
« Personnalité singulière par le symbolisme flamboyant de son langage musical et atypique par le refus de toute référence au folklore national », « mystique de l'extase », la musique était pour lui d'après sa fille « une force théurgique d'une puissance incommensurable appelée à transformer l'homme et le cosmos tout entier ». Ce type a essayé de voler et de marcher sur l'eau, analysait ses rêves en se tenant debout sur des chaises… Si avec tout ça, vous n'avez pas envie de vous intéresser à Alexandre Scriabine, c'est que vous n'aimez pas les illuminés.
J'explore depuis quelques semaines son œuvre pour piano (le coffret de huit CDs joué par Maria Lettberg, je ne l'ai pas encore écouté en entier, y'a de quoi faire) et elle me plaît beaucoup. Une musique intense et colorée, des compositions courtes, vibrantes, peu conventionnelles. Je dois avouer que je n'y connais rien en musique classique, donc je préfère ne pas trop m'étendre pour ne pas raconter de bêtises — cet article me paraît bon et confirme des impressions que j'ai eues : http://www.classical-music.com/topic/alexander-scriabin.
Et si vous préférez les ensembles au piano seul, vous pouvez regarder et écouter son Prométhée, symphonie pour piano, orchestre, chœur et clavier à lumières (chaque note correspond à une couleur) ici. (Je préfère le piano seul pour ma part.)
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(* Je n'ai jamais écouté The Dance of the Moon & Sun de Natural Snow Buildings en entier malgré ses qualités à cause de ça — trop long et/ou trop larmoyant —, je n'ai toujours pas écouté Yanqui U.X.O. de Godspeed You Black Emperor pour la même raison. Only the Youngest Grave par contre, ça fait trois fois que je me le passe en l'espace de deux semaines, à chaque fois du début à la fin, avec beaucoup de plaisir.)
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Pousseur décrit ses Paysages comme composées en grande partie de « silence coloré », description qui me paraît tout à fait inexacte : ce n'est pas vide ni calme du tout ! C'est même un des disques de phonographies les plus « musicaux » que j'ai pu écouter. Ça bouge tout le temps. C'est une musique du monde total(e).
L'œuvre fut commandée par un architecte bruxellois pour une installation où elle ne fut jamais jouée au final. Le coffret CD comporte aussi « un copieux livret contenant entre autres la grande structure poétique homonyme et isomorphe de Michel Butor » ainsi que des illustrations ; j'aimerais l'avoir mais on ne le trouve que cher aujourd'hui…
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Plein de musiciens sont invités et j'imagine qu'ils ont pu prendre des drogues, allez savoir lesquelles. En tout cas, je ne connais pas d'autre disque qui ressemble à ça !
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Dix musiciens, voix, violons et violoncelle, un instrument fabriqué pour l'occasion à base de conduits d'aluminium… La première piste est frappante, chœur et instruments essaiment tous dans le sens d'une harmonie belle mais qui paraît « fausse » (ben oui, c'est microtonal). Sur la deuxième piste, le son devient plus lisse et dépouillé, c'est presque une anesthésie… c'est beau tant qu'on se laisse bercer par les sons, mais il suffit de porter un peu d'attention à cet environnement pour se rendre compte que ces nappes faussement calmes sont en réalité aussi mouvantes et dissonantes que précédemment. Enfin, la troisième piste débouche sur des sons de câbles, de machineries qui n'ont plus rien d'humain. Où nous a-t-on emportés ?
Ça ne dure que trente-neuf minutes, c'est peu pour un album que l'on pourrait classer dans le drone, mais c'est très loin du drone habituel (surtout le genre qu'on trouve sur Bandcamp), ne serait-ce que par le concept et le choix d'instruments.
(Et si vous voulez davantage de drones microtonaux, dans un style plus classique il y a aussi Sublimation de Dave Seidel qui est pas mal du tout.)
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Ah, et puis ça dure 73 minutes, hein. Pas tout à fait ce qu'on entend habituellement par « EP ».
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