
De 2011 à 2015 se déroula le projet flussaufwärtstreiben : cinq jours par an, six musiciens se promenèrent le long d'un affluent du Danube. Ils écoutèrent les sons environnants, chacun s'intallait à un endroit donné pour y jouer de son instrument ou un enregistrement donné. Ce qui forma le matériau de base de Nature Denatured and Found Again, quintuple album où chaque disque se base sur une année du projet et un concept, le tout se voulant (entre autres) une illustration des changements dans notre environnement.
C'est la nature qui tient le rôle principal ici, les instruments n'étant qu'un élément presque secondaire ; il y a même deux disques dont ils sont complètement absents. Mais le traitement des enregistrements, avec coupures, superpositions, juxtapositions, donne à chaque piste un caractère distinct. Plusieurs instruments utilisent aussi des drones ou autres ondes sinusoïdales, ce qui donne un aspect clinique / analytique. En fait, Nature Denatured and Found Again traite autant de notre environnement que de notre manière de l'écouter… Je vous conseille de suivre la musique avec le livret, qui explique le projet et chaque piste en détail ! Cerise sur le gâteau, toutes ces musiques peuvent s'écouter normalement ou simultanément, il y a plein de configurations possibles.
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Le collectif Wandelweiser (où l'on retrouve donc Michael Pisaro, Jürg Frey, Manfred Werder, Radu Malfatti et pas mal d'autres) est connu pour ses compositions expérimentales très minimalistes, avec beaucoup de silence, souvent conceptuelles. C'est du « réductionnisme », genre dont je n'ai entendu parler qu'étonnamment tard alors que ça fait des décennies que j'aime le lowercase ! Disons que c'est l'étape suivante après Morton Feldman et Jakob Ullmann (que j'aime beaucoup), et une alternative aux compositions numérotées de John Cage (auxquelles je n'accroche pas pour le moment).
Wandelweiser und so weiter est un gros coffret de six disques dans lequel j'aime bien piocher un peu au hasard, comme dans le méga-coffret Improvised Music from Japan. Drones, notes éparses, dissonances, silences, c'est souvent étonnamment simple tout en étant résolument inhabituel. Certaines pistes me laissent de marbre (“‘t’ aus ‘etwas (lied)’” par exemple, une des pistes les plus « foutage de gueule » de toute ma musicothèque… ce qui n'est pas peu dire). Mais beaucoup d'autres sont légères, intrigantes et très agréables. Undertows par exemple, le cinquième disque, est vraiment beau.
Vous pouvez aussi lire cet article signé Michael Pisaro, où il décrit un peu le collectif. Cet article du New Yorker (en anglais) en parle aussi (attention, le nombre de visites sur le site est limité).
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Demain, je regarderai un dessin animé à la Ghibli plutôt ! Si vous avez des recommandations, je prends.
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Allez voir en passant les pochettes du label (Klakson), j'aime beaucoup l'idée — à chaque fois une photo en noir et blanc d'une scène de la vie quotidienne où le titre du disque est inclus « en vrai » !
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