ai entendue la première fois comme choriste¹ chez les CunninLynguists, puis chez Kendrick Lamar². Elle sort en solo
The Feminine, une série d'EPs de pop féministe avec assez d'influences hip hop pour devenir du R&B. Le premier volume est plus court, léger et immédiat, qui vaut le coup ne serait-ce que pour “Go” (chanson de rupture carrément accrocheuse — et la seule chanson qui ne soit pas ouvertement engagée) ; le second est plus abouti, plus sérieux et grave dans ses sujets aussi (et utilise, dans la piste la plus entraînante, ces synthés funk oscillants des années 80/90 que j'adore). Je ne sais pas s'il y aura un troisième, mais ce ne serait pas de refus.
¹ … Sauf que ça ne colle pas très bien, « choriste » quand il n'y a pas de chœur, si ? Chanteuse d'arrière-plan ? Chanteuse additionnelle ?
² Je n'ai toujours pas écouté son dernier disque d'ailleurs, je ne sais pas pourquoi, ça ne me motive pas. Peut-être parce qu'autant sur
good kid, m.A.A.d city que sur
To Pimp a Butterfly, il y a des parties assez géniales et d'autres qui me lourdent.
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En parlant de rap et de féminisme, je vous recommande aussi
The Journey Aflame d'Akua Naru, un album de conscious hip hop avec des beats jazzy et un flow calme qui ne manque pas de rythme pour autant. C'est classique dans le style, d'un très bon niveau, et une présence assez marquante pour donner envie d'y revenir. Parmi les pistes qui se démarquent, il y a la tragique, douce et entraînante “The Block”, “The Journey” (plusieurs chapitres d'histoire en quatre minutes trente), le final étonnamment funky “Rhyme Writer's High”, et celle qui m'a donné envie d'écouter l'album à l'origine : “Poetry: How Does It Feel?”, trop intime et sensuelle pour être encore du rap, c'est du jazz avec du spoken word. J'aurais aimé trouver tout un album comme ça, mais je n'ai pas perdu au change.
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« J'aime écouter des langues que je ne comprends pas. J'aime le moment où la compréhension des mots s'arrête et où chaque langue commence à “faire du bruit”. Toutes les langues ont un son spécifique, et certaines ont, plus que d'autres, des caractéristiques acoustiques particulières qui me ravissent en tant que musicien. »
Ainsi Alessandro Bosetti a créé
Zwölfzungen, série de douze « portraits de langues » qu'il ne comprend pas. Sur chaque piste il y en a parfois une, parfois deux, dont un obscur dialecte germanique, une langue sifflée, des langues africaines avec des clics (claquements de langue)… et les accompagnements musicaux sont aussi variés, des musiques expérimentales parfois ambient, parfois étranges, ludiques et qui n'ont (bonne idée) rien à voir avec les régions d'origine des langues.
À ma toute première écoute, j'ai trouvé
Zwölfzungen intéressant mais fatigant voire agaçant par moments (les deux Basques et leur “ak ak ak ak”…). Dès la deuxième, j'ai trouvé ça drôle et vraiment réussi. Il y a une absurdité et une candeur réjouissantes dans ce projet (jusqu'à la dernière piste, qui fait exception aux règles des précédentes et dont je vous laisse découvrir le truc). Si les langues ne sont pas là pour être comprises, les rares pistes où j'ai pu comprendre des bribes sont aussi celles que j'ai préférées — notamment celle en créole haïtien (très proche du français) qui a une sacrée énergie bizarre.
Je dois cette découverte au club de musique expérimentale sur RYM, qui est mort mais m'a fait découvrir pas mal de bons disques ! C'est aussi par lui que j'avais découvert la version d'
In C par Africa Express et
Hand in Hand de Félicia Atkinson.