vendredi 28 février 2020

♪ 90 : Intérieurs futuristes exotiques et madeleines aux légumes

The Exotica Album d'Øyvind Torvund est un petit album adorable d'exotica expérimentale interprétée par un ensemble de musique de chambre. Plutôt excentrique (il y a même un court passage de noise là-dedans !) mais toujours très agréable, mélodique et coloré, on sent que le compositeur aime vraiment ce genre au charme un peu désuet et tenait à lui rendre un bel hommage. C'est parfaitement réussi, ce disque me donne le sourire à chaque écoute.









Veggie
de Food est un album de jazz expérimental qui commence par des touches colorées, intrigantes, électriques, des textures inhabituelles — avant que tout cela prenne forme, des solos sur des arrière-plans mi-chaotiques mi-atmosphériques, puis se définisse de plus en plus selon les pistes. Qui ne se ressemblent d'ailleurs pas tant que ça, on a l'impression de changer de genre à chacune. J'y découvre de nouvelles choses à chaque écoute. C'est édité chez Rune Grammofon, à rapprocher de Supersilent entre autres ! Mais avec des teintes plus vives.





Urban Sax est un projet nettement plus orienté vers la scène que vers les albums studio. Costumes étranges, lieux prestigieux, « murs de saxophones » joués par des dizaines de musiciens… je n'ai pas eu la chance d'assister à un de leurs concerts mais j'aimerais bien, ça a l'air spectaculaire ! En attendant, leurs albums studio valent aussi le coup : j'ai écouté leur premier, sorti en 1977, et leur dernier, Inside, sorti en 2014 — c'est celui-là que je préfère, avec un son plus clair, plus défini, plus subtil. On pourrait s'attendre à une puissance massive avec un tel ensemble mais cette musique est toute en retenue, c'est un orchestre de saxophones (et chœurs, et xylophones, et…) quasi-ambient qui joue en teintes discrètes et peu communes — parfois mélancoliques ou exotiques, parfois plus proches de compositions classiques propices à la rêverie, une musique qui révèle beaucoup de détails au fil des écoutes. J'avais découvert ça il y a quelques mois déjà et aimé, je n'avais pas trouvé les mots pour le décrire, j'y reviens aujourd'hui et j'aime encore plus.





Collaboration réjouissante pour les fans d'industriel et de dark ambient : Grav, où l'on retrouve, en plus de Merzbow qu'on ne présente plus, Asmus Tietchens (artiste expérimental dont la plupart des disques évoluent entre lowercase et industriel, avec une ou deux incursions dans la synthpop et un ton entre le sérieux cadavérique et le pince-sans-rire) et Kim Cascone (artiste qui a exploré glitch, microsound, lowercase, ambient psychédélique… PGR est son projet dark ambient). Résultat : des formes de vies sonores monstrueuses mais fascinantes, psychédéliques, où l'on entend la patte de chaque artiste (l'un ou l'autre domine selon les moments). C'est sorti en 1991 chez Silent Records.





Coup de cœur pour Sci-Fi Hi Fi: 04 de Funk D'Void, un mix de tech house avec une montée cool, psychédélique, des tendances progressive house et deep house — et un peu de mélancolie, sous-jacente au début mais qui prend les devants juste quand le mix atteint son apogée : le DJ ralentit un peu le tempo, la mélodie reste la même mais le style se fait un peu plus grave et bifurque sur deux chansons d'amour nostalgiques au milieu de cette urbanité futuriste. La descente, même si elle reste dans un style similaire, a des teintes plus sombres, un son plus techno aussi — il y a un petit passage où ça stagne un peu, mais le reste est vraiment super !





Je suis toujours fan d'FKA twigs ; son premier album était un peu décevant par rapport à ses EPs, mais Magdalene est excellent ! On y retrouve le R&B étrange et sensuel qui m'avait séduite dès ses débuts (surtout sur “Fallen Alien”, un coup de cœur immédiat, la clé qui m'aura finalement fait aimer tout l'album), mais ce disque-là est plus art pop, plus romantique, une tendresse avec une pointe d'étrangeté, une beauté qui se révèle moins facilement. “Cellophane” par exemple m'avait laissée de marbre quand je l'ai entendue en single mais fait une finale parfaite.






… Et parmi les bonnes suites de 2019 que j'ai écoutées (je ne fais pas de top cette année, la flemme, mais j'ai quand même regardé vite fait et trouvé plein de trucs que j'adore), je recommande :

 le dernier Bat for Lashes, Lost Girls — résolument dance pop, le style qui lui va le mieux (avec une “Vultures” qui ressemble à un clin d'œil au “Lazarus” de Bowie !),

 Animated Violence Mild de Blanck Mass, qui reprend la formule jouissive de World Eater mais est plus égal en qualité (World Eater était d'enfer sur les trois premières pistes et pas mal ensuite, ici tout est très bon) — soit de l'électro-industriel dansant et accrocheur, aux couleurs fluo, avec un chant hurlé-découpé où le chaos laisse entendre ce que l'on veut,

 Analog Fluids of Sonic Black Holes de Moor Mother est peut-être encore meilleur que son Fetish Bones précédent, clairement à écouter si vous avez envie d'un hip hop vraiment expérimental, torturé et que vous avez trouvé There Existed an Addiction to Blood trop classique,

 No Geography des Chemical Brothers vaut le coup si vous aimez le groupe (sinon vous pouvez l'ignorer),

 Le meilleur titre pour un album de Mézigue, j'y reviendrai peut-être plus tard mais il est déjà clairement plus réussi que Votez Mézigue ; “Du son pour mes chaussures” est un tube dans son style house habituel, “Plus jamais le même” est un tube aussi dans un style très différent, plus sérieux et moins orienté dancefloor,

 … et d'autres que j'oublie (faudra que je réécoute le Kate Tempest et le Matmos entre autres) !

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