

J'aime aussi beaucoup 廠 (« usine »), du même artiste, qui présente un monde industriel qui tombe en ruines, un environnement mécanique rouillé où la nature s'immisce… Il y a des improvisations in situ avec les machines, qu'on frotte, qui tournent, qui grondent, qui mugissent, qui rugissent — qui paraissent autrement vivantes que quand elles tournent, en fait. C'est très spatial, dynamique, puissant. Et l'idée et les sonorités me parlent.
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Un coup de cœur ou trois : l'EP Focus Now, c'est nettement de la house, taillée pour les pistes de danse, de très bon niveau, avec du chant classique (pas des voix samplées) sur la troisième piste. Son mix pour DJ-Kicks* suit les mêmes lignes, un son toujours dansant, fluide et « humain », très réussi. Comfort, son premier LP, s'éloigne un peu de la danse pour se focaliser sur les chansons, avec des éléments trip hop voire R&B ; c'est un album au cœur lourd, un peu trop à mon goût par moments, mais avec de belles pépites. Ce sont les deux disques précédents que je préfère, mais dans tous les cas, j'aime beaucoup son style !
* À noter en passant que si vous le prenez chez le label, vous avez toutes les pistes originales non mixées en bonus.
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Et je vous conseille d'aller voir sur site web qui est excellent, on n'en fait plus des comme ça : http://www.bodenstandig.de
* L'un des deux maintient également une page sur le jeu vidéo Marble Madness, et a bricolé une trottinette à joystick nommée d'après un langage de programmation des années 1940 (qui a sa propre piste et son propre clip de présentation).
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Ses dernières sorties sont de petits EPs numérotés avec une couleur chacun, j'ai pris le n° 8 presque à l'aveugle parce que c'est la couleur que je préfère, et j'ai pris le mini-album Utrecht aussi, les deux sont très bons!
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— Bah, c'était sympa quand j'avais quinze ans…
— Ouais pareil, j'ai pas réécouté depuis.
Si Nitzer Ebb et Front 242 (entre autres) ont rendu les sons industriels dansants et que Nine Inch Nails en a fait du rock accessible au plus grand nombre, que dire de KMFDM ? C'est l'artillerie lourde décadente, la dérive ultra-hédoniste, aussi subtile qu'un tank bardé de gyrophares dans une parade (avec un G.I. Joe ou une Barbie qui chevauche le canon, allez, autant y aller à fond).
Le leader du groupe, Sascha Konietzko, a dit qu'il n'était pas fan de metal dans son ensemble, mais qu'il aimait emprunter des riffs au genre et les monter en boucle pour les entendre plein de fois. Donc le son du groupe, c'est des riffs de guitares omniprésents qui se disputent le devant de la scène avec les beats aussi dansants que brutaux et un chant conçu pour galvaniser les foules : tension, distortion, testostérone, et des chœurs à tous les refrains. Pas subtil mais efficace !
Et non seulement c'est fun, mais il faut être honnête, c'est bien fait — sur les dix pistes de Nihil, rien à jeter, elles ont toutes quelque chose d'accrocheur. Quand ce n'est pas furieux, c'est dansant ou tendu, aucune baisse de régime et c'est moins monocorde qu'on pourrait imaginer*. Rien qui pourrait faire aimer le groupe à qui n'en aime pas le concept, mais ça explique amplement le fait d'aimer même après l'adolescence !
* D'ailleurs j'ai écouté deux autres de leurs albums, et ils ont des styles différents : Opium, leur tout premier, est étonnamment industriel, et leur album de 1997 (dont je ne pourrai taper le titre que quand j'aurai mis à jour mon système vers une version plus récente qui me permettra de taper des emoji) est plus électronique. Ils sont bien aussi, mais Nihil est meilleur.
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