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Pour comprendre Two Variations, il est utile de savoir que ces compositions sont génératives, à savoir que l'artiste met en place des processus plus ou moins complexes qui vont générer de la musique en semi-autonomie. Le système qui a généré ces deux pistes est décrit en détail sur la page du label… et comme je n'y connais rien en électronique ni en synthétiseurs, je dois avouer que je n'y comprends pas grand chose. Heureusement pour les non-initiés, l'artiste conclut tout ça avec une image, comparant le résultat final à « deux paires de maillets pour marimbas attachés à une paire de dés ». Si ça ne vous parle pas davantage, appuyez sur ▶ !
Deux pistes de trente-quatre minutes (durée arbitraire ?) avec à peu près toujours les mêmes sons, les mêmes notes, les mêmes boucles déclinés sur une variable aléatoire — selon toute vraisemblance, ça devrait finir par lasser, non ? Sauf que non. Ces deux variations n'ont pas l'humanité des compositions de musique minimaliste — c'est de ça qu'elles se rapprochent le plus — mais les motifs sont complexes et changeants, les sons sont beaux, l'aléatoire semble toujours tomber sur une autre harmonie… et les jeux d'harmonies sont tellement captivants qu'on pourrait presque manquer les changements des morceaux plus progressifs, à une échelle plus longue* (sans doute non générés, ceux-là ?).
La première piste est plus belle que la seconde, mais les deux sont réussies et intéressantes.
Et vous pouvez écouter Test Leads aussi, il est moins inhabituel mais pas moins bon. C'est celui qui est rythmé.
* Il y a des mots pour décrire la différence entre les deux d'ailleurs ? Micro-changements et macro-changements ?
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Vous pouvez voir une présentation du projet ainsi qu'une vidéo montrant un des dispositifs en question sur le site officiel de l'artiste.
Évidemment, l'idée fait penser à la prolifération décourageante de musiques ambient, drone et noise réalisées par des musiciens amateurs, des heures et des heures de sons étirés et de nappes floues, trop souvent indifférenciables. Mais le projet de Dunning, où l'acte de composition est unidimensionnel (portant uniquement sur le choix des sons et des machines, totalement inexistant sur la durée), est étonnamment intéressant à écouter. Sur le premier CD tiré du projet, pas de flou mais du tangible, ça gronde, ça crache, il y a des voix perdues, des artefacts… et chaque piste apporte plus de tension que la précédente.
Il est intéressant aussi de se rendre compte qu'ici, c'est la nature qui fait la musique. On n'est plus dans les créations humaines où tout mouvement sonore est chargé d'intention (et qu'on peut accuser de paresse quand on n'a affaire qu'à des drones lénifiants), ici, c'est le mouvement mécanique des bandes et des sillons, les frottements, l'érosion, les rayures que l'on entend. Et la musique semble tangible, matérielle. Chacune des pistes de Music by the Metre Archive One contient ainsi trois cent cinquante mètres de sons. Coupés net, bien évidemment — de quoi faire entendre que la durée d'une piste est complètement arbitraire par rapport à la durée « naturelle » que prendraient les sons par eux-mêmes.
(La photo, ce n'est pas la pochette du disque, c'est un kiosque tenu par Dunning à un festival où il vendait sa musique au mètre fraîchement enregistrée.)
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À ceci près que Grim a, malgré ce que j'ai dit avant, toujours un pied dans l'indus (Coil avait laissé tomber le genre au bout de deux albums). Et un pied dans la musique traditionelle japonaise aussi. Euh. Disons que Grim a beaucoup de pieds.
En tout cas, cet album vaut le détour, et pourrait même plaire à ceux qui n'aiment pas l'industriel d'habitude.
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Pour rappel, Palestine est un artiste excentrique génial, connu pour ses penchants pour le whisky, le cognac, les peluches et les compositions extrêmes où il joue un accord d'orgue, ou deux notes de piano en succession, mais les joue à fond, en extrait toutes les harmoniques possibles, pendant une heure au minimum. Et ce n'est pas du foutage de gueule, c'est vraiment une musique intense, qui laisse l'instrument désaccordé et les doigts de l'artiste en sang à la fin de la performance.
Ssingggg Sschlllingg Sshpppingg est différent. C'est bien un album de Charlemagne Palestine, on reconnaît son style tout de suite, mais il s'agit d'un drone maximaliste réalisé par ordinateur : une déferlante de bruits multicolores, des voix robotiques de jouets, de l'eau, des oiseaux, plein plein plein de sons. Et Palestine lui-même chante, accompagné de jouets qui chantent eux aussi. Jim O'Rourke a dit que c'était son album préféré de 2015 et de son disque préféré de l'artiste. Si vous ne faites pas confiance à Jim O'Rourke, je peux vous donner une seconde opinion en vous disant que cet album est tout à fait très bien.
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