samedi 29 mars 2014

Mots (1)



I.

J’aime beaucoup le mot « zigouigoui ». On dirait qu’il a été inventé par un bébé ! Un mot avec des sonorités toutes mignonnes, et une définition qui laisse beaucoup de liberté : « zigouigoui » peut désigner n’importe quelle petite chose indéfinie, qu’il s’agisse d’un gribouillis, d’une forme entortillée ou d’une babiole… mais aussi — parce que la plupart des humains sont obsédés par le sexe — un sexe masculin, ou bien un sexe féminin selon les dictionnaires. C’est la seule chose que je n’aime pas trop à propos de ce mot, d’ailleurs : je préférerais qu’il s’en tienne au sens de « petit machin indéfini ».

II.
J’aime le mot « acétylène ». Je l’ai déjà dit dans un autre sujet ; indépendamment de ce qu’il désigne, je le trouve très élégant. J’aime bien « améthyste » aussi. Et « psychédélique » n’est pas mal non plus.

III.
J’aime bien tomber sur des mots inusités, notamment quand j’utilise un dictionnaire de synonymes. Par exemple, connaissiez-vous l’adjectif « cornecul » ? Ça veut dire « comique » ou « amusant ». Ça reste « cornecul » au féminin mais devient « corneculs » au pluriel. (Et puis j’aime utiliser de vieilles interjections rigolotes genre « cornegidouille » !)

IV. a)
Le mot « paradigme » m’énerve, parce que la moitié du temps, je ne comprends pas ce qu’il signifie. C’est un mot à la fois assez pointu et très flou ; non seulement il a plusieurs sens (et il n’est pas toujours évident de voir lequel est le bon), mais ces sens sont eux-mêmes souvent vagues et ambigus.

IV. b)
Il y a aussi des mots dont j’ai eu un mal fou à retenir la définition, sans que je sache pourquoi. Par exemple, « taciturne ». Je sais ce qu’il signifie aujourd’hui, mais mon cerveau a longtemps refusé obstinément d’en retenir la définition — j’ai dû m’y reprendre au moins une dizaine de fois pour la retenir, et je ne sais vraiment pas pourquoi ! Un bug, sans doute.

IV. c)
Dans le même genre, j’ai du mal à retenir le mot « lancinant », mais là je sais pourquoi : parce que je trouve que sa sonorité va à l’encontre de son sens. Je crois toujours à tort qu’une douleur lancinante, c’est la même chose qu’une douleur sourde.

V.
Le mot « théodicée » ébranle par sa seule existence tout un pan de la religion. Ou pas, selon vos croyances et votre point de vue. (« Une théodicée est une explication de l’apparente contradiction entre l’existence du mal et deux caractéristiques propres à Dieu : sa toute-puissance et sa bonté. »)

VI.
Les mots « hôte » et « plus » sont singulièrement mal foutus. A-t-on idée d’utiliser un même mot pour désigner une chose et son contraire ?! … Ce phénomène a un nom, d'ailleurs : ça s'appelle un contronyme.

VII.
Le mot « éponyme » est une sorte de faux ami : son sens est plus large en anglais qu’en français. Ainsi, en bon français, on ne peut pas parler de l’« album éponyme » d’un groupe. Mais je le fais quand même, parce que je trouve ça mieux comme ça. Et si assez de gens le font, la définition du mot finira par changer. Tavu kom chui tro 1 rebel dé mo de la société wesh.

VIII.
J’ai toujours trouvé que les mots « bœuf » et « vagin » sonnaient particulièrement mal.

IX.
Les anglicismes et le franglais m’agacent. Je les évite autant que possible. (À force de mélanger les langues, on finit par ne plus savoir en parler une seule correctement… a fortiori quand on utilise des mots d’une langue qu’on ne maîtrise pas.) J’utilise le verbe canadien « téléverser » au lieu d’« uploader ». Un canadianisme est-il préférable à un anglicisme ? J’ai tendance à penser que oui : au moins, le français du Canada, ça reste du français. (Je suis aussi une des rares personnes à aimer le mot « ludiciel » pour « jeu vidéo », même si je n’ai jamais encore osé l’utiliser.)

XI.
Il paraît que le mot « dépaysement » est intraduisible ! J’aime beaucoup les mots intraduisibles en général, parce qu’ils permettent de se rendre compte à quel point la langue façonne notre manière de penser. Ce sont des mots qui évoquent des concepts qu’on peut comprendre, mais qui nous échapp(ai)ent en partie, ou sur lesquels on ne s’était jamais arrêtés — tout simplement parce qu’on n’avait pas de mot pour. On trouve plein de listes de mots intraduisibles sur internet ; en voici une en français, parmi beaucoup d’autres.

XII.
L’expression « l’esprit de l’escalier » est aussi une spécificité de la langue française… mais je l’ai plus souvent rencontrée dans des listes de mots intraduisibles et dans la bouche d’anglophones qu’en français !

XIII.
Quand j’y pense, il y a beaucoup de mots que je rencontre assez souvent, qui ne m’arrêtent pas, mais dont je ne connais pas vraiment le sens. Des mots un peu soutenus mais qui ne servent que rarement à la compréhension, comme « décret » ou « confédération ». J’ai une vague idée de leur sens, mais je serais incapable d’en donner une définition précise. Peut-être même qu’il y a des mots comme ça dont je ne connais pas du tout le sens, et qui passent inaperçus parce qu’ils ne m’ont jamais paru importants… là par contre, je n’ai pas d’exemple à donner. Ce qui est logique, vous me direz.

XIV. a)
J’aime bien inventer des mots aussi, comme « nimoïstique », « anamerise » ou « cirténeuse ». Ces mots n’ont pas de définition, ou du moins pas encore. D’un certain point de vue, les mots qu’on invente sans raison comme ça sont des œuvres d’art par leur inutilité.

XIV. b)
Il y a un mot que j’ai inventé et que j’utilise, c’est « géniul » (géniulle au féminin). « Géniul » = « tellement nul que ça en devient génial ».

XIV. c)
Un jour, un(e) scientifique utilisera le mot « épichiastique ». Ou peut-être pas. Mais je pense que ça pourrait arriver. Et cette personne en connaîtra sans doute le sens, qui m’échappe pour le moment parce que je ne l’ai pas cherché.

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