dimanche 29 mars 2020

♪ 91 : Couleurs d'un printemps calme

Satoshi Ashikawa
Still Way
1982


Un album de compositions pour harpe, piano, flûte et vibraphone qui dégage une impression de fragilité, une atmosphère paisible et agréable, empreinte de mystère. Ces mélodies semblent tourner en boucles lentement et laissent toujours quelque chose en suspens, des petites tensions irrésolues dans les espaces entre les notes.

Ce très beau disque sera malheureusement le seul de l'artiste, qui mourra peu de temps après ; et Wave Notation, c'est la série d'albums qu'il avait commencé à publier, et qui n'en comptera donc que trois (les autres sont un album d'ambient signé Hiroshi Yoshimura et des interprétations de Satie par Satsuki Shibano).

Je vous conseille l'édition avec la piste bonus, “Wrinkle”, un peu moins aérienne et plus sombre que les autres — comme un réveil dans une réalité qui ne serait pas moins étrange que les rêves qui l'ont précédée.

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Carolina Eyck & American Contemporary Music Ensemble
Fantasias for Theremin and String Quartet
2016


La dernière fois que j'ai vu un thérémine en vrai, un c'était dans un musée : on pouvait l'essayer et il y avait un groupe de jeunes qui se marraient franchement en faisant des des wouuUUIIIOOOUuuuOOUIIIiiiu rigolos. J'ai attendu mon tour avant de faire moi aussi des ouIIIIIoouuWWwwiiOOUUU ridicules. Excellent instrument, y'a pas à dire.

Carolina Eyck en joue sérieusement ici, et ça me plaît beaucoup (1) que le son de l'instrument reste incongru et bizarroïde même quand il est maîtrisé et (2) que l'on laisse ce drôle d'oiseau prendre la place d'honneur ! Accompagné d'un quatuor à cordes sur des compositions élégantes, à l'étrangeté assumée, très évocatrices et très vivantes. Honnêtement j'adore, dommage que l'album soit si court (une demi-heure).

 ✧ Site officiel




Slayyyter
Slayyyter
2019


À l'époque où est sorti “Toxic” de Britney Spears, je n'avais pas voulu m'avouer que j'accrochais à ce tube. Pareil avec l'eurodance qui passait à la radio des années auparavant. C'était en partie du snobisme — envie d'affirmer mon style en écoutant des disques obscurs, inécoutables, « bonjour je suis nihiliste et j'écoute des trucs bizarres » (ce qui n'était pas faux, c'est toujours le cas, mais pourquoi se limiter à ça ? et pourquoi croire que les musiques plus difficiles seraient meilleures, ou plus respectables ?). C'était aussi en partie parce que j'avais vraiment du mal avec les musiques trop joyeuses, trop extraverties, surtout quand elles semblaient n'avoir aucun contrepoint et être un peu superficielles.

Cet album, c'est de l'électropop à la Britney Spears mais avec un petit peu de bubblegum bass en plus, elle enchaîne tube sur tube, tout est intense et cette fois je ne boude pas mon plaisir.




BRS (British Rhythm Services)
Spring Dom
2003


Si vous aimez la house funky avec du chant, cet EP est un petit bonbon : “Spring Dom” pour son chant qui me rappelle le trip hop à la Lamb, “Clubtronic” pour son vibrato sur les synthés (effet rétro que j'adore), “Miss You” pour son style nettement plus en retrait, presque évanescent, et pourtant carrément dansant. Trois pistes, trois réussites, rien à redire.




Stray
Chatterbox
2014


“Eazy Boy” m'est revenue dans la tête constamment ces derniers jours, elle m'obsède presque avec son atmosphère nocturne déformée dans tous les sens, cette basse qui pèse des tonnes, ces lumières éblouissantes, et surtout ce chant qui s'étire dans un psychédélisme à la limite du bad trip. Et le reste de l'EP vaut le coup aussi ! C'est du drum'n'bass / juke / footwork / ce genre de trucs.

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Taku Sugimoto, Masahiko Okura, Antoine Beuger et Toshiya Tsunoda interprétés par Rhodri Davies et Ko Ishikawa
Compositions for Harp and Sho
2006

Si vos oreilles sont aguerries aux musiques expérimentales les plus radicales, que vous pouvez vous enquiller un album entier d'onkyo et prendre au sérieux les compositions les plus osées du groupe Wandelweiser, je vous recommande ce disque sans hésitation.

… Si vous hésitez, je vous le recommande quand même — ces genres dépassent souvent mes limites, pas mal de disques d'onkyo « pur » m'ennuient (y compris certains de Sugimoto — et pareil pour plusieurs disques d'Antoine Beuger). Mais ce disque-là me plaît beaucoup, pour ses équilibres subtils toujours maintenus entre harmonies et dissonances, présences et absences, timbres agréables et stridents (d'ailleurs il n'y a pas que de la harpe et du sho ici, la piste 4 utilise un dispositif électronique qui fait penser à une série d'alarmes). On est à mi-chemin entre la musique de chambre intimiste et le test ORL, la délicatesse et la froideur. Cette musique a sa propre beauté et surtout son propre sens.




落差草原 WWWW (Prairie WWWW)
盤 (Pán)
2018

Ce sont les rythmes qui m'accrochent en premier sur ce disque — deux percussionnistes qui jouent dans un style « tribal », du genre qu'on pourrait entendre chez ˙O˙Rang ou dans certains projets ambient. Là-dessus, le groupe développe une musique psychédélique, proche du folk, expérimentale. Il y a une chanteuse et un chanteur, tout est chanté en mandarin (je crois — le groupe est taïwanais) et les sonorités de cette langue apportent aussi pas mal je trouve ! Cet album est censé évoquer une île imaginaire et je trouve qu'il y parvient.

 ✧ Bandcamp

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